Terrorisme

Le Hezbollah importe de l'acier iranien malgré les sanctions

Nohad Topalian à Beyrouth

Un employé travaille à l'usine de l'Iran Alloy Steel Company (IASCO) d'Yazd, dans le centre de l'Iran, le 6 avril 2015. [Atta Kenare/AFP]

Un employé travaille à l'usine de l'Iran Alloy Steel Company (IASCO) d'Yazd, dans le centre de l'Iran, le 6 avril 2015. [Atta Kenare/AFP]

Le Hezbollah inonde le marché libanais d'acier iranien introduit dans le pays en violation des sanctions au détriment des commerçants locaux et de l'économie libanaise, ont déclaré des commerçants et des économistes à Al-Mashareq.

Le commerce d'acier iranien par le Hezbollah est un nouveau moyen de financement du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), ont-ils expliqué, notant que l'acier iranien figure sur la liste des articles sanctionnés par le Département du Trésor des États-Unis.

Début mai, les États-Unis ont imposé des sanctions sur le fer, l'acier, l'aluminium et le cuivre iraniens, après avoir rétabli des sanctions en novembre destinées à limiter les exportations de pétrole de l'Iran, qui est de loin sa source la plus importante de devises étrangères.

Les revenus tirés de l'exportation de ces produits « peuvent être utilisés pour financer et soutenir la prolifération des armes de destruction massive, les groupes et réseaux terroristes, les campagnes d'agression régionale et l'expansion militaire », a fait savoir un communiqué de la Maison Blanche.

« Depuis fin janvier, les marchés ont été inondés de plus de 50 000 tonnes d'acier de construction iranien », selon un négociant en acier du Liban qui a demandé à conserver l'anonymat pour des raisons de sécurité.

« Une partie a été acheminée directement par le port de Beyrouth, une autre par le port [syrien] de Latakia, puis par voie terrestre par la frontière syrienne », a-t-il rapporté. « D'autres quantités sont parties de ports turcs après avoir traversé la frontière entre l'Iran et la Turquie par voie terrestre. »

Impact sur le Liban

« Le prix de l'acier de construction d'origine iranienne est inférieur par rapport à l'acier provenant d'autres sources, comme l'Ukraine, la Biélorussie, la Grèce, l'Italie et la Turquie, d'environ 110 dollars la tonne », a déclaré le négociant en acier libanais.

Par conséquent, l'inondation du marché libanais par le Hezbollah avec de l'acier iranien « entraîne de lourdes pertes pour les commerçants libanais, incapables de rivaliser avec une telle différence de prix », a-t-il expliqué.

Les banques libanaises ont « mis en garde les négociants en acier contre les transactions avec l'Iran, et tout négociant qui utilise et importe de l'acier d'Iran risque de voir ses comptes bancaires fermés », a indiqué la source.

Cette mesure est appliquée depuis que le Bureau de contrôle des actifs étrangers du Trésor américain a sanctionné les importations d'acier iranien, a-t-il ajouté.

L'importation d'acier iranien par le Hezbollah et ses collaborateurs contrevient aux récentes sanctions américaines et met en danger le Liban, a affirmé à Al-Mashareq Sami Nader, directeur du Centre du Levant d'affaires stratégiques.

« Cela fait peser une pression supplémentaire sur les banques à un moment où le Liban est confronté à une véritable crise économique », a-t-il déclaré.

Financement du Hezbollah

L'importation d'acier par le groupe représente « un financement iranien indirect pour le Hezbollah », a indiqué Nader, notant que la milice libanaise est l'un des principaux affiliés du CGRI.

« Le parti viole à nouveau les sanctions imposées à lui et à l'Iran, qui trouvait dans les revenus de l'acier un moyen illégal de financer le Hezbollah », a-t-il poursuivi.

« Le Hezbollah a besoin d'argent, tout comme l'Iran, qui a vu le taux de change de sa monnaie se détériorer », a-t-il rapporté, expliquant que l'importation de marchandises iraniennes au Liban, en particulier l'acier, lui fournit des liquidités en dollars américains.

La question de la contrebande d'acier iranien vers le Liban, dont les grandes lignes ont été révélées récemment, « a suscité de nombreuses inquiétudes à Beyrouth », a déclaré Tony Farah, éditeur économique d'al-Joumhouriya.

« Cela soulève des inquiétudes, car les banques libanaises se conforment aux sanctions imposées par les États-Unis et refusent d'ouvrir des lettres de crédit pour tout commerçant souhaitant importer d'Iran, ou même de Syrie », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Il est devenu évident que le financement de l'importation de l'acier iranien se fait en espèces, hors du cadre du système bancaire libanais, a-t-il déclaré.

« L'on sait que le Hezbollah reçoit des fonds et effectue des paiements sans passer par le système bancaire », a-t-il ajouté.

L'exportation d'acier iranien semble être « un nouveau moyen utilisé par l'Iran pour financer son allié le Hezbollah, où des individus travaillant avec le parti reçoivent l'acier et le vendent à de petits commerçants, ou même directement aux consommateurs, et sont payées en espèces », a-t-il expliqué.

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