La Jordanie appelle la communauté internationale à augmenter son soutien aux programmes éducatifs destinés aux réfugiés syriens dans le royaume après que le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a annoncé qu'il va être contraint de réduire son action.
À cause d'un manque de 8,6 millions de dollars de financement, l'UNICEF a annoncé plus tôt ce mois-ci qu'il ne pourra apporter d'aide financière qu'à 10 000 enfants syriens réfugiés en Jordanie, alors que 55 000 pourraient en bénéficier.
Ces réductions affectent principalement le projet Hajati (Mes besoins), qui apporte une aide financière aux réfugiés syriens et aux Jordaniens à faible revenu pour leur permettre de poursuivre leur éducation, et le programme Makani (Mon espace).
Hajati alloue 28 dollars par mois à chaque enfant pour répondre aux besoins de base comme le transport scolaire, l'uniforme et les fournitures, selon un rapport du 4 mars de l'UNICEF.
Le programme Makani s'adresse quant à lui aux enfants et aux jeunes déscolarisés à travers 194 centres répartis dans diverses communautés hôtes, leur apportant une formation en compétences de vie basiques, ainsi que des services psychosociaux et d'aide à l'apprentissage.
À cause de ce manque de financement, plus de la moitié de ces centres pourraient être contraints de fermer.
Sur les 232 500 enfants syriens en âge d'aller à l'école, seuls 145 000 étaient scolarisés en Jordanie l'année dernière, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ce qui ne constitue que 62 % de tous les enfants syriens.
« Réductions catastrophiques »
Les réductions de l'UNICEF vont être « catastrophiques » pour les enfants syriens, a déclaré le professeur de sociologie Hussein al-Khuzaie à Al-Mashareq.
« L'avenir des enfants syriens restera incertain », a-t-il déploré.
« L'éducation est un droit fondamental pour tous, et le manque d'aide n'est pas de la faute des enfants », a-t-il poursuivi. « La communauté internationale et les pays donateurs doivent augmenter leur soutien et intervenir rapidement pour sortir des milliers d'enfants syriens de cette crise. »
L'absence des enfants syriens des écoles pourrait mener à une augmentation du travail des enfants et à des mariages précoces, a-t-il indiqué, mentionnant que de nombreux réfugiés sont obligés d'envoyer leurs enfants travailler, ou de les marier, afin d'aider à faire face à leurs dépenses.
Selon le Centre Tamkeen pour l'aide juridique et les droits de l'homme, plus de 60 000 enfants syriens réfugiés se trouvent actuellement sur le marché du travail en Jordanie, où ils sont souvent exploités et travaillent dans des conditions dangereuses.
D'après les services de la Cour suprême, « le taux de mariage précoce chez les réfugiés syriens cette année est de 35 % pour tous les mariages syriens [enregistrés] en Jordanie l'année dernière ». Il n'existe pas de chiffres pour les mariages non enregistrés.
Les promesses doivent être tenues
La Jordanie ne peut pas accepter d'autres fardeaux, car elle héberge déjà environ 1,3 million de réfugiés syriens, a fait savoir l'économiste Hossam Ayesh à Al-Mashareq.
Selon le ministère de la Planification et de la Coopération internationale, la Jordanie a besoin cette année d'un total de 2,5 milliards de dollars pour lui permettre de fournir de l'aide aux réfugiés syriens dans plusieurs domaines, dont ceux de l'éducation, des services et de l'énergie.
Mais sur l'aide promise, seulement 411 millions de dollars ont été reçus jusqu'à présent, a-t-il rapporté.
L'aide que reçoivent les réfugiés syriens soulage leurs souffrances et empêche les parents d'envoyer leurs enfants au travail plutôt qu'à l'école, a expliqué à Al-Mashareq Khalil al-Houri, réfugié syrien père de quatre enfants.
« Parfois, pendant les vacances d'été, j'envoie mon fils de 14 ans, Mohammed, travailler dans un restaurant proche pour m'aider avec les dépenses », a indiqué al-Houri, originaire de la province de Daraa et habitant du quartier de Tabarbour, à Amman.
« Je n'y envoie mon fils que pendant les vacances d'été, et je souhaite ne jamais avoir à lui demander de quitter l'école pour travailler », a-t-il expliqué, soulignant que « l'éducation est la chose la plus importante pour les enfants ».
Mais « les conditions économiques sont difficiles », a-t-il déploré, ajoutant qu'il est difficile de faire vivre sa famille avec le modeste salaire d'un vendeur de vêtements.