Un nouveau parti politique libanais cherche à utiliser l'élan acquis par les manifestations en cours pour faire avancer l'économie, établir la justice sociale et un État qui soit, à lui seul, en mesure de protéger ses frontières et son peuple.
De nouvelles formations politiques ont vu le jour depuis que des citoyens libanais de tous les horizons politiques sont descendus dans la rue en octobre dernier pour exiger la fin du système corrompu et de la domination du Hezbollah.
Taqaddom (Progrès) se décrit comme un parti démocratique progressiste œuvrant pour la justice sociale et le développement durable. Établi comme plateforme politique non idéologique par des militants, il cherche à rassembler différentes factions.
C'est un type de parti politique libanais différent, « parce qu'il applique la démocratie à ses propres processus », a expliqué Marc Daou, cofondateur du parti, à Al-Mashareq.
Ce parti a été créé pour encourager à « l'engagement dans le travail institutionnel, au-delà de la contestation dans les rues, en construisant une organisation politique capable de rivaliser avec les forces politiques qui contrôlent l'État », a-t-il déclaré.
En outre, Taqaddom constitue « une véritable force politique populaire capable de lutter contre la présence illégale d'armes », a-t-il affirmé.
Le Hezbollah soutenu par l'Iran est le seul groupe armé non étatique libanais à ne pas avoir déposé les armes après la guerre civile de 1975-1990.
Des appels répétés ont été lancés pour le désarmement de la milice et pour qu'elle se désengage des conflits étrangers comme la guerre en Syrie, où elle se bat aux côtés du régime syrien en violation de la politique de dissociation du Liban.
L'énergie des militants, ainsi que les événements nationaux et régionaux, « présentent une réelle opportunité pour apporter de sérieux changements dans le système libanais et tenir les autorités en place responsables », a déclaré Daou.
Les Libanais ont payé le prix
« La création de partis et de blocs politiques pour garantir que des idées et des initiatives nouvelles et alternatives soient mises en avant fait partie de la vraie vie politique démocratique », a affirmé la journaliste Diana Moukalled, qui vit à Beyrouth.
Depuis la fin de la guerre civile, la vie politique libanaise se limite aux puissants partis au pouvoir, a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.
« Le peuple libanais a payé un lourd tribut à cause de l'échec total de l'expérience d'après-guerre et de la structure politique qui repose sur les quotas, le clientélisme, et bien sûr les armes », a-t-elle ajouté.
« L'enrichissement de la vie politique civile prend diverses formes, notamment le lancement de groupes et de formations politiques qui proposent des programmes, font participer les gens et tentent de mettre en avant des initiatives et des solutions », a poursuivi Moukalled.
Les séances de discussion et de dialogue qui ont eu lieu quotidiennement sur les places de manifestation ont facilité la formation de mouvements politiques, « car ils ont été un exutoire pour de nombreuses personnes qui ont écouté, débattu et avancé des idées », a-t-elle rapporté.
Le temps est venu d'organiser le mouvement de contestation pour faciliter l'action, a-t-elle ajouté, « et ainsi amener des visages et des dirigeants différents avec [une façon] de penser prometteuse ».
Les nouvelles entités politiques peuvent constituer une base importante pour apporter des changements à long terme, a expliqué à Al-Mashareq Sana Hammoudi, professeur de sciences politiques à l'Université arabe de Beyrouth.
Mais elle a prévenu qu'un « parti nouvellement établi qui propose de nouvelles idées ne peut pas provoquer un changement rapide du statu quo au Liban ».
Mettre en place des réformes et combattre la corruption au Liban nécessite « une pression énorme que [les militants] n'ont pas à l'heure actuelle », a-t-elle déclaré, attribuant cela au sectarisme dominant que les personnes au pouvoir exploitent.