Yazan Ahmad Moustafa, un réfugié syrien de 13 ans, a hâte d'aller dans une école normale pour la première fois de sa vie.
La famille de Yazan a fui son village dans la campagne d'Alep et habite maintenant dans la ville d'Aley, au Mont Liban. Il y a sept mois, il a été inscrit à des cours d'alphabétisation au centre communautaire de Keyfoun, non loin de là.
« Je n'ai jamais été à l'école de ma vie, mais aujourd'hui je veux m'inscrire dans une école après avoir réussi mes cours d'alphabétisation », a fait savoir Yazan à Al-Mashareq.
Pour ce faire, « je suis avec beaucoup d'intérêt tous les cours d'alphabétisation, de sciences et de mathématiques qu'ont me donne au centre », a-t-il rapporté.
En raison de la situation de sa famille, Yazan n'a pas pu aller à l'école, « mais quand j'ai appris l'existence d'un centre d'alphabétisation à Keyfoun, j'ai décidé de m'y inscrire pour construire mon avenir et me renforcer par des connaissances ».
Yazan a avoué ne pouvoir s'empêcher d'envier ses amis qui vont à l'école et qui savent bien lire et écrire.
« Ils me disent ce qu'ils apprennent, et cela m'a donné la curiosité d'apprendre et de lire des livres scientifiques sur Mars et les planètes », a-t-il indiqué.
« Très heureux d'apprendre »
Ghassan Mumtaz al-Saleh, 10 ans, originaire de la province de Quneitra dans le sud de la Syrie, assiste lui aussi aux cours d'alphabétisation du centre communautaire de Keyfoun.
« Je suis bon en mathématiques, et je veux devenir très bon, parce que je veux être pilote », a-t-il expliqué à Al-Mashareq, ajoutant que le centre « m'a permis de connaître la valeur de l'école, mais je n'y avais jamais été avant ».
L'apprentissage de l'alphabet arabe et anglais et des chiffres « est très important pour moi, parce que ça m'aidera à m'inscrire dans une école normale pour terminer mon éducation, parce que je sais que l'éducation est très importante pour mon avenir », a-t-il poursuivi.
Ahmed Hammoud, 13 ans, va lui aussi au centre pour apprendre à lire et à écrire, après une absence de cinq ans de l'école.
« Avant, j'allais dans une école dans mon village près d'Idlib, mais j'ai arrêté quand on a été déplacés », a-t-il raconté. « J'apprends à nouveau à lire et à écrire, et je peux dire qu'après cinq mois, je m'en sors un peu mieux sans faire beaucoup de fautes, ce qui est une bonne chose. »
Ahmed a ajouté qu'il travaille trois heures par jour dans un garage automobile pour un salaire hebdomadaire de 15 000 livres libanaises (10 dollars).
« Je suis très heureux d'apprendre, parce que ce que j'apprends au centre me mettra sur la voie d'une éducation normale », a-t-il indiqué.
« Retour vers le futur »
La mère de Ghassan, Fatima, a confié à Al-Mashareq qu'elle espère que ses cinq enfants termineront leur éducation, et « qu'en tant que parents, nous pourrons accomplir nos obligations envers eux ».
« Tous mes enfants adorent apprendre, mais nous n'avons pas pu leur apporter ça, à cause de notre situation financière et de notre déplacement forcé vers le Liban », a-t-elle rapporté.
« L'ouverture du centre d'alphabétisation et le lancement du programme « Retour vers le futur » m'ont permis d'inscrire quatre de mes enfants, et aujourd'hui ils apprennent à lire et à écrire », a-t-elle déclaré.
Ce projet est financé par le Fonds fiduciaire régional de l'UE en réponse à la crise syrienne (le fonds Madad) et mis en œuvre par AVSI, War Child Holland, Terre des Hommes Italie (TDH-IT) et Terre des Hommes Pays-Bas.
Comme l'a déclaré à Al-Mashareq le père de Yazen, Ahmad Moustafa, ce programme est une aubaine qui a permis à trois de ses cinq enfants d'apprendre.
« Je n'avais pas pu les inscrire à l'école depuis que nous avions été déplacés au Liban en 2012, car je gagne le seul revenu de la famille », a-t-il indiqué.
« Quand je l'ai inscrit au programme, j'ai découvert à quel point Yazan voulait apprendre. Il révise à la maison ce qu'il a appris et parle en anglais avec ses frères », a-t-il raconté. « Alors je l'encourage lui et sa sœur Razan à continuer à apprendre, parce que je veux qu'ils aient un avenir fondé sur l'éducation. »
« L'éducation ne peut pas attendre »
« Le centre reçoit les enfants qui n'ont pas eu la chance d'être reçus dans les sessions de l'après-midi des écoles publiques, et les enfants qui ne sont jamais allés à l'école », a fait savoir Khouloud Khaddaj, enseignante et bénévole du programme.
« Nous proposons des cours d'alphabétisation le matin pour les petits de 4 à 5 ans, et une autre session d'alphabétisation et d'anglais l'après-midi pour les élèves de 8 à 14 ans », a-t-elle expliqué à Al-Mashareq.
« Plusieurs enfants assistent aux cours d'arabe, d'anglais et de mathématiques chaque semaine du lundi au jeudi dans le cadre du programme "L'éducation ne peut pas attendre" », a-t-elle précisé, notant que le centre « reçoit 150 élèves par semaine.
« Au total, ce sont plus de 900 élèves syriens qui bénéficient du projet dans les centres du Mont Liban situés dans les villes de Keyfoun, Qoubeih, Khanshara et Jbeil », a-t-elle ajouté.
Le projet « Retour vers le futur » se déroule au Mont-Liban, dans la vallée de la Bekaa et dans le sud, a précisé Nika Farnworth, responsable de projet pour TDH-IT.
TDH-IT fournit également une aide pour la réhabilitation des écoles publiques, et un soutien psychosocial pour les élèves syriens et libanais, a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.
Les bénévoles des organisations participantes « organisent des réunions avec les parents pour les encourager à éduquer leurs enfants », a-t-elle indiqué, ajoutant que l'organisation cherche aussi à intégrer les communautés de réfugiés et d'habitants locaux.
Oui, nous devons mettre une fin à l’analphabétisme. Nous sommes au 21ème siècle, et je veux être un bénévole. Je suis un enseignant professionnel agréé et j'ai une longue expérience en conseil éducatif et de santé. Fawzi al-Ajami, al-Beqaa.
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