Les organisations humanitaires internationales ont appelé mercredi 7 novembre à garantir un passage sûr pour les civils du Yémen, alors que les forces progouvernementales et les Houthis (Ansarallah) appuyés par l'Iran luttent pour le contrôle de l'une des villes les plus peuplées du pays.
Les travailleurs humanitaires ont appelé à ce que les habitants de la ville portuaire d'al-Hodeidah sur la mer Rouge soient protégés de toute urgence, alors que les combats se rapprochent des hôpitaux civils.
Save the Children a fait savoir que l'un de ses centres avait été touché, tirant la sonnette d'alarme sur le fait que les belligérants « mènent désormais les combats dans la zone urbaine » où vivent quelque 600 000 personnes.
« La vie de centaines de milliers de personnes, dont près de la moitié sont des enfants, est en danger », a affirmé Save the Children, ajoutant que des barrages routiers provisoires empêchent les habitants de quitter al-Hodeidah ou d'y entrer.
Al-Thawra, l'un des plus gros hôpitaux d'al-Hodeidah, n'est qu'à « quelques mètres d'une ligne de front active », a déclaré mercredi la porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirella Hodeib.
Une situation « susceptible d'empirer »
« Il s'agit d'enfants mourants qui sont actuellement hospitalisés », a ajouté Juliette Touma, porte-parole de l'UNICEF. « Ce que nous redoutons, c'est que cette escalade de la violence a de très grandes chances de mettre en danger les efforts humanitaires. »
« Nous devons être en mesure de continuer à apporter une aide humanitaire, parce que si nous ne le faisons pas la très difficile situation humanitaire au Yémen va très vraisemblablement empirer », a-t-elle ajouté.
Mercredi, Médecins sans frontières (MSF) a annoncé suspendre ses activités dans la province de Daleh, à l'est de la province d'al-Hodeidah.
« Plusieurs incidents de sécurité ont visé directement des patients, le personnel et des installations médicales de MSF dans la région », a ajouté Ton Berg, le chef de la mission du groupe au Yémen.
« Nous n'avons pas d'autre choix que de cesser toutes nos activités à Daleh. »
Save the Children a expliqué que l'une de ses installations à al-Hodeidah avait été endommagée, sans avoir pu identifier la partie responsable.
« Un centre sanitaire soutenu par Save the Children dans la ville portuaire yéménite d'al-Hodeidah a été attaqué ce matin, et l'une des pharmacies qui fournit des médicaments vitaux a été endommagée », a déclaré le groupe humanitaire dans un communiqué publié mercredi.
« Les bombardements ont également frappé des quartiers résidentiels. »
« Une militarisation délibérée des hôpitaux »
Jeudi, Amnesty International a accusé les Houthis de pratiquer « une militarisation délibérée des hôpitaux » à al-Hodeidah, et a appelé les belligérants à protéger les civils.
Ce groupe de défense des droits de l'homme a expliqué que les Houthis avaient récemment posté des combattants sur le toit d'un hôpital du quartier de 22 mai, qualifiant cet acte « d'événement qui fait mal au cœur ».
Selon lui, cette action risque d'avoir « des conséquences dévastatrices » pour le personnel de l'hôpital.
« La présence de combattants houthis sur le toit de l'hôpital est une violation du droit humanitaire international, mais cette violation ne fait pas de l'hôpital, des patients et du personnel médical des cibles licites », a ajouté Samah Hadid, directeur des campagnes d'Amnesty au Moyen-Orient.
Amnesty a mis en garde que les civils à al-Hodeidah « paieront un prix terrible » si les belligérants n'agissent pas immédiatement pour les mettre à l'abri des combats.