Une série d’explosions et d’incendies suspects en Iran fait les gros titres de la presse depuis plusieurs semaines.
Cette série d’explosions a culminé avec l’explosion survenue le 2 juillet dans la centrale nucléaire de Natanz. Cet incident a été suivi de plusieurs autres dans le pays, pointant de plus en plus vers de possibles actes de sabotage.
Le service perse de la BBC, que les autorités iraniennes considèrent comme hostile, a expliqué avoir reçu un communiqué « quelques heures avant » l’incident de Natanz d’un groupe baptisé « les Guépards de la Patrie » revendiquant ces explosions.
Ils affirment être des « dissidents au sein de l’appareil sécuritaire iranien » et ont expliqué que le site avait été pris pour cible parce qu’il n’était pas caché et que donc l’attaque ne saurait être réfutée.
Des explosions secouent des sites militaires et nucléaires
Le 25 juin, quelques jours avant l’incident de Natanz, une forte explosion avait été signalée à Khojir, près de Téhéran. La lueur de l’explosion avait illuminé le ciel et avait pu être aperçue à des kilomètres à la ronde.
Les autorités iraniennes avaient alors parlé d’une explosion dans un réservoir de gaz naturel pour expliquer cette explosion, dont ils disent qu’elle s’est produite dans un quartier résidentiel. Mais plusieurs sites d’informations crédibles avaient expliqué que cette explosion était en fait survenue dans un site de production de missiles.
Fin juin également, une explosion s’est produite dans la centrale électrique de Shiraz, provoquant des coupures de courant dans la moitié de la ville. Le 29 juin, une explosion a été signalée dans le grand complexe militaire de Parchin, proche de Téhéran.
Le 4 juillet, une partie de la centrale électrique de la ville d’Ahvaz, dans le sud du pays, a explosé et mi-juillet, les médias ont fait état d’une explosion dans la centrale pétrochimique de Tondgooyan, dans le sud de l’Iran, et d’une autre dans un complexe industriel proche de la ville de Mashhad, dans le nord-est du pays.
Les autorités iraniennes ont minimisé chacun de ces incidents ou sont restées silencieuses sur leurs causes possibles. Elles ont parlé d’accidents, de défaillances électriques ou d’explosions de conteneurs de gaz.
Tasnim News, affilié au CGRI, a qualifié les dégâts encourus dans la centrale de Natanz de « minimes ».
Keyvan Khosravi, porte-parole du Conseil suprême de sécurité nationale, a déclaré que la cause de cette explosion serait « annoncée en temps voulu ».
Pour sa part, Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a expliqué que les responsables iraniens de la sécurité savaient ce qui avait provoqué l’explosion de Natanz, mais qu’ils n’en diraient pas plus « pour des raisons de sécurité ».
Une histoire de tromperie
« Il ne fait aucun doute que ces incidents sont des cas de sabotage », a expliqué Hossein Rajabi, un journaliste basé à Téhéran, à Diyaruna.
Plusieurs explosions importantes se sont produites sur des sites sensibles tant militaires que de la sécurité en Iran, a-t-il indiqué, ajoutant que « cela représente une défaillance sécuritaire majeure pour le régime, en particulier pour le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) ».
Bien que les médias étrangers et la majorité de l’opinion publique considèrent que ces incidents sont intentionnels, les responsables iraniens ne sont pas disposés à fournir des informations sur leur cause, a ajouté Rajabi.
L’Iran utilise des centrifugeuses à grande vitesse pour enrichir son uranium. Si l’uranium moins enrichi est utilisé dans les réacteurs nucléaires, la partie plus enrichie de l’uranium peut, elle, servir à la production d’une bombe atomique. Des travaux sont en cours à Natanz pour construire de nouvelles centrifugeuses avancées pour enrichir l’uranium plus rapidement.
Le 10 juillet, le New York Times a publié un rapport décrivant la série d’explosions comme importante et planifiée de longue date.
« La République islamique a toujours fonctionné sur des secrets et des mensonges », a expliqué à Diyaruna un militant politique de Téhéran sous condition d'anonymat.
Le principe selon lequel ils dirigent consiste avant tout à cacher la véritable nature des incidents suspects qui se produisent en Iran, a-t-il ajouté.
La machine de propagande du régime veut affirmer que le pays est sûr, et elle cache donc ses propres faiblesses et ses erreurs, a-t-il poursuivi. Puisqu’il n’existe aucun média libre et indépendant en Iran, les critiques ne sont pas publiées dans le pays.
« C’est la raison pour laquelle l’opinion publique ne fait pas confiance au gouvernement. Le régime n’a pas le soutien des gens sur quelque sujet que ce soit. Après la série d’explosions survenues dans des bases militaires iraniennes, la plupart des gens se félicitent de l’humiliation subie par la République islamique et ses dirigeants », a-t-il continué.
Le mécontentement envers le régime grandit, explique un intellectuel chiite
Le chercheur politique chiite et ancien imam Ghaith al-Tamimi a indiqué que tandis que le régime iranien est la cause de nombreux problèmes dans la région, il doit faire face à un mécontentement de plus en plus fort à l’intérieur.
Les dirigeants iraniens continuent de mentir à leur peuple et de lui dissimuler les faits, a-t-il expliqué.
Al-Tamimi a indiqué à Diyaruna que la tension populaire monte en Iran en raison des difficultés économiques subies par le peuple. La pression sur l’opinion, a-t-il affirmé, est exacerbée par la politique expansionniste régionale poursuivie par le régime qui entraîne pauvreté, chômage et récession.
« Les Iraniens sont furieux contre leurs dirigeants qui ignorent leurs souffrances et ils en ont assez des promesses [vides du régime], de ses mensonges, du black-out sur les médias, de l’oppression et des perpétuelles atteintes aux droits de l’homme qui jettent les dissidents en prison », a-t-il ajouté.
Le mécontentement du peuple iranien quant à sa situation pousse lentement le régime vers le gouffre et rend sa chute chaque jour plus imminente, a-t-il conclu.