Dimanche 5 janvier, le président américain Donald Trump a menacé d'engager des « représailles majeures » si l'Iran tente de venger la mort de Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI).
Cette menace a été prononcée au moment où l'Iran a annoncé de réduire davantage son respect d'un accord nucléaire international malmené, mettant fin à la limitation du nombre de centrifugeuses utilisées pour enrichir de l'uranium.
Ce dernier coup porté à l'accord, qui visait à garantir que l'Iran ne développe pas d'arme nucléaire sous le couvert d'une utilisation industrielle, a aggravé la crise régionale déclenchée par la mort de Soleimani vendredi à Bagdad.
« S'ils agissent, il y aura des représailles majeures », a affirmé Trump.
Le président américain avait déjà menacé de bombarder 52 cibles non spécifiées en Iran si Téhéran attaquait des troupes et des intérêts américains dans la région.
Menaces et appels à la vengeance
Soleimani était l'une des figures publiques les plus populaires d'Iran, considéré comme un héros de la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988.
Il était également la figure majeure derrière le réseau de milices et d'alliances iraniennes intermédiaires dans toute la région où l'Iran est en rivalité souvent mortelle avec les alliés des États-Unis.
Le guide suprême de l'Iran Ali Khamenei a juré qu'il y aurait une « vengeance sévère ».
Quelle forme celle-ci prendra est l'objet de spéculations animées au Pentagone et à la Maison-Blanche. Des analystes indiquent que l'Iran pourrait être limité dans sa marge de manœuvre s'il veut éviter une guerre totale avec les États-Unis, qui sont beaucoup plus puissants.
Mais un ancien dirigeant du CGRI a menacé dimanche de réduire « en poussière » les villes israéliennes d'Haïfa et Tel-Aviv si les États-Unis s'en prennent à des cibles en Iran.
De plus, le général de brigade Hossein Dehghan, conseiller militaire de Khamenei, a déclaré à CNN que la réponse de l'Iran à la mort de Soleimani « sera certainement militaire et contre des sites militaires ».
Pompeo défend la décision
Le Secrétaire d'État américain Mike Pompeo a défendu dimanche la décision de tuer Soleimani tout en insistant sur le fait que toute nouvelle action militaire américaine contre l'Iran sera conforme au droit international.
Il a déclaré que l'Iran va probablement essayer d'attaquer les troupes américaines.
« Nous pensons qu'il y a une réelle probabilité que l'Iran fasse une erreur et décide de s'en prendre à certaines de nos forces, des forces militaires en Irak ou des soldats dans le nord-est de la Syrie », a-t-il expliqué à Fox News dans des propos diffusés dimanche.
« Ce serait une grave erreur pour l'Iran de s'en prendre à eux », a fait savoir Pompeo.
Les États-Unis disposent d'environ 60 000 soldats dans la région, dont près de 5 200 en Irak. Washington a ordonné l'envoi de milliers de soldats supplémentaires au Moyen-Orient vendredi après la mort de Soleimani.
« Nous nous préparons à toutes sortes de réactions », y compris des attaques informatiques, a déclaré Pompeo.
La Royaume-Uni ne le pleurera pas
La Royaume-Uni ne pleurera pas la mort de Soleimani, a déclaré dimanche le Premier ministre Boris Johnson, bien qu'il ait averti que des représailles mèneraient à encore plus de violence.
Dans sa première intervention sur l'escalade des tensions au Moyen-Orient, Johnson a indiqué s'être entretenu dimanche avec Trump, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel.
Il a dit qu'il parlerait avec d'autres dirigeants dans les jours à venir.
« Le général Qassem Soleimani représentait une menace pour tous nos intérêts et était responsable d'un comportement perturbateur et déstabilisateur dans la région », a affirmé Johnson.
« Étant donné le rôle de premier plan qu'il a joué dans des actions qui ont entraîné la mort de milliers de civils et de personnel occidental innocents, nous ne pleurerons pas sa mort », a-t-il ajouté.
« Il est cependant évident que tous les appels à la vengeance ou aux représailles conduiront simplement à davantage de violence dans la région, et ils ne sont dans l'intérêt de personne. »