Début décembre, une nouvelle école qui accueille les réfugiés chaldéens au Liban a ouvert ses portes aux enfants de cette communauté, dont certains ne sont pas allés à l'école depuis quatre ans, et d'autres n'ont jamais été scolarisés.
L'Église chaldéenne au Liban a ouvert cette école, dans le complexe de l'Apôtre Thomas du Centre social pastoral de Notre Dame de la miséricorde divine à el-Baouchriyeh, à l'est de Beyrouth, pour répondre aux besoins croissants de cette communauté.
De nombreux enfants chaldéens irakiens et syriens ne vont plus à l'école depuis 2013, lorsque leurs familles sont allées se réfugier au Liban pour fuir « l'État islamique » (Daech) qui avait occupé leurs villes et leurs villages.
Les situations financières difficiles auxquelles sont confrontées ces familles, en plus des programmes scolaires inhabituels, ont fait que des centaines d'enfants ne sont pas allés à l'école.
Pour résoudre ce problème, le patriarcat chaldéen du Liban a ouvert une école pour eux, en partenariat avec International Orthodox Christian Charities (IOCC) et World Vision.
Un centre de formation professionnelle récemment ouvert et proposant des cours d'anglais, d'informatique et de comptabilité éduquera aussi plusieurs élèves réfugiés.
Cette nouvelle école est « une véritable chance d'apporter une éducation à mon fils, ma situation financière m'ayant empêché de l'inscrire dans une école libanaise », a déclaré Elias Awsaji, dont le fils de cinq ans, André, n'est jamais allé à l'école.
« Je n'ai pas pu inscrire mon fils dans une école parce que les frais d'inscription sont très élevés, et je n'ai pas d'emploi », a-t-il expliqué à Al-Mashareq. « L'ouverture de cette école pour les enfants chaldéens est donc très importante, non seulement pour que mon fils bénéficie d'une éducation, mais aussi pour qu'il côtoie d'autres enfants et surmonte son introversion. »
Apprentissage des bases
Souha Souleiman, de Tel Eskof, a indiqué à Al-Mashareq que l'école apprendra à ses filles, Malak, neuf ans, et Nour, cinq ans, à lire et à écrire, une langue étrangère et des compétences informatiques.
Les deux autres filles de Souleiman, âgées de douze et quatorze ans, vont déjà à l'école, a-t-elle ajouté.
« Je n'avais pas encore inscrit les deux dernières à l'école, parce que les revenus de mon [travail domestique] ne me permettent pas de le faire, je suis séparée d'avec mon mari et je ne peux pas subvenir à leurs besoins », a-t-elle expliqué.
« L'école a été un soulagement pour moi, surtout car elle est près de chez nous. »
Moins d'une semaine après l'ouverture de l'école, cent enfants s'étaient inscrits, selon l'enseignante d'arabe Maryam Janana Jamani, réfugiée venue d'al-Qush dans la province irakienne de la Plaine de Ninive, dont les spécialités sont les sciences et la physique.
L'école accepte les élèves de cinq à neuf ans, a-t-elle fait savoir.
La plupart des élèves inscrits « vont à l'école pour la première fois et il faut beaucoup de travail pour leur enseigner les bases, comme la lecture, l'écriture et les mathématiques », a rapporté Jamani.
Répondre à un besoin urgent
L'évêque chaldéen du Liban, Michel Kassarji, a déclaré que l'école et le centre de formation professionnelle répondront aux « besoins urgents des réfugiés irakiens et syriens au Liban en éduquant leurs enfants ».
Beaucoup d'entre eux ne sont jamais allés à l'école, a-t-il indiqué, bien qu'ils soient au Liban depuis plus de cinq ans.
« Depuis que Daech a envahi leurs régions en Irak et en Syrie, plus de quatre mille familles chaldéennes ont cherché refuge au Liban », a-t-il déclaré. « Depuis, elles vivent dans des conditions très difficiles qui ont empêché la plupart d'entre elles d'inscrire leurs enfants à l'école. »
Parmi les autres raisons qui ont empêché les enfants d'aller à l'école, il y a le fait que certaines familles croient que leur présence au Liban n'est qu'un arrêt temporaire avant de se rendre dans leur destination finale, dans un autre pays, a-t-il précisé.
« Lorsque les familles ont réalisé que leur séjour au Liban serait long, elles n'ont pas pu inscrire leurs enfants dans des écoles publiques libanaises, car les programmes sont différents de ceux d'Irak », a-t-il expliqué.
« Le gouvernement libanais leur a ensuite alloué quelques écoles, mais elles n'ont pas pu s'y inscrire, faute de permis de résidence. »
Accès à l'éducation
Confrontés à cette réalité, « nous, en tant qu'Église, ne pouvions pas rester à rien faire pendant que les enfants de la communauté chaldéenne ne recevaient pas d'éducation », a affirmé Kassarji.
« Nous avons décidé d'ouvrir une école privée pour les réfugiés irakiens et syriens dans le complexe de l'Apôtre Saint Thomas » dans le district de Sad el-Baouchriyeh, a rapporté Kassarji.
Cette école, qui occupe 500 m² dans le complexe, a été approvisionnée en fournitures scolaires et autres équipements.
Kassarji a rapporté que l'école a été conçue « pour recevoir plus de mille écoliers irakiens et syriens réfugiés âgés d'au moins cinq ans, cinq cents d'entre eux participant à la session du matin, et cinq cents l'après-midi ».
Cette école, qui a ouvert ses portes aux élèves le 4 décembre, les aide à recevoir un enseignement dispensé par des enseignants spécialisés, sous la supervision de l'IOCC, a-t-il rapporté.
« L'école et le centre de formation comblent un vide et répondent à un besoin urgent de notre peuple, qui a été contraint par les groupes terroristes et leurs actions criminelles contre eux de chercher refuge au Liban », a-t-il déclaré.