Les responsables et analystes irakiens ont qualifié « d'inacceptables » les informations selon lesquelles l'Iran cherche à prolonger un oléoduc à travers l'Irak jusqu'en Syrie afin de contourner les sanctions, affirmant que le gouvernement irakien ne le permettra jamais.
Selon des informations récentes parues dans les médias, l'Iran envisage d'étendre un oléoduc à travers l'Irak jusqu'au port syrien de Banias afin de contourner les sanctions américaines qui interdisent la vente de pétrole iranien.
Mais l'Irak n'approuverait jamais un tel projet, ont affirmé des responsables et des analystes irakiens.
« Sans le consentement du gouvernement irakien, il ne verra pas le jour », a fait savoir Sami Gheit, chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques.
Permettre le passage de pétrole iranien à travers l'Irak exposerait sans aucun doute le pays au risque de sanctions, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, précisant que le gouvernement irakien « ne prendra pas ce risque ».
L'idée d'exporter du pétrole iranien via l'Irak vers le port syrien de Banias a été lancée, mais pas au parlement irakien, a déclaré le député irakien Salam al-Shammari à Al-Mashareq.
Si une telle proposition était soumise au parlement, a-t-il poursuivi, « elle ne recevrait aucune réponse, et aucun député ou bloc parlementaire n'oserait l'approuver », décrivant cela comme l'équivalent de la « cession des moyens de subsistance de sa propre famille à une autre personne ».
L'Iran cherche à exporter du pétrole via l'Irak vers la Syrie en « utilisant l'oléoduc irakien existant, ce qui signifie qu'il ne construirait que le tronçon qui relie son territoire à l'Irak », a précisé Al-Shammari.
« Cette idée ne peut être acceptée », a-t-il souligné.
« Cela nuirait à l'Irak », a-t-il déclaré, notant qu'à part les sanctions, « aucun pays au monde » n'inviterait la concurrence d'un autre pays dans son principal secteur d'activité, surtout pas celui qui fournit une source critique de revenus à l'exportation.
La plupart des blocs parlementaires rejetteraient le projet du seul point de vue économique, a-t-il ajouté.
L'Iran tente de réaliser le projet indirectement par un patchwork de contrats, « mais de tels projets ne peuvent passer que par le parlement », a déclaré al-Shammari.
La crise économique iranienne
L'Iran cherche d'autres voies d'exportation en raison des tensions qui règnent dans le Golfe et de la difficulté de la contrebande de pétrole à bord de navires-citernes, a indiqué Gheit.
Le déficit du pays et du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) incite le régime iranien à envisager ce projet, a déclaré à Al-Mashareq Sheyar Turko, chercheur en affaires iraniennes.
Turko a noté que les milices régionales soutenues par le CGRI souffrent d'une grave pénurie de liquidités à cause des actions de l'Iran et des sanctions qui en découlent, ce qui explique en partie l'idée du gazoduc.
Il a également noté que la route que l'Iran cherche à emprunter pour se rendre en Syrie passe par les zones où les milices soutenues par l'Iran sont présentes sur le terrain.
Le CGRI « continue d'étendre sa présence » dans la province syrienne de Deir Ezzor, à la frontière avec l'Irak, dans le but apparent de prendre le contrôle de toute la région et de sécuriser tout futur projet iranien, a rapporté Turko.
Ces projets pourraient inclure l'oléoduc envisagé, a-t-il poursuivi, ou un itinéraire pour les camions-citernes qui acheminent clandestinement du pétrole brut vers les ports syriens pour être utilisé en Syrie ou revendu après avoir été transporté clandestinement au Liban.