Des exercices militaires conjoints entre les forces spéciales du Qatar et leurs homologues américaines ont plusieurs objectifs politiques et militaires, au vu de la situation politique régnant dans le Golfe et dans le reste du Moyen-Orient, ont expliqué des experts à Al-Mashareq.
D'une part, ces exercices renforcent les relations entre le Qatar et les États-Unis, et d'autre part, d'un seul point de vue militaire, ils améliorent les capacités des deux pays et aident les forces américaines à se familiariser avec un environnement opérationnel différent, ont-ils indiqué.
Le dernier exercice conjoint entre les forces spéciales qataries et le Groupe d'action des opérations spéciales combinées pour la péninsule arabique s'est tenu sur une période de cinq jours en octobre.
Il faisait partie d'un programme d'entraînement lancé fin 2016 et qui s'est poursuivi jusqu'à début 2017, a fait savoir le général de brigade et commandant des forces spéciales conjointes Hamad ben Abdoullah al-Fetais al-Marri à Qatar TV en octobre.
« La deuxième phase de l'entraînement, qui a commencé aujourd'hui, se prolongera jusqu'à fin 2019. Elle comprend de nombreux exercices et manœuvres au Qatar et à l'extérieur », a-t-il déclaré.
Ces exercices « s'inscrivent dans le cadre d'une coopération militaire conjointe, concernant notamment la défense et le renforcement des capacités défensives des forces qataries », a rapporté à Al-Mashareq l'expert militaire qatari Riyad al-Ali.
La majorité des forces militaires du Qatar, y compris toutes les branches des forces terrestres, aériennes et navales, ont reçu un entraînement de la part des États-Unis, a-t-il fait savoir, soulignant que les deux pays ont participé à des exercices conjoints par le passé.
« Les exercices conjoints entre les deux pays facilitent toute action qui devrait être prise sur le terrain en réponse à une situation d'urgence », a déclaré al-Ali.
Ces manœuvres permettent à chaque pays de se familiariser avec la façon dont l'autre opère, et facilitent l'élaboration et la mise en place de plans d'urgence, a-t-il expliqué.
Une autre facette de ces exercices est que par ce biais, les États-Unis font savoir à l'Iran et à ses alliés qu'ils entretiennent une bonne relation avec le Qatar, alors-même que l'Iran s'efforce de faire paraître le contraire, a-t-il précisé.
Ils permettent également aux États-Unis de s'entraîner dans l'environnement marin de la région, proche de l'Iran, se préparant ainsi mieux à toute intervention pour arrêter les forces iraniennes ou les empêcher de s'étendre, a poursuivi al-Ali.
Le Qatar est un partenaire clé dans la péninsule arabique
« Les États-Unis considèrent le Qatar comme un partenaire clé dans la péninsule arabique, et il est donc naturel que les deux pays entretiennent une coopération militaire intégrale toute l'année durant », a déclaré à Al-Mashareq Mahmoud Abdel-Moneim, chercheur en affaires internationales.
Les exercices récents se sont déroulés dans un contexte de forte tension politique entre les États du Golfe et le Qatar, ce qui souligne l'importance que les États-Unis accordent au fait de parvenir à une solution politique juste satisfaisant toutes les parties, a-t-il indiqué.
Les États-Unis « ont démontré qu'ils conservent une position neutre », a-t-il ajouté, notant que « c'est une bonne occasion de renforcer et développer les relations bilatérales, car la coopération militaire est essentielle pour toutes les formes de coopération ».
« Les États-Unis disposent au Qatar d'une des plus grandes bases militaires au monde, la base d'al-Udeid, que le Pentagone utilise énormément pour toutes les activités américaines dans la région du Golfe en particulier, et dans tout le Moyen-Orient en général », a-t-il indiqué.
« Son existence facilite donc la présence toute l'année de formateurs américains pour améliorer les capacités des forces armées qataries », a-t-il poursuivi.
Renforcement des capacités du Qatar
« Il est de notoriété publique que les États-Unis et d'autres pays qui sont de grands producteurs et exportateurs d'armes entraînent les armées qu'ils équipent et mènent régulièrement avec elles des manœuvres et des exercices militaires conjoints », a déclaré à Al-Mashareq le major général Abdoul Karim Ahmed, expert militaire et ancien officier de l'armée égyptienne Abdoul.
En 2017, a-t-il fait remarquer, les États-Unis ont mené des exercices d'entraînement conjoints avec le Qatar, Bahreïn, le Koweït, l'Arabie saoudite, la Jordanie, les Émirats arabes unis et l'Égypte.
« L'on peut considérer ces exercices comme une activité de routine menée par les armées pour atteindre plusieurs objectifs », a-t-il précisé.
Ces exercices comprennent l'entraînement de forces à l'utilisation de nouvelles armes et à de nouvelles tactiques militaires, ainsi que l'entraînement des troupes participantes à l'acclimatation à de nouveaux terrains.
À l'heure actuelle, les exercices militaires conjoints pour répondre à la menace du terrorisme « sont plus nécessaires que jamais, car la lutte contre les terroristes requiert des capacités et des tactiques spéciales qui différent de celles utilisées par les armées conventionnelles », a noté Ahmed.
« Les États-Unis et tous les pays du monde cherchent à profiter de toutes les occasions de découvrir de nouvelles tactiques et capacités plus avancées et plus utiles contre les terroristes », a-t-il poursuivi.
D'un point de vue purement militaire, « il est important que les États-Unis renforcent les capacités des forces spéciales et de la marine du Qatar, compte tenu de l'existence de la base militaire américaine près de Doha », a-t-il affirmé.
Cela aidera les deux pays à repousser toute tentative des terroristes de la prendre pour cible, a-t-il indiqué.