Politique

Le Yémen plongé dans le chaos alors que la guerre entre dans une nouvelle phase

Par Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des combattants houthis lors d'un rassemblement organisé le 5 décembre à Sanaa pour célébrer la mort de l'ancien président du Yémen Ali Abdallah Saleh, tué la veille alors qu'il tentait de fuir la ville. [AFP]

Des combattants houthis lors d'un rassemblement organisé le 5 décembre à Sanaa pour célébrer la mort de l'ancien président du Yémen Ali Abdallah Saleh, tué la veille alors qu'il tentait de fuir la ville. [AFP]

Les combats se sont intensifiés ce week-end au Yémen alors que les Houthis (Ansarallah) s'en prenaient à des membres du parti de l'ancien président assassiné Ali Abdallah Saleh et que les forces yéménites frappaient un camp d'entraînement des Houthis et avançaient sur le port d'al-Hodeidah.

Entre-temps, Saleh, tué le 4 décembre après son appel lancé quelques jours plus tôt en faveur d'un soulèvement populaire contre les Houthis, a été enterré samedi 9 décembre dans son village natal non loin de Sanaa, a fait savoir l'AFP.

Un proche a expliqué qu'une vingtaine de personnes ont assisté à ces funérailles, sous la surveillance étroite des Houthis, tandis qu'un responsable houthi confirmait que l'enterrement avait eu lieu sous une surveillance très stricte.

Le président du parlement et membre du Congrès général du peuple (CGP) Yahya Ali al-Rai et le commandant des Houthis Ali Abou al-Hakim ont assisté à cet enterrement, et les Houthis ont libéré de leur détention le fils de Saleh, Madin, et l'un de ses neveux le temps de participer aux obsèques.

Un jeune Yéménite à côté de la carcasse calcinée d'une voiture, après les récents affrontements entre les Houthis et les fidèles de l'ancien président assassiné Ali Abdallah Saleh, le 6 décembre à Sanaa. [Mohammed Huwais/AFP]

Un jeune Yéménite à côté de la carcasse calcinée d'une voiture, après les récents affrontements entre les Houthis et les fidèles de l'ancien président assassiné Ali Abdallah Saleh, le 6 décembre à Sanaa. [Mohammed Huwais/AFP]

Depuis l'appel au soulèvement populaire de Saleh le 2 décembre, les Houthis ont commencé à combattre, arrêter ou tuer tous ceux qui le soutenaient.

Cette milice appuyée par l'Iran a placé plusieurs membres du soi-disant gouvernement de salut national du parti CGP de Saleh en résidence surveillée et leur a interdit de quitter Sanaa.

« Mesures répressives »

Adel al-Shogaa, membre du comité général du CGP, a expliqué à Al-Mashareq que les Houthis s'étaient engagés dans des mesures « répressives » contre son parti.

Les leaders du CGP à l'étranger travaillent avec la communauté internationale pour mettre un coup d'arrêt à ces pratiques, a-t-il expliqué.

« De plus, il existe des accords nationaux et internationaux pour mettre en lumière cette répression et ces abus, qui ont contraint de nombreux responsables du CGP et des journalistes à quitter Sanaa pour échapper à la répression de ces milices », a-t-il ajouté.

Ces accords comprennent des ententes et une coordination avec le gouvernement du président Abdrabbo Mansour Hadi pour faciliter l'arrivée de ces responsables dans des provinces sous le contrôle du gouvernement légitime, a-t-il précisé.

Le Premier ministre Ahmed Obaid ben Dagher a demandé samedi aux gouverneurs des provinces sous contrôle gouvernemental d'accueillir les familles déplacées de Sanaa, y compris les membres du CGP et ceux participant au soulèvement populaire.

Pour leur part, les Houthis ont continué de lancer des opérations et de piller les maisons des proches de Saleh et des leaders du CGP, sans que les médias en parlent.

Interruption des communications

Les Houthis ont interrompu l'accès à internet dans l'ensemble du pays, a fait savoir l'AFP.

Le Social Media Exchange (SMEX), basé à Beyrouth, qui milite en faveur des droits numériques dans le monde arabe, a indiqué que les Houthis avaient totalement coupé internet jeudi soir et que l'accès restait difficile dans l'ensemble du pays.

« Le Yémen ne compte qu'un seul fournisseur d'accès à internet, YemenNet, et tout groupe ou entité qui le contrôle ou y détient une influence a la possibilité de perturber l'accès à internet ; les perturbations sont donc nationales et non limitées aux zones contrôlées par les Houthis », a expliqué Lara Bitar, chercheuse en chef au SMEX.

