Terrorisme

Selon une étude, possibles problèmes à la frontière entre le Yémen et l'Arabie saoudite

Par Abou Bakr al-Yamani à Sanaa

Abdoulsalam Mohammed, directeur du Centre d'études stratégiques Abaad, s'est entretenu avec Al-Mashareq au sujet d'un nouveau rapport mettant en garde contre la présence d'al-Qaïda à la frontière nord-est du Yémen. [Photo fournie par Abdoulsalam Mohammed]

Abdoulsalam Mohammed, directeur du Centre d'études stratégiques Abaad, s'est entretenu avec Al-Mashareq au sujet d'un nouveau rapport mettant en garde contre la présence d'al-Qaïda à la frontière nord-est du Yémen. [Photo fournie par Abdoulsalam Mohammed]

Un nouveau rapport fait craindre qu'al-Qaïda, qui perd du terrain dans la province de l'Hadramaout et d'autres parties du Yémen, tente de se regrouper le long de la frontière nord-est du pays avec l'Arabie saoudite.

Les Houthis (Ansarallah) étant déjà retranchés à la frontière nord-ouest entre le Yémen et le royaume saoudien, les répercussions en termes de sécurité pour les deux pays seraient massives si al-Qaïda réussissait à s'implanter dans cette zone frontalière, a-t-il affirmé.

Un rapport du Centre d'études stratégiques Abaad publié le 19 octobre a affirmé que cette situation créerait une « frontière de l'enfer » entre les deux pays.

Il a également insisté sur le fait que la sécurité du Yémen ne peut être assurée que grâce à un État souverain présentant une doctrine nationale complète.

Abdoulsalam Mohammed, directeur du Centre d'études stratégiques Abaad, s'est entretenu avec Al-Mashareq au sujet de cette étude, qui fait partie d'une série d'études intitulée « La brutalisation du terrorisme au Yémen ».

Al-Mashareq : En quoi la publication de ce rapport est-elle importante à l'heure actuelle ?

Abdoulsalam Mohammed : Le centre conduit de nombreuses études sur plusieurs questions sécuritaires, militaires, politiques, intellectuelles et sociales, et même des questions économiques et humanitaires qui ont un impact direct sur la situation globale au Yémen.

Dans le cas de la première partie de l'enquête intitulée « La brutalisation du terrorisme au Yémen », qui portait le titre « La guerre fragile contre al-Qaïda », le centre a mené à bien l'étude deux mois avant sa publication.

Mais le moment était opportun, car la publication s'est déroulée quelques jours avant la désignation de personnalités yéménites comme terroristes mondiaux. [Le 25 octobre, le Trésor américain a annoncé qu'il allait imposer des sanctions sur les financiers du terrorisme au Yémen, visant huit individus et une organisation pour avoir aidé « l'État islamique » (Daech) et al-Qaïda au Yémen. Cette décision a été prise en partenariat avec l'Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, le Koweït, Oman et les Émirats arabes unis].

Al- Mashareq : Pourquoi l'avez-vous appelée « la frontière de l'enfer » ?

Mohammed : La frontière a reçu la désignation « enfer » au cas où al-Qaïda s'emparerait de la partie nord-est de la frontière yéménite avec l'Arabie saoudite, tandis que les Houthis en contrôlent la zone nord-ouest.

Cette région deviendrait alors une zone de combats qui affecterait de façon négative la sécurité régionale et celle de l'Arabie saoudite et du Yémen en particulier, notamment au vu de rapports indiquant qu'al-Qaïda se retire de l'Hadramaout et migre tout son arsenal vers le désert au nord-est.

Al-Mashareq : Est-ce qu'al-Qaïda présente une menace plus grande que Daech au Yémen ?

Mohammed : Le conflit de Daech contre al-Qaïda l'a affaibli, tout comme sa dépendance vis-à-vis de personnalités non locales.

Les autres raisons de son handicap comprennent la grande expérience d'al-Qaïda [au Yémen] et le financement que cela a généré grâce à la prise de contrôle de plusieurs villes pendant le coup d'État des Houthis à Sanaa. Parmi celles-ci se trouvaient al-Moukalla dans l'Hadramaout, Zinjibar à Abyan, Azzan à Shabwa et Radaa à al-Bayda.

Al-Qaïda voit également le Yémen comme le point de lancement du groupe, et ne permet donc pas de concurrence de la part de Daech. De plus, certains dirigeants d'al-Qaïda ont rejoint Daech et l'ont quitté, ayant apparemment infiltré puis affaibli le groupe.

Al-Mashareq: Pourquoi les zones contrôlées par les Houthis et leur allié, l'ancien président Ali Abdallah Saleh, ne connaissent-elles pas une prolifération de combattants d'al-Qaïda et de Daech ?

Mohammed : Tout d'abord, nous devons comprendre que toutes les milices, quelle que soit leur idéologie, possèdent le même état d'esprit, qui est de s'emparer de la plus grande partie possible de l'héritage du malade, c'est-à-dire l'État yéménite, que les milices de tout poil prennent pour cible pour prendre le contrôle. Les milices cherchent donc à [conquérir et] diviser et à éviter la confrontation.

Ensuite, al-Qaïda est né dans les années 1990 dans des zones connues pour leur terrain difficile - vallées profondes, montagnes escarpées et déserts arides -, ce qui lui donne la manœuvrabilité et la capacité de fuir, de se retirer et d'attaquer.

Ces zones se trouvent dans les provinces d'Abyan, d'al-Bayda, de l'Hadramaout et de Shabwa.

Al-Qaïda a établi sa présence dans ces régions afin d'attirer et de recruter des sympathisants, profitant de leur pauvreté, de leur ignorance et de leur manque de sources de revenus.

Ces conditions se retrouvent dans les tribus du désert, par contraste avec les tribus du nord, qui dépendent de la culture du qat pour vivre.

Quoi qu'il en soit, de nombreuses attaques se sont produites dans les zones contrôlées par les Houthis et qui ont été revendiquées par al-Qaïda ou Daech, à l'instar des attaques contre les mosquées de Badr et d'al-Hashoush.

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