Économie

La Jordanie en difficulté financière après avoir annulé des augmentations d'impôts

AFP

Le Premier ministre jordanien récemment nommé, Omar al-Razzaz, rencontre les représentants des syndicats à Amman le 7 juin. [Ahmad Gharbali/AFP]

Le Premier ministre jordanien récemment nommé, Omar al-Razzaz, rencontre les représentants des syndicats à Amman le 7 juin. [Ahmad Gharbali/AFP]

Les autorités jordaniennes ont annulé une proposition de hausse de l'impôt sur le revenu après une semaine de manifestations, mais elles sont toujours confrontées à la tâche délicate de faire cohabiter les demandes populaires et la nécessité de redresser l'économie.

La législation controversée a déclenché des manifestations parmi les plus importantes des cinq dernières années au royaume, forçant la démission du Premier ministre Hani Mulki, qui a été remplacé par l'économiste Omar al-Razzaz.

Ce plan consistait à augmenter les impôts des habitants d'au moins 5 %, et ceux des entreprises entre 20 % et 40 %, dans le cadre d'une série de mesures d'austérité liées au prêt de 723 millions de dollars accordé par le Fonds monétaire international (FMI) en 2016.

Les analystes estiment que toutes les classes sociales ont atteint les limites de leur tolérance, après des augmentations de prix répétées alors que le gouvernement cherchait à diminuer la dette du pays.

« La capacité des habitants à payer est proche de zéro, et toute augmentation des impôts se traduit par une baisse des revenus », explique l'analyste Labib Kamhawi.

Depuis janvier, le prix du pain a doublé, et le pétrole a connu cinq hausses de prix. De plus, les factures d'électricité ont augmenté de 55 % depuis février.

Pour la Banque mondiale, la Jordanie présente de « faibles perspectives de croissance » cette année, avec un taux de chômage de sa population en âge de travailler de 18,5 %.

« Absolument injuste »

« Ce qui s'est passé est sans précédent », affirme Kamhawi en parlant des manifestations qui ont duré toute la semaine, soulignant qu'elles représentent « une convergence des intérêts de toutes les classes sociales : pauvres, riches, classes moyennes, hommes d'affaires, industriels [et] commerçants »

La Jordanie est sous la tutelle de programmes du FMI depuis près de 30 ans, mais la frustration populaire a grandi au cours des deux dernières années, parce que le gouvernement a refusé d'écouter, explique Ahmad Aouad, directeur du Centre de recherche économique de Jordanie.

La loi sur les impôts a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, déclare-t-il, ajoutant que le retrait de ce projet fiscal était inévitable.

Les propositions « ne constituaient en rien une base fiscale équitable. Elles auraient exacerbé le ralentissement économique en réduisant encore davantage le pouvoir d'achat des ménages », affirme-t-il.

Des analystes indiquent que le nouveau défi du gouvernement sera de mettre sur pied une stratégie économique sur le long terme, qui évite de répéter les « erreurs » du passé.

Le gouvernement veut réduire sa dette à 77 % du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2021, alors qu'elle s'élèvait à 94 % en 2015, mais il a jusqu'ici utilisé l'augmentation des impôts et des taxes, explique Kamhawi.

Au lieu de cela, il devrait se concentrer sur le contrôle des dépenses et la réduction de la corruption qui mine l'économie, ajoute-t-il.

« Opportunité historique »

Jeudi, le nouveau Premier ministre a promis que toute augmentation d'impôt sera systématiquement compensée par des améliorations dans les secteurs de la santé, de l'éducation et des transports.

Le ministre de 58 ans avait représenté la Banque mondiale dans ce pays lourdement endetté entre 2002 et 2006.

« Son poste demande une personnalité très solide, capable d'affronter toute la corruption qui pourrit les organismes publics, et de tenir tête aux institutions financières internationales », explique Kamhawi.

Mais la Jordanie est confrontée à d'importantes contraintes budgétaires.

L'accueil de centaines de milliers de réfugiés fuyant la guerre en Syrie a fait peser un très lourd fardeau sur les finances publiques du royaume, le gouvernement appelant régulièrement la communauté internationale à fournir davantage d'aide.

« C'est une équation très complexe », affirme Kamhawi.

Une vision que partage le politologue Adel Mahmoud, qui pense toutefois « qu'al-Razzaz est face à une opportunité historique ».

Al-Razzaz devra s'entourer d'une équipe ministérielle capable de corriger les erreurs passées du gouvernement, qui « s'est contenté de faire appel aux poches des habitants pour trouver des solutions », conclut-il.

Aimez-vous cet article?

5 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500

Une secte merveilleuse !

Répondre

Améliorez l'image

Répondre

Incroyable!

Répondre

Si Dieu le veut, la Jordanie dépassera cela car c'est un pays fort qui ne peut pas être secoué par des dettes. Nous, les gens, faisons confiance à al-Razzaz. Nos espoirs sont en Dieu, bien sûr, mais si Dieu le veut, nous dépasserons la crise. Que Dieu donne la victoire à ce pays et à Al-Razzaz! J'espère qu'al-Razzaz nous fera oublier le précédent gouvernement qui n'a apporté que la déception aux citoyens!

Répondre

Cela me plaît.

Répondre