Environnement

Yémen : la crise des ordures apporte le choléra à Taez

AFP

Un jeune Yéménite regarde derrière lui, assis sur une chaise dans une décharge à Taez, la troisième plus grande ville du sud-ouest du Yémen, le 26 octobre. [Ahmad al-Basha/AFP]

Un jeune Yéménite regarde derrière lui, assis sur une chaise dans une décharge à Taez, la troisième plus grande ville du sud-ouest du Yémen, le 26 octobre. [Ahmad al-Basha/AFP]

Des tas d'ordures puantes jonchent les rues de la ville historique de Taez, au Yémen, autrefois connue comme l'un des plus beaux endroits du pays, mais aujourd'hui déchirée par la guerre.

Cette ville située sur les hauts plateaux du sud-ouest du Yémen est devenue un terrain fertile pour les moustiques et les épidémies mortelles de maladies comme le choléra, car les déchets en décomposition s'infiltrent dans les cours d'eau.

Le Yémen, depuis longtemps le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, est embourbé dans un conflit depuis que les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran sont entrés dans la capitale, Sanaa, lors d'une offensive en 2014, déclenchant l'intervention militaire d'une coalition dirigée par l'Arabie saoudite.

Taez est aux mains des forces progouvernementales, mais elle est assiégée par les Houthis, qui contrôlent les montagnes qui entourent la ville, d'où ils ont lancé des bombardements répétés.

Alors que tout le Yémen souffre de la guerre, Taez est particulièrement touchée. Presque aucune école ne peut fonctionner, l'eau douce est rare, et il est difficile d'apporter du ravitaillement, y compris des produits essentiels comme la nourriture.

Piégés dans la ville, les plus de 600 000 habitants de Taez souffrent alors que les ordures s'amoncellent et étouffent routes et canaux.

Des monticules de plastique aux couleurs vives, de vieux pneus, de boîtes et de plastique déchiqueté gisent en piles fumantes ou s'entassent dans des bennes à ordures ; on est loin de l'époque médiévale, où Taez était louée pour sa beauté et son étendue.

Les hôpitaux sont pleins

Le choléra, qui peut tuer en quelques heures s'il n'est pas traité, est réapparu au Yémen en avril après une première épidémie en octobre 2016.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, 304 personnes sont mortes de cette maladie entre avril 2017 et août 2019 à Taez, les cas variant d'une semaine à l'autre.

Le personnel des hôpitaux délabrés et mal équipés qui fonctionnent toujours dans un climat de violence continue est à bout de souffle, incapable de faire face à l'augmentation du nombre de patients.

« Je dormais, quand tout à coup je me suis réveillée avec de fortes douleurs à l'estomac et de la diarrhée, et mes enfants m'ont vite amenée ici », a raconté Arwa Hmeid, couchée dans un lit à l'hôpital général de la ville.

« L'hôpital est plein de patients atteints du choléra, et trois femmes sont déjà mortes depuis que je suis ici », a-t-elle déclaré.

Le choléra, qui cause une diarrhée potentiellement mortelle, est contracté en ingérant de la nourriture ou de l'eau contaminée par une bactérie présente dans les excréments humains et transmise à la faveur d'un mauvais assainissement et d'une eau potable souillée.

Les dégâts causés aux systèmes d'égouts, au réseau électrique et à la tuyauterie ont rendu l'approvisionnement en eau du Yémen vulnérable à la contamination.

Mohammed Mkharesh, directeur adjoint de l'hôpital général, a expliqué que l'accumulation de déchets dans les rues de Taez et d'autres villes voisines a un impact direct sur la santé des gens.

« Cela ouvre la voie au choléra, à la dengue et au paludisme », a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant que les hôpitaux sont « sous pression avec l'augmentation des cas et le manque de ressources ».

Le conflit au Yémen, que les Nations unies ont décrit comme la pire situation humanitaire au monde, a déplacé des millions de personnes et a laissé 24,1 millions de personnes, plus des deux tiers de la population, en besoin d'aide.

« Aidez-nous »

Mohammed Jassar, le dirigeant du département de l'assainissement de Taez en proie aux pires difficultés, a déclaré que les fonctionnaires font de leur mieux pour nettoyer la ville.

« Le ministère a désormais deux périodes de travail, l'une le matin et l'autre le soir, [...] mais les ordures s'accumulent et le ministère manque d'outils et de ressources », a-t-il déclaré avec découragement.

« On voit aussi des gens qui jettent des ordures dans la rue, même si c'est juste devant leur maison, et qui se plaignent des tas d'ordures qui s'accumulent. »

Il a exhorté la communauté internationale à venir en aide au peuple yéménite, affirmant que ce n'est que « si la ville est nettoyée que la propagation des maladies sera contenue ».

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