Le ministère yéménite des Communications, dirigé par des partisans de Saleh jusqu'à sa mort, est désormais sous le contrôle des Houthis, qui ont resserré leur emprise sur toutes les institutions.

Les employés du ministère non affiliés à la milice ont expliqué ne plus être les bienvenus au travail.

Le SMEX a mis en garde sur le fait que ces interruptions menacent la liberté de la presse et l'accès aux services d'urgence pour les citoyens.

« Les coupures ou les ralentissements sont en général le signe d'actes de répression ou de violence », a poursuivi Bitar.

« Les Yéménites auxquels nous avons parlé nous ont expliqué qu'ils pensent que les récentes perturbations internet sont liées à des tentatives de couvrir des atrocités et des crimes », a-t-elle ajouté.

La semaine dernière, deux chaînes de télévision basées à Sanaa ont été attaquées : les Houthis s'en sont pris à la chaîne Yemen Today de leurs anciens alliés, arrêtant 41 journalistes et membres du personnel, et la coalition a bombardé la chaîne de télévision d'État contrôlée par les Houthis samedi, tuant quatre gardes.

Craintes dans un contexte de répression

Selon des articles parus dans les médias locaux, les Houthis ont à ce jour arrêté 700 membres des Gardes républicains de Saleh.

Dans une émission diffusée dimanche, al-Arabiya TV a révélé que des centaines de leaders, de responsables politiques et de journalistes avaient fui vers les provinces sous le contrôle du gouvernement yéménite afin d'échapper à la répression houthie.

Al-Shogaa a expliqué à Al-Mashareq que l'on ne sait pas encore combien de personnes cela concerne, « car plusieurs dirigeants ont tenté de se réfugier dans des régions inconnues des Houthis ».

L'avocat de Saleh, Me Mohammed al-Masouri, a expliqué à Al-Mashareq être en fuite car les Houthis ont tenté de l'arrêter.

« C'est la raison pour laquelle je ne rentre pas chez moi », a-t-il expliqué. « Je vais d'un lieu à un autre pour tenter d'échapper à la répression des Houthis. »

Les forces yéménites à l'offensive

Dans le même temps, les forces yéménites épaulées par la coalition ont continué de progresser dans leur tentative de libérer al-Hodeidah, reprenant la ville de Khokha, le district de Hays, et le district de Tahtiya ces deux derniers jours.

Les frappes aériennes de la coalition sur un camp d'entraînement administré par les Houthis au nord-ouest de Sanaa dimanche ont tué au moins 26 combattants houthis, a indiqué l'AFP.

Le chef du camp d'entraînement de la province de Hajjah, Amar al-Jarab, compte au nombre des tués lors de ces frappes, ont indiqué des sources proches des Houthis, ajoutant qu'un dépôt où étaient entreposées des roquettes avait également été atteint.

Jeudi, les forces yéménites ont repris aux Houthis la ville de Khokha, sur la mer Rouge, après des affrontements qui ont fait plusieurs dizaines de victimes.

Dimanche, des roquettes Katyousha que l'on pense avoir été tirées par les Houthis ont frappé Khokha, tuant une fillette de 6 ans et blessant cinq autres civils, ont indiqué des habitants.

Plus à l'est, dans la ville de Hays, et au nord à Tahtiya, les Houthis ont affronté les forces yéménites dimanche, ont indiqué des sources proches de la sécurité.

Samedi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a mis en garde contre l'intensification des combats sur la côte de la mer Rouge, à proximité de zones urbaines densément peuplées, appelant tous les camps à protéger les civils.

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5 COMMENTAIRE (S)

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O, Dieu, donne la victoire à la vérité et à son peuple, et préserve le Yémen et son peuple! O, Dieu, choisi les meilleurs parmi nous pour nous diriger!

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Mort au clergé iranien Houthi! Que la malédiction soit sur l'odieux régime clérical iranien, ses milices et ses alliés, et vive les peuples yéménite et iranien!

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L'Est et l'Ouest seront tous les deux bientôt pour Dieu.

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Je dis à la Coalition de craindre Dieu dans le sang qui coule au Yémen. Vous serez tenu responsable de ce sang devant Dieu. Vous n'aurez pas de justification pour ce sang lorsque vous serez devant le trône de Dieu. Craignez Dieu; les enfants, les personnes âgées et les femmes au Yémen meurent de faim et de peur et à cause de votre procrastination. Nous nous plaignons à Dieu contre vous! Nous nous plaignons à Dieu contre vous!

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L'imam al-Mahdi et toutes les sciences mondiales vont bientôt se terminer, et des signes majeurs vont apparaître. Par conséquent, nous, en tant que musulmans, devons prêter allégeance à l'Imam.

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