Des responsables yéménites et des militants des droits de l'homme ont renouvelé leur appel en faveur d'une solution pacifique à la guerre, indiquant que les bélligérants s'occupent essentiellement des combats et que la bonne gouvernance en pâtit et que la pauvreté et la corruption prospèrent.
Ils ont exprimé l'espoir que toutes les parties au conflit suivent un nouveau plan visant à relancer les négociations pour mettre fin à la guerre, que l'envoyé spécial des Nations unies au Yémen, Martin Griffiths, s'est engagé à présenter mi-juin.
Alors que la guerre entre dans sa quatrième année, les cas de violation et de corruption ont augmenté.
Ainsi, en début de mois, Human Rights Watch a publié un rapport déclarant que des fonctionnaires avaient « torturé, violé et exécuté » des migrants et des demandeurs d'asile au centre de détention de Buraika à Aden.
Les migrants détenus dans ce centre, en service depuis début 2017, se sont vu refuser la protection accordée aux réfugiés et ont souvent été déportés en masse sur une mer agitée, selon HRW.
Le ministre de l'Intérieur Ahmed al-Misri a ordonné « l'arrestation immédiate » du colonel Khalid al-Alwani, commandant du centre, et a commencé le transfert des détenus vers un autre centre.
Al-Alwani fait actuellement l'objet d'une enquête « sur des violations des droits de l'homme et des cas de viols contre des migrants africains », a rapporté le ministère dans une déclaration.
Al-Alwani a été suspendu de ses fonctions de supervision du centre de détention de Buraika à la mi-mars, mais il a continué à servir comme chef de la police du district de Mualla à Aden.
Le ministère a fait savoir qu'il mènera une enquête approfondie et prendra des mesures juridiques contre les personnes reconnues coupables d'abus, « qu'elles fassent ou non partie du ministère ».
Reprise des négociations de paix
Il ne sera possible d'empêcher les violations et de soulager l'état général de misère au Yémen que si « toutes les parties font des concessions et répondent aux exigences pour la paix », a déclaré Abdoullah al-Manakhi, conseiller à l'Autorité générale d'investissement.
« Les souffrances que les Yéménites ont endurées pendant trois ans sont insupportables », a-t-il déclaré à Al-Mashareq, notant que le retour des négociations est la seule option viable.
Les signalements de violations et de mauvais comportements au centre de détention se font alors que 22 millions de Yéménites ont besoin d'aide, a-t-il expliqué, indiquant que l'arrêt du versement des salaires des fonctionnaires a précipité de nombreux Yéménites dans la pauvreté.
Une situation qui oblige les responsables politiques à faire quelque chose, a-t-il déclaré, à répondre aux efforts du nouvel envoyé spécial des Nations unies au Yémen, qui a pris ses fonctions à la mi-février, « et à participer à des pourparlers sérieux ».
« Les violations des droits de l'homme sont le résultat des effets cumulés de la guerre, qui dure depuis trop longtemps », a expliqué Tareq al-Zuraiqi, secrétaire général de l'Organisation pour la paix, le secours et le développement.
Les belligérants doivent « travailler pour la paix et le dialogue, et placer les intérêts des Yéménites et leur liberté, leur sécurité et leur souveraineté sur leur terre au-dessus de toutes les considérations », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
Absence de l'autorité de l'État
Al-Zuraiqi a indiqué que les violations se déroulant au Yémen comprennent le fait de cibler, d'assiéger et d'affamer les civils, ainsi que la destruction des infrastructures, en violation de toutes les normes et lois existantes.
La guerre a ravagé le pays, qui souffre gravement de l'absence de l'autorité de l'État, des lois et de la responsabilité, a déclaré Khaled al-Faqih, directeur des programmes de la station de radio locale d'Ibb.
« En l'absence du gouvernement, les organisations de la société civile ont un rôle important à jouer pour aider les citoyens impuissants qui paient quotidiennement le prix de la guerre », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Al-Faqih a appelé toutes les parties au conflit à rechercher une solution pacifique.
« Nous sommes fatigués de cette guerre, de la destruction et du sang versé », a-t-il fait savoir. « Il est temps que nous recherchions la paix, le retour au dialogue et la coexistence en tant que frères et partenaires dans la construction et le développement. »
La guerre nous a tué ; elle a détruit notre avenir et ruiné le peuple. Seuls les injustes et les pécheurs en profitent. Jusqu'à quand? Le temps est contre nous. Il n'y a pas de commerce ou d'éducation.
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