Les prix du pétrole ont chuté de plus de 1% lundi 30 septembre après que le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a affirmé que la guerre avec l'Iran détruirait l'économie mondiale et a fait plutôt allusion à une solution non-militaire.
Washington, Riyad, Berlin, Londres et Paris blâment l'Iran pour les attaques qui avaient endommagé le secteur pétrolier saoudien le 14 septembre et ont forcé le plus grand producteur du brut au monde à réduire considérablement la production.
« En ce qui concerne les soucis géopolitiques, le bon sens règne pour l'instant en Arabie saoudite», a affirmé l'analyste Naeem Aslam au ThinkMarkets des courtiers, faisant référence aux commentaires du prince héritier dans l'émission de CBS « 60 minutes », diffusé dimanche.
Mohammed bin Salman a indiqué qu'une guerre serait catastrophique pour la croissance mondiale.
« Les approvisionnements en pétrole seront interrompus et les prix du pétrole vont grimper à des chiffres incroyablement élevés que nous n'avons jamais vu au cours de nos vies», a averti le prince héritier.
« La région représente environ 30% des approvisionnements mondiaux en énergie, soit 20% des passages du commerce mondial, environ 4% du produit intérieur brut mondial (PIB). Imaginez que tous ces trois choses s'arrêtent», a-t-il précisé.
« Cela signifie un effondrement total de l'économie mondiale, et non seulement l'Arabie Saoudite ou les pays du Moyen-Orient», a-t-il poursuivi.
De l'optimisme malgré les obstacles
« Le pétrole étonnait tout le monde ces dernières semaines, ayant surgit suite à l'attaque sur les installations pétrolières saoudiennes avant d'inverser tous ces gains», a affirmé Craig Erlam, analyste principal de marché chez le groupe de courtage Oanda.
« Les courtiers ne sont clairement pas particulièrement inquiets sur les primes de risque en pétrole», a-t-il expliqué. « L'attention semble plutôt revenir aux dynamiques de la demande et le risque d'une baisse supplémentaire alors que le ralentissement économique mondial s’affermit».
Fitch Ratings a déclassé lundi la cote de crédit de l'Arabie Saoudite d'un cran, citant « les tensions géopolitiques et militaires croissantes dans la région du Golfe ».
Fitch a reconnu dans sa note de déclassement qu'Aramco a démontré une résilience aux attaques en restituant rapidement ou en substituant la production perdue, notamment à cause de la construction d'une grande capacité de production de réserve.
Mais elle a également précisé que « même si la production de pétrole a été entièrement reprise fin septembre, nous croyons qu'il y a un risque d'autres attaques sur l'Arabie Saoudite, qui peuvent causer des dégâts économiques ».
L'agence a indiqué dans un communiqué qu'elle a baissé le classement d'émission de devises étrangères à long-terme de l'Arabie Saoudite de A plus à A, avec une perspective stable.
Dans un communiqué, le ministère saoudien des finances a critiqué le déclassement, disant qu'il ne reflétait pas la reprise rapide par le royaume de la production pétrolière après les attaques , et a incité Fitch à revenir sur sa décision.
Les attaques du 14 septembre et leurs répercussions soulignent plutôt « la capacité remarquable de l'Arabie Saoudite à faire face efficacement aux adversités... (et) son engagement à maintenir la stabilité dans les marchés mondiaux du pétrole », a-t-il signalé.
Le communiqué saoudien a précisé que le royaume a repris les approvisionnements en brut aux niveaux d'avant les attaques et repris la capacité de production à 11,3 millions de barils par jour (bpj), avec des plans pour atteindre la pleine capacité de 12 millions de barils en novembre.