La « cyber armée » du Hezbollah libanais est devenue de plus en plus active ces dernières années.
Les experts qui se sont entretenus avec Al-Mashareq ont indiqué que cette « armée » maintient la région dans un état de tension permanente en diffusant de fausses informations qui servent le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien.
Ils l’ont décrite comme « une menace qui doit être éliminée ».
Le 2 août, le journal britannique The Telegraph a publié un article sur cette cyber armée, révélant que des Arabes recevaient une formation intensive à Beyrouth et revenaient dans leurs pays d'origine pour accomplir des tâches pour le compte du Hezbollah.
Dans les sessions de formation, qui se déroulent depuis 2012, les stagiaires apprennent à utiliser des photos numériques et un grand nombre de comptes de réseaux sociaux, à créer des vidéos et à éviter la censure sur Facebook, a fait savoir l’article.
Mazen Zaki, directeur des nouveaux médias au Centre Ibn al-Waleed d’études et de recherche sur le terrain d’Égypte, a précisé que l’article du Telegraph était exact, ajoutant qu’il révèle que des citoyens de divers pays, notamment l’Irak, la Syrie et l’Arabie saoudite, sont formés par la cyber armée du Hezbollah.
Zaki a expliqué que cela représente un danger, car les attaques coordonnées de la cyber armée sont « efficaces et difficiles à remonter rapidement ».
Les groupes tels que la cyber armée du Hezbollah ont des objectifs spécifiques, a-t-il fait savoir. Ils inondent les réseaux sociaux et répandent de fausses informations qui soutiennent la milice libanaise et ses alliés.
Le soutien au Hezbollah est clairement visible sur Internet avant, pendant, et après chaque discours de Hassan Nasrallah, le dirigeant du groupe, a-t-il ajouté.
Des éléments et des bots du Hezbollah soutiennent le programme
Zaki a indiqué que les messages affiliées au Hezbollah sur Internet cherchent à orienter l’opinion publique et à cacher les informations réelles qui ne correspondent pas aux plans du groupe.
« La cyber armée du Hezbollah dissémine de fausses informations, mais les soutient également grâce à des photos et des vidéos manipulées qui circulent sur les réseaux sociaux, et malheureusement certains lecteurs et journalistes ne les vérifient pas et prennent ça pour de vraies informations », a-t-il rapporté.
Mohammed Jamal, expert en réseaux sociaux et en promotion sur internet, a déclaré à Al-Mashareq que le Hezbollah consacre beaucoup d’efforts aux opérations sur Internet et aux applications de messagerie, se concentrant sur Twitter, Facebook, Instagram et WhatsApp.
La promotion se fait en deux phases sur les réseaux sociaux, a-t-il expliqué. D’abord, des éléments du Hezbollah lancent une campagne avec beaucoup de tweets spécifiques, puis des bots font la promotion de ce discours.
Un bot est un type de logiciel qui peut être programmé pour agir de façon autonome sur les réseaux sociaux et qui imite les actions d’une personne réelle.
Jamal a indiqué que les campagnes se font assez rapidement, parfois trop pour que le personnel d’administration des réseaux sociaux puissent intervenir ou les arrêter. Certains réseaux finissent par fermer de faux comptes et cachent leurs messages.
Une cyber-bataille s’impose
« Le Hezbollah utilise sa cyber armée pour faire avancer le programme du CGRI en diffusant ses idées politiques et religieuses », a déclaré à Al-Mashareq Hassan Afifi, professeur à la faculté des médias de l’université du Caire.
« Au départ, le CGRI imprimait ses brochures et ses journaux, puis il est passé aux cassettes et aux bandes vidéo. Puis est arrivée l’ère d'Internet, avec ses salons de discussion, ses blogs, sa télévision par satellite et ses réseaux sociaux », a poursuivi Afifi.
Même le ministre iranien des Affaires étrangères, ,Javad Zarif, s’est retrouvé récemment sous le feu des projecteurs après que des experts ont déclaré qu’un grand nombre de ses abonnés sur Twitter étaient en fait des bots.
Une grande structure moderne de réseaux Internet doit être créée et gérée par des journalistes et des experts en nouveaux médias pour contrer les efforts du Hezbollah et du CGRI, a affirmé Afifi.
« Une cyber bataille n’est pas moins importante qu’une bataille militaire. Certains la considèrent même comme plus importante, car elle consiste à contrer la manipulation des esprits. »
Des efforts doivent être entrepris pour contrer la cyber armée du Hezbollah pour arrêter les graves effets de la propagande et de la désinformation sur internet, a conclu Afifi.