Environnement

Un panel libanais s'attaque à la pollution du Litani

Nohad Topalian à Beyrouth

Au Liban, le Litani se jette dans le bassin du Lac de Qaraoun. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Au Liban, le Litani se jette dans le bassin du Lac de Qaraoun. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Les législateurs libanais s'efforcent de résoudre le problème persistant de la pollution du Litani dans le cadre d'actions pour trouver une solution permanente et réalisable.

Lors d'une réunion le 28 août, le député libanais Nazih Najem, qui préside la commission parlementaire des travaux publics, des transports, de l'énergie et de l'eau, a déclaré que les efforts se poursuivront jusqu'à ce qu'une haute commission soit formée pour trouver une solution permanente.

Le Litani est le plus long fleuve du Liban (170 km), et a une capacité d'environ 750 millions de mètres cubes par an grâce à la pluviosité et à ses affluents de la vallée de la Bekaa.

Le fleuve alimente des centrales hydroélectriques et des réseaux d'irrigation des terres agricoles situées dans l'ouest de la vallée de la Bekaa, le sud et la plaine côtière.

La commission parlementaire « espère former une haute commission pour répondre au problème de la pollution, et une autre pour administrer le bassin du Litani, pour disposer d'un réel suivi sur la mise en place des solutions », a expliqué Najem.

Le gouvernement de l'ancien Premier ministre Tammam Salam avait commencé à s'attaquer à la pollution fluviale en adoptant la loi n° 63/2016, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

Celle-ci a alloué 101 milliards de livres libanaises (67 millions de dollars) à la lutte contre les infractions et à la construction de centrales de traitement des eaux usées et des eaux industrielles.

Ce plan d'aide « prévoit le suivi de la qualité du travail nécessaire et de la redevabilité, ainsi que la création d'une haute commission pour en surveiller la mise en œuvre, faire pression sur les usines et les municipalités, et trouver des solutions qui suppriment les empiètements sur le fleuve », a précisé Najem.

« En plus de la mise en œuvre de ce plan, l'État doit satisfaire à ses devoirs auprès des habitants de ces villes en créant des projets qui s'attaquent à la racine du problème, comme des usines de traitement », a-t-il ajouté.

Un remède à la pollution fluviale

Le plan du gouvernement pour résoudre le problème de la pollution du Litani va se dérouler en trois phases : la mise en place de solutions rapides et immédiates, puis de solutions à moyen terme, et enfin d'une solution durable à long terme.

Ce plan spécifie quelle agence sera chargée de la mise en œuvre, du suivi et du contrôle de chaque phase et de chaque procédure, et prévoit d'agir sur le bassin supérieur du Litani dans la vallée de la Bekaa, qui est la source de pollution la plus importante du fleuve.

La phase initiale du plan prévoit « l'inspection des rejets d'eaux usées dans les municipalités et l'interdiction du déversement des eaux usées directement dans le fleuve » jusqu'à la construction d'usines de traitement.

Les rejets seront déviés vers des zones où seront plantées des cannes à sucre, dont des études ont révélé que cette plante pouvait être utilisée dans la gestion des eaux usées.

Le plan interdit l'agrandissement des réseaux d'eaux usées vers des zones qui ne disposent pas d'usines de traitement, et il exige la vidange des fosses septiques construites pour les unités résidentielles, dont le contenu devra être transporté vers les usines de traitement.

Pour les déchets solides, le plan recommande la mise en place d'un plan d'action comportant des stations de transfert, de tri et de compostage, ainsi que l'agrandissement ou la construction de nouvelles décharges. Il recommande également la fermeture et la réhabilitation de certaines décharges, et que d'autres soient modifiées pour répondre aux normes environnementales.

En ce qui concerne les pesticides, troisième source majeure de pollution du fleuve, le plan souligne la nécessité de renforcer les capacités de gestion des pesticides, de nutrition des plantes et de préservation de la qualité.

Il appelle également à l'utilisation de méthodes d'irrigation efficaces et écologiques.

Solutions temporaires

Les empiétements sur les rives « ont transformé le bassin supérieur du fleuve en zone de déversement des eaux usées industrielles et hospitalières », a déclaré Sami Alawiya, directeur général de l'Autorité du fleuve Litani.

Après des années d'exposition, les eaux du fleuve sont aujourd'hui très contaminées, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

Le Lac Qaraoun, dans lequel se déverse le Litani, a été contaminé par de l'eau mêlée à des eaux usées et industrielles provenant du fleuve, a-t-il expliqué.

Cette pollution vient de 227 usines, installations industrielles, entreprises, fermes et abattoirs dont les eaux contaminées sont détournées vers le fleuve, a-t-il indiqué, tout comme les eaux usées des villes et villages qui sont déversées sur ses rives.

Il faut aujourd'hui de toute urgence « mettre en œuvre le plan élaboré par le gouvernement libanais », a affirmé Alawiya.

Entre-temps, il est nécessaire « de mettre fin aux infractions des municipalités envers le fleuve avec la mise en place de solutions temporaires pour les eaux usées, jusqu'à ce qu'une solution permanente soit trouvée », a-t-il déclaré.

Il faut également stopper la construction et le forage non réglementés de puits artésiens, a-t-il ajouté.

« Le fleuve est très important en tant que source majeure de la richesse en eau du Liban, car il alimente la Bekaa et le sud en eau, et représente une source capitale pour l'irrigation et la production d'électricité », a conclu Alawiya.

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