Santé

Le virus change les habitudes dans le Golfe avec la multiplication des mesures

AFP

Un homme portant un masque de protection dans une rue de Dubaï le 16 mars. [Karim Sahib/AFP]

Un homme portant un masque de protection dans une rue de Dubaï le 16 mars. [Karim Sahib/AFP]

Rues, mosquées et centres commerciaux déserts, drones dans le ciel diffusant des alertes de santé : le nouveau coronavirus a bouleversé la vie dans les sociétés du Golfe.

Plus de 800 cas de COVID-19 ont été enregistrés à ce jour dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Bahreïn ayant signalé lundi 16 mars son premier décès dû au virus.

La plupart des personnes infectées revenaient d'Iran, où au moins 853 personnes sont mortes, dont un membre de l'organisme religieux qui nomme le chef suprême, portant le nombre de victimes parmi les représentants actuels et anciens à au moins douze morts.

Face à une menace croissante pour la santé publique, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït, Bahreïn, le Qatar et Oman ont pris des mesures drastiques pour lutter contre la pandémie.

Une photo prise le 15 mars montre des bus scolaires garés devant une école fermée à Dubaï. [Giuseppe Cacace/AFP]

Une photo prise le 15 mars montre des bus scolaires garés devant une école fermée à Dubaï. [Giuseppe Cacace/AFP]

Le Koweït a pris les mesures les plus strictes dans le CCG en verrouillant en grande partie le pays pendant le week-end, la seule nation à part l'Italie à le faire.

La route principale de l'aéroport de Koweït City était vide, car tous les vols commerciaux à destination et en provenance de cette petite nation du Golfe ont été suspendus.

Des drones aériens diffusaient des messages en plusieurs langues pour inciter les gens à rentrer chez eux.

À Doha, la capitale du Qatar, le marché habituellement animé au cœur du centre touristique était étrangement calme, tandis que le quartier commerçant de Riyad était également vide.

Le Qatar, pays le plus touché du CCG avec 401 cas confirmés de COVID-19 à la date de dimanche, a annoncé qu'il interdirait à partir de mercredi l'arrivée des passagers aériens, à l'exception de ses ressortissants.

Les pays du Golfe ont fermé des cinémas et d'autres centres de divertissement, certains ont même fermé des gymnases et des spas, et ont mis fin à la consommation de narguilé dans les cafés.

Les habitants de Mascate, la capitale omanaise, ont constaté que de nombreuses personnes ont cessé de se serrer la main ou de s'embrasser, ce qui est une salutation courante.

Pour leur part, les Émirats arabes unis et le Qatar ont tous deux conseillé à leurs citoyens d'arrêter le traditionnel « nez à nez », Abou Dhabi indiquant aux habitants qu'une signe de la main suffit.

Les gens sont invités à « prier chez eux »

Les mesures prises pour lutter contre la propagation du virus ont également eu un impact sur la façon dont de nombreux musulmans du Golfe pratiquent leur culte.

Après que l'Arabie saoudite a suspendu le pèlerinage de l'oumra, elle a conseillé aux habitants de ne pas prier dans les mosquées s'ils présentaient des symptômes du virus.

Le Koweït a pris des mesures supplémentaires et a interdit toutes les prières en groupe ; une mesure sans précédent dans un pays où des centaines de milliers de personnes prient côte à côte chaque jour.

« Prier à la maison, prier à la maison », a prêché un imam dans un enregistrement qui a fait le tour des réseaux sociaux samedi.

Dans le Golfe, dominé par les sunnites, vivent des centaines de milliers de chiites, et beaucoup se rendent régulièrement en Iran pour des pèlerinages.

L'Iran a exhorté dimanche les citoyens à rester chez eux, annonçant également avoir fermé aux pèlerins la tombe de l'imam Reza dans la ville sainte de Mashhad jusqu'à nouvel ordre.

Le sanctuaire de l'imam Reza reçoit de nombreux visiteurs chaque année, notamment à l'occasion de la fête du nouvel an persan de Nowrouz, qui débute cette année le 20 mars.

Plus de 560 des infections en Iran ont été confirmées dans la province de Khorasan Razavi, où se trouve Mashhad.

Les Iraniens ont accusé leur gouvernement d'être lent à réagir et à prendre des mesures de protection pour les protéger, ainsi que de tenter de dissimuler l'étendue de l'épidémie.

La méfiance envers le régime iranien provient de son incapacité à fournir des informations précises au public, alors que le coronavirus s'est répandu de manière incontrôlée pendant des semaines, et pour son retard dans la mise en œuvre des mesures de quarantaine et de contrôle aux frontières.

Restrictions hors de la région du Golfe

Ailleurs dans la région, le Liban a exhorté dimanche les gens à rester chez eux pendant deux semaines et s'est préparé à fermer son aéroport principal pour endiguer une épidémie qui a tué trois personnes dans le pays et en a infecté 99.

La ministre de l'Information Manal Abdel Samad a ordonné aux « citoyens de rester chez eux et de ne pas sortir sauf en cas d'extrême nécessité » jusqu'au 29 mars.

L'aéroport international de Beyrouth fermera mercredi, et personne ne sera autorisé à arriver par les ports d'entrée maritime ou terrestre pendant cette période, a-t-elle déclaré.

Les diplomates, les Casques bleus des Nations unies, les employés des organisations internationales et les expéditions de marchandises seront toujours autorisés à entrer, selon une décision du gouvernement.

La plupart des institutions et des entreprises resteront fermées. Les forces de sécurité, les établissements de santé, les entreprises de services publics et les magasins vendant de la nourriture seront exemptés de cette fermeture.

Les Houthis yéménites (Ansarallah) ont déclaré samedi qu'ils allaient suspendre les vols de passagers dans l'aéroport de Sanaa pendant deux semaines pour empêcher l'arrivée du nouveau coronavirus.

Le Yémen n'a jusqu'à présent annoncé aucun cas de COVID-19, mais le mauvais état des infrastructures sanitaires du pays après cinq ans de guerre signifie qu'une telle épidémie pourrait être catastrophique.

Pendant ce temps, deux détenus ont été tués lors d'une émeute dans la prison d'Irbid en Jordanie, a rapporté dimanche l'agence de presse jordanienne Petra, après que les visites familiales ont été interdites pendant deux semaines pour lutter contre le coronavirus.

Le ministre jordanien de la santé Saad Jaber a annoncé dimanche six nouveaux cas de COVID-19, ce qui porte à sept le nombre total d'infections.

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