Économie

La crise du carburant se poursuit et les Houthis ferment l'aéroport de Sanaa

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Les Houthis ont transformé les zones sous leur contrôle en marché noir, où les produits dérivés du pétrole se vendent en abondance dans la rue, mais sont introuvables dans les stations d'essence officielles, comme on peut le voir sur cette photo prise le 11 septembre dans la ville de Yarim, dans la province d'Ibb. [Haitham Mohammed/Al-Mashareq]

Les Houthis ont transformé les zones sous leur contrôle en marché noir, où les produits dérivés du pétrole se vendent en abondance dans la rue, mais sont introuvables dans les stations d'essence officielles, comme on peut le voir sur cette photo prise le 11 septembre dans la ville de Yarim, dans la province d'Ibb. [Haitham Mohammed/Al-Mashareq]

Le gouvernement yéménite a dénoncé la récente décision des Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran de fermer l'aéroport de Sanaa aux vols humanitaires des Nations unies, affirmant que cela augmentera la souffrance du peuple yéménite.

Les Houthis ont annoncé cette fermeture dimanche 6 septembre, affirmant qu'elle avait été rendue nécessaire par une pénurie de carburant, accusant le gouvernement et la coalition arabe d'empêcher l'entrée de carburant par le port d'al-Hodeidah.

Mais les médias locaux ont noté que les Houthis avaient rejeté le 31 août une nouvelle initiative présentée le 26 août par le gouvernement yéménite, qui proposait une solution à l'impasse qui a engendré la crise du carburant.

Le gouvernement a proposé de résoudre la crise de la pénurie de carburant dans les zones contrôlées par les Houthis en reprenant les arrivées de cargaisons de carburant par le port d'al-Hodeidah, sous réserve de certaines conditions.

Le pétrole est vendu en abondance au marché noir dans les zones contrôlées par les Houthis, comme le montre cette photo prise le 11 septembre dans la ville de Yarim, dans la province d'Ibb. [Haitham Mohammed/Al-Mashareq]

Le pétrole est vendu en abondance au marché noir dans les zones contrôlées par les Houthis, comme le montre cette photo prise le 11 septembre dans la ville de Yarim, dans la province d'Ibb. [Haitham Mohammed/Al-Mashareq]

Ces conditions comprenaient une promesse que toutes les recettes de ces transactions (droits de douane, taxes ou redevances) soient déposées sur un compte spécialement désigné et non contrôlé par les Houthis, a indiqué le ministère des Affaires étrangères le 30 août.

Les Houthis ont rejeté ces conditions et ont demandé aux Nations unies de leur permettre d'importer du carburant sans aucune restriction.

Accusations de chantage

Le gouvernement a déjà accusé les Houthis d'enfreindre le mécanisme convenu avec l'ONU en retirant plus de 40 milliards de riyals (160 millions de dollars) de revenus du carburant de la succursale de la banque centrale à al-Hodeidah.

Ces fonds avaient été placés sur un compte spécial créé spécialement pour le versement des salaires du secteur public partout au Yémen.

« L'objectif de la décision de fermer l'aéroport de Sanaa est de faire du chantage à la communauté internationale et aux Nations unies sous prétexte d'une pénurie de carburant », a expliqué Najeeb Ghallab, sous-secrétaire du ministère de l'Information, dans un communiqué.

L'objectif des Houthis est de faire des profits en « important des dérivés de pétrole et en empochant les recettes fiscales et douanières générées », a-t-il fait savoir, notant qu'en pleine crise du carburant la milice a profité du commerce du pétrole sur le marché noir dans les zones qu'elle contrôle.

« Les Houthis, avec le soutien de l'Iran, utilisent la souffrance humaine et la crise des dérivés de pétrole pour obtenir des gains politiques et financiers », a affirmé le vice-ministre des Droits de l'homme Nabil Abdoul Hafeez à Al-Mashareq.

L'Iran « contrôle tous les aspects de la crise au Yémen, y compris la fabrication de la crise des dérivés de pétrole », a-t-il déclaré, ajoutant que cela a incité les Houthis à rejeter les ouvertures du gouvernement yéménite.

Les Houthis exploitent la souffrance humaine et les scènes de longues files de voitures dans les stations-service pour « faire pression sur la communauté internationale afin qu'elle autorise l'entrée de ses camions-citernes pour empocher les redevances perçues sur ces cargaisons », a-t-il déclaré.

Ils cherchent également à contrôler la distribution du pétrole provenant de ces cargaisons, en en donnant une petite partie aux stations-service tout en détournant le reste vers le marché noir, a déclaré Abdoul Hafeez.

Les Houthis manipulent la situation

« Les Houthis ont violé l'accord concernant la collecte des revenus et ont retiré l'argent du compte bancaire spécial à la succursale de la banque centrale à al-Hodeidah », a rapporté l'économiste Abdoul Aziz Thabet à Al-Mashareq.

« Le gouvernement yéménite a occasionnellement autorisé des pétroliers à entrer dans le port d'al-Hodeidah lorsque la crise atteignait son point culminant », a-t-il déclaré.

« Cela a donné à l'envoyé des Nations unies au Yémen l'occasion de négocier avec les Houthis un accord sur les dérivés de pétrole et les recettes fiscales qui en découlent, en vertu duquel elles sont affectées au paiement des salaires, mais en vain », a continué Thabet.

Les Houthis ont transformé Sanaa en marché noir, où les produits dérivés du pétrole sont disponibles à la vente en abondance dans la rue, mais pas dans les stations d'essence officielles, ce qui a généré d'énormes profits pour la milice, a-t-il poursuivi.

Les Houthis refusent l'entrée de toute cargaison de pétrole, « sauf par le port d'al-Hodeidah, et seulement celles qui sont importées par leurs négociants, car ils en tirent des recettes fiscales, et certaines viennent d'Iran », a-t-il indiqué.

Pendant ce temps, dans les zones contrôlées par les Houthis, les prix des denrées alimentaires de base « ont augmenté de façon spectaculaire, parce qu'ils sont liés aux prix des dérivés de pétrole », a fait savoir l'analyste politique Faisal Ahmed à Al-Mashareq.

Cela a également accru la pression sur les petites entreprises qui dirigent le marché local, car les coûts de production ont augmenté en raison des redevances imposées par les Houthis, dont une grande partie sert à financer leur effort de guerre, a-t-il déclaré.

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