Terrorisme

Selon des analystes, l'intervention iranienne en Syrie favorise le sectarisme et l'extrémisme

Par Waleed Abu al-Khair au Caire

Des partisans du Hezbollah à Tyr pleurent la mort de Hashem Amin, tué en Syrie en 2015. Le groupe combat en Syrie, soutenant le régime de Bachar el-Assad. [Photo fournie par Mustapha Darwich]

Des partisans du Hezbollah à Tyr pleurent la mort de Hashem Amin, tué en Syrie en 2015. Le groupe combat en Syrie, soutenant le régime de Bachar el-Assad. [Photo fournie par Mustapha Darwich]

Le soutien de l'Iran au régime syrien a déchaîné un sectarisme sans précédent et a facilité la propagation d'idéologies et de groupes extrémistes, qui ont trouvé refuge dans les territoires syriens, ont expliqué des analystes à Al-Shorfa.

Le terrorisme que l'Iran a alimenté en Syrie se répand également dans les pays voisins et dans le monde, les activistes cherchant de nouvelles cibles potentielles, ont-ils expliqué.

Il est impossible de minimiser l'impact de l'intervention iranienne et de ses milices affiliées, emmenées par le Hezbollah, sur le sectarisme, a déclaré Luay al-Meqdad, figure de l'opposition, directeur de l'organisation syrienne Masarat et ancien membre de la Coalition nationale syrienne.

« Le régime iranien et ses milices ont utilisé l'arme du sectarisme pour mobiliser les gens et les envoyer sur les champs de bataille de leur choix », a-t-il indiqué à Al-Shorfa.

Al-Meqdad, par ailleurs ancien porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL), a déclaré que l'objectif sous-tendant cet engagement iranien est d'imposer son influence dans la région, ou tout du moins d'utiliser sa présence en Syrie « comme moyen d'obtenir des gains sur d'autres questions en temps voulu ».

« Il est certain que l'intervention iranienne et les milices implantées en Syrie par Téhéran ont rallongé la durée de vie du régime de Bachar el-Assad », a-t-il déclaré, ajoutant que l'accord entre les dirigeants iraniens et el-Assad quant à « la façon dont la bataille doit être menée a créé cet état de terrorisme en Syrie et dans la région ».

Hezbollah : l'outil de l'Iran

« Parler de l'intervention de l'Iran et du Hezbollah en Syrie ne peut que se faire de manière conjointe, car le Hezbollah n'est qu'un outil au service des autorités iraniennes », a déclaré à Al-Shorfa le journaliste irakien Dawood al-Basri.

Ainsi, toute discussion portant sur l'ingérence iranienne doit commencer par l'acceptation de sa nature régionale, affectant l'Irak, la Syrie et le Liban en particulier, a-t-il précisé.

« Après sa prolifération dans la région, l'Iran a propagé l'extrémisme sectaire, qui a renforcé la diffusion d'idées terroristes extrémistes dans le camp adverse, provoquant l'embrasement de la région par suite de tensions sectaires sans précédent », a-t-il expliqué.

Pour Dawood, la nature du conflit syrien a changé après que l'Iran eut envoyé le Hezbollah et d'autres milices en Syrie pour participer à des opérations militaires, « et des groupes terroristes comme al-Qaïda et 'l'État islamique en Irak et au Levant' (EIIL) en sont devenus des acteurs principaux ».

L'Iran intervient en Syrie depuis 2011, et non deux ans après comme le prétendent les médias iraniens, a expliqué Abdul Nabi Bakkar, politologue et professeur à la faculté de charia et de droit de l'université d'Al-Azhar.

Cette vérité a été révélée lorsque le groupe a perdu un grand nombre d'éléments durant les premiers affrontements en 2011 et 2012, a-t-il déclaré à Al-Shorfa.

Plutôt que de favoriser un climat apaisé favorable au dialogue politique, « la Syrie s'est transformée en un gigantesque champ de bataille et les Syriens connaissent aujourd'hui la mort et les déplacements de population depuis plus de cinq ans », a-t-il déploré.

Propagation du terrorisme

De plus, en raison de l'intervention de l'Iran en Syrie, le conflit a pris une dimension internationale après la création de plusieurs bases armées extrémistes dans diverses régions du pays, a-t-il ajouté.

Les dégâts causés par les interventions de l'Iran ne sont pas limités à la Syrie, a déclaré Bakkar, mais se sont étendus à tout le Moyen-Orient, ainsi qu'au reste du monde.

Il a précisé que des groupes extrémistes en Syrie, y compris ceux affiliés à l'EIIL et au Hezbollah, disposent maintenant de leurs propres zones pour entraîner des activistes, ce qui a élargi le terrain du conflit et en a prolongé la durée.

« Si nous comparons la carte du terrorisme dans le monde avant le début de la guerre en Syrie en 2011 et maintenant, nous constatons une augmentation de la prolifération du terrorisme en Syrie. Il n'est donc pas possible d'éradiquer le terrorisme, même partiellement, sans mettre d'abord fin à l'intervention iranienne en Syrie et dans la région », a-t-il conclu.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500