Religion

Les Irakiens saluent la prochaine visite historique du Pape

Khalid al-Taie et AFP

Le Pape François rencontre le président irakien Barham Saleh au Vatican le 25 janvier. [Photo fournie par le bureau des médias de la présidence de la République d'Irak]

Le Pape François rencontre le président irakien Barham Saleh au Vatican le 25 janvier. [Photo fournie par le bureau des médias de la présidence de la République d'Irak]

Les Irakiens ont salué l'annonce faite lundi 7 décembre par le Vatican indiquant que le Pape François effectuera la toute première visite papale en Irak début mars.

Beaucoup espèrent que cette visite historique aidera le pays à guérir après des années de guerre et de violence.

Ce sera le premier voyage à l'étranger du Souverain Pontife depuis plus d'un an, après que le Vatican eut annulé toutes les visites prévues à l'étranger pour cette année en raison du nouveau coronavirus (COVID-19).

Le Pape François a été officiellement invité en Irak en 2019 par le président Barham Saleh, mais tous les voyages du souverain pontife ont été annulés en juin à cause de la pandémie.

Des chrétiennes irakiennes assistent à une messe de l'archéparchie syriaque de Mossoul le 16 octobre. [Photo fournie par l'archeparchie syriaque de Mossoul]

Des chrétiennes irakiennes assistent à une messe de l'archéparchie syriaque de Mossoul le 16 octobre. [Photo fournie par l'archeparchie syriaque de Mossoul]

L'itinéraire comprend des déplacements à Bagdad, dans la ville méridionale d'Ur, où Abraham serait né, et sur les terres chrétiennes de la province de Ninive.

« L'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) a pris le contrôle des plaines de Ninive en 2014, déplaçant des centaines de milliers de chrétiens qui craignaient d'être exécutés ou convertis de force par les combattants extrémistes.

Ce sera le premier déplacement du Pape à l'étranger depuis que l'épidémie a frappé l'Italie, et l'Irak est la destination idéale, a affirmé Louis Sako, patriarche de l'Église catholique chaldéenne d'Irak.

« Visiter Ur, c'est rendre visite à Abraham, le père de tous les croyants. C'est un pèlerinage, un pèlerinage vers une famille abrahamique qui devrait rassembler les gens et non les déchirer », a déclaré Sako.

« C'est unique à l'Irak ; le Pape ne peut pas faire cela ailleurs. »

La visite du Pape « représentera un message clair de soutien aux Irakiens de toutes affiliations qui confirme l'aspiration commune de l'humanité à la paix et à la tolérance et le rejet de l'extrémisme », a déclaré le président irakien Barham Saleh dans un message diffusé mardi sur les réseaux sociaux.

Le ministère irakien des Affaires étrangères a également salué cette visite dans une déclaration du 7 décembre.

« Ce sera un message de paix pour l'Irak et l'ensemble de la région, affirmant la position humanitaire commune face à l'extrémisme et aux conflits, et renforçant la diversité et la tolérance », a-t-il poursuivi.

« Une grande joie »

« Nous avons reçu la nouvelle de la visite avec une grande joie ; cette visite bénie est saluée par les Irakiens de toutes les affiliations », a fait savoir à Diyaruna le député irakien Yonadam Kanna, qui dirige le bloc parlementaire chrétien Rafidain.

« Sa Sainteté le pape François attend depuis longtemps de visiter les villes historiques d'Irak, comme Ur », a-t-il déclaré, ajoutant que le pontife a toujours prié pour que la paix règne dans le pays.

Cette visite aura un impact positif sur la société irakienne, en renforçant l'amitié et la réconciliation sociale, a-t-il affirmé. Elle permettra également de faire comprendre au monde que « l'Irak n'est pas un lieu d'extrémisme et de terrorisme, mais plutôt d'ouverture et de paix ».

La messe du matin à Karemlash, un village irakien autrefois tenu par l'EIIS, est en général plutôt morose. Mais cette semaine, les paroissiens âgés se sont réjouis de la visite du pape François l'année prochaine.

« Nous sommes tous très heureux. Nous l'attendions depuis si longtemps », a déclaré Adiba Henna, 45 ans, en souriant dans l'air froid après un service de prière à l'église chaldéenne Saint-Adday, dans les hautes terres de Ninive, dans le nord de l'Irak.

« Chaque fois qu'il visite un pays, nous nous demandons pourquoi il ne vient pas en Irak. N'y a-t-il pas de chrétiens en Irak ? C'est la plus grande et la plus belle chose qu'il puisse faire. »

Les chrétiens encouragés à revenir chez eux

Duraid Hikmat Tobia, directeur du département de l'agriculture de Ninive, a exprimé l'espoir que la visite du pape encouragera les résidents chrétiens à revenir.

« Nous espérons que ce sera un geste qui rassurera les familles chrétiennes déplacées par le terrorisme à retourner chez elles », a-t-il confié à Diyaruna.

De nombreux chrétiens ont encore peur de rentrer, malgré la stabilité de la situation sécuritaire, a-t-il rapporté, citant l'exemple de la ville de Mossoul, dont la population chrétienne est passée de 3 000 familles à quelques dizaines.

L'Irak comptait autrefois environ 1,5 million de chrétiens, mais la communauté a été ravagée par les conflits, et l'on estime à 400 000 le nombre de chrétiens encore présents dans le pays.

« La visite du Pape peut revitaliser et renforcer la solidarité sociale entre tous les groupes ethniques irakiens, qui a été une caractéristique de notre pays à travers les âges », a déclaré Tobia.

Ces visites de personnalités importantes ou de chefs d'État peuvent « ouvrir de vastes perspectives de prospérité », a-t-il affirmé, ce qui est extrêmement important pour l'Irak, qui cherche à tourner la page du terrorisme et à reconstruire son économie en attirant les investissements.

« C'est un geste aimable du Pape pour attirer l'attention du monde sur notre pays », a déclaré à Diyaruna l'activiste chrétienne Rami Hanna Kroumi. « Cela reflète l'intérêt que porte Sa Sainteté à l'histoire et à la culture de l'Irak, et ses prières pour que le pays se remette du fardeau des guerres et du terrorisme. »

« Cette visite est une invitation aux chrétiens restants en Irak à persévérer et à rester dans leur pays, à participer à la renaissance de son identité culturelle et de sa pluralité, et à l'enrichir de contributions intellectuelles, scientifiques et culturelles », a-t-il conclu.

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