L'économie du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord va se contracter de 3,3 % cette année, la plus grande baisse en 40 ans, à cause du nouveau coronavirus (COVID-19) et du faible prix du pétrole, a fait savoir le FMI mardi 14 avril.
Dans ses Perspectives de l'économie mondiale, le Fonds monétaire international a indiqué que les dégâts seraient bien pires que lors du dernier grand choc dans la région, à savoir la crise financière mondiale de 2008-2009, où elle avait réussi à afficher une croissance modeste.
Cette région, qui comprend tous les pays arabes et l'Iran, connaîtra ses pires performances économiques depuis 1978, année où elle a été secouée par des troubles et a reculé de 4,7 %, selon les données de la Banque mondiale.
Le FMI a déclaré que tous les pays arabes à part l'Égypte verront leur produit intérieur brut (PIB) diminuer cette année.
L'Arabie saoudite se dirige vers une récession de 2,3 %, a-t-il affirmé.
« La détérioration rapide des perspectives économiques mondiales avec la propagation de l'épidémie et la rupture de l'accord OPEP+ entre les fournisseurs de pétrole ont pesé lourdement sur les prix des matières premières », a déclaré l'organisme mondial de prêt.
Son rapport avait été préparé avant que le groupe OPEP+, qui regroupe les producteurs et les alliés de l'OPEP, ne parvienne à un accord dimanche pour réduire la production de près de 10 millions de barils par jour, la plus importante de l'histoire.
De mi-janvier à fin mars, le prix du pétrole a chuté de 65 %, soit 40 dollars le baril, et celui du gaz naturel de 38 %, selon le FMI.
Il a également prévu que les prix resteront inférieurs à 45 dollars le baril jusqu'en 2023, soit environ 25 % de moins que la moyenne de l'année dernière.
« Une incertitude extrême »
Les pays arabes, qui ont signalé plus de 20 000 cas de coronavirus et plus de 700 décès, ont eu recours à de larges mesures de confinement et de couvre-feu pour empêcher la propagation de la maladie, perturbant ainsi les économies locales.
Des années de conflits sanglants dans plusieurs pays arabes, dont la Syrie, le Yémen, l'Irak et la Libye, ont déjà mis à mal leurs économies et créé une pauvreté généralisée.
De plus, de nombreux pays du Moyen-Orient, notamment les États du Golfe, l'Irak et l'Iran, dépendent fortement des revenus du pétrole pour financer leur budget.
« Ces événements devraient peser lourdement sur les exportateurs de pétrole dont les revenus et les exportations ne sont pas diversifiés », a expliqué le FMI, ajoutant que la baisse des prix du pétrole profitera entre-temps aux pays importateurs de pétrole.
Le FMI a ajouté que cette réduction de la production pétrolière va encore assombrir les perspectives de l'économie saoudienne, qui a enregistré une croissance de seulement 0,3 % en 2019.
L'économie des Émirats arabes unis, la plus diversifiée de la région, devrait se contracter de 3,5 %, tandis que celle du Qatar, la troisième du Golfe, devrait reculer de 4,3 %.
L'économie iranienne, qui est la deuxième du Moyen-Orient, devrait reculer de 6 % en 2020 pour sa troisième contraction consécutive. En 2018 et 2019, elle a chuté de 3,6 % et 7,6 % respectivement.
L'Iran a été durement touché par le coronavirus, avec plus de 74 000 cas et 4683 décès.
L'économie du Liban, qui s'est déclaré en état de cessation de paiement face à sa montagne de dettes, devrait se contracter massivement de 12 %, tandis que l'Irak, deuxième producteur de l'OPEP, s'oriente vers une chute de 4,7 %.
Seule l'Égypte devrait rester dans le positif avec une croissance de 2 %, bien que ce chiffre soit bien inférieur aux 6 % prévus avant que la crise du coronavirus ne frappe.
Dans l'ensemble, l'économie du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, qui n'a progressé que de 1 % l'année dernière, devrait rebondir de 4,2 % en 2021, selon le rapport.
Mais le FMI a noté qu'une « incertitude extrême » entoure ses prévisions, car les retombées économiques de la pandémie dépendent de facteurs difficiles à prévoir, notamment les voies d'évolution de la maladie et l'intensité des efforts de confinement.