Sécurité

L'Égypte combat des groupes armés dans le désert occidental

Par Ahmed al-Sharqawi au Caire

Des soldats égyptiens inspectent les lieux d'un attentat en 2014 dans le désert occidental, près de l'oasis d'al-Farafra à al-Wadi al-Gadid, lors duquel 21 gardes-frontières ont trouvé la mort. [Stringer/AFP]

Des soldats égyptiens inspectent les lieux d'un attentat en 2014 dans le désert occidental, près de l'oasis d'al-Farafra à al-Wadi al-Gadid, lors duquel 21 gardes-frontières ont trouvé la mort. [Stringer/AFP]

Le vaste désert occidental égyptien, près de la frontière avec la Libye, est devenu une zone d'intenses combats entre l'armée égyptienne et divers groupes armés extrémistes.

Les forces égyptiennes ont été attaquées sur des routes majeures traversant le désert, qui couvre une zone totale d'environ 681 000 kilomètres carrés.

Des attentats suicides visant des civils ont également été planifiés et mis à exécution par des cellules extrémistes opérant dans le désert, qui s'étend sur 1 000 kilomètres du nord au sud et 600 kilomètres d'est en ouest, bordant la Libye.

En réponse à ces menaces à la sécurité, et pour déjouer la contrebande d'armes depuis la Libye, les forces de la police et de l'armée ont lancé des raids et des frappes aériennes qui ont causé la mort de dizaines de militants, et en ont poursuivi d'autres loin dans le désert.

Plus récemment, les forces égyptiennes ont renforcé leurs actions pour arrêter des éléments terroristes suite à une attaque mortelle contre un contingent de policiers le 20 octobre près de Wadi al-Hitan.

Selon le ministère de l'Intérieur, des extrémistes armés ont attaqué le contingent alors qu'il s'apprêtait à lancer un raid contre un repaire terroriste à al-Wahat al-Bahriya, tuant seize policiers et en blessant treize autres.

Après cette opération, l'armée a lancé plusieurs opérations au sol, ainsi que des frappes aériennes, en coopération avec la police, tuant les auteurs des faits.

Contrebande transfrontalière

L'armée égyptienne a été en mesure de contrer de nombreuses tentatives de contrebande d'armes vers l'Égypte par la frontière libyenne.

Ainsi, le 27 juin, l'armée a détruit douze véhicules tout-terrain chargés d'armes, de munitions et d'explosifs alors qu'ils tentaient de traverser la frontière depuis la Libye.

Le 16 juillet, les forces égyptiennes ont déjoué une autre tentative de faire entrer des armes illégalement dans le pays par sa frontière occidentale avec la Libye.

Et le 30 octobre, l'armée a mis en échec une autre tentative de contrebande d'armes par la frontière, détruisant six véhicules tout-terrain et tuant tous les « éléments criminels » s'y trouvant, ont fait savoir les forces armées dans un communiqué.

« Des unités de gardes-frontières égyptiens, avec l'appui de l'armée de l'air, ratissent les frontières occidentales dans la zone d'opération », a précisé le communiqué.

Problèmes dans le désert occidental

Les problèmes ont commencé dans le désert occidental en juillet 2014, lorsque des extrémistes ont attaqué un poste de contrôle des gardes-frontières à al-Farafra à al-Wadi al-Jadid, tuant 29 officiers et conscrits de l'armée. Quatorze extrémistes ont été tués lors de l'affrontement.

Le procureur militaire d'Égypte a ensuite révélé que cette attaque du 19 juillet avait été menée par Hisham Ali Ashmawi, un officier renvoyé de l'armée égyptienne qui dirigeait une cellule du groupe terroriste Ansar Bayt al-Maqdis.

Ansar Bayt al-Maqdis a plus tard juré fidélité à « l'État islamique » (Daech), et agit sous le nom de Wilayat Sinaï.

« Cette attaque a conduit à un changement de la stratégie militaire concernant le positionnement des points de contrôle de sécurité le long des routes majeures dans le désert occidental », a indiqué Iman Ragab, experte du Centre Al-Ahram d'études politiques et stratégiques.

À partir de ce moment-là, a-t-elle précisé à Al-Mashareq, l'armée a commencé à effectuer des patrouilles aériennes périodiques dans les zones où les éléments terroristes sont soupçonnés établir des repaires.

« Depuis le lancement de cette opération, des différends ont éclaté au sein d'Ansar Bayt al-Maqdis », a-t-elle rapporté, et le leader du groupe, Abou Hammam al-Ansari, a prêté allégeance à Daech pour obtenir un soutien financier et autre.

« Cependant, Ashmawi n'a pas été d'accord avec lui sur ce point et a décidé de fuir vers la Libye avec plusieurs de ses partisans pour y fonder un nouveau groupe », a-t-elle relaté.

Après qu'Ansar Bayt al-Maqdis a juré fidélité à Daech, al-Ansari a chargé Ashraf al-Gharbali de la cellule du groupe dans le désert occidental, a-t-elle continué.

Cette cellule a mené sa seconde opération en juillet 2015, sa première sous le commandement de Daech, enlevant et décapitant l'ingénieur pétrolier croate Tomislav Salopek.

En novembre 2015, la police a tué al-Gharbali au Caire, après que le ministère de l'Intérieur eut reçu des informations indiquant qu'il s'y trouvait pour planifier une attaque.

Traque des extrémistes

Les attaques dans le désert occidental se sont un peu calmées après la mort d'al-Gharbali, jusqu'à ce que la cellule, sous le commandement du nouveau dirigeant Waleed Hussein, tue huit policiers le 8 mai 2016 à Helwan, au sud du Caire.

Les services de renseignement ont traqué Hussein et deux de ses associés dans la région de Ras al-Bar près de la frontière nord avec la Libye et les ont tués le 6 juillet 2016.

Après avoir subi des pertes grandissantes dans le désert occidental, les extrémistes se sont regroupés, et ont nommé Izzat Muhammad Hassan, aussi appelé Izzat al-Ahmar, au poste de commandant de la cellule, a fait savoir Ahmed Ban, expert en groupe terroriste.

« Izzat était connu pour son expertise dans la fabrication d'explosifs et le développement d'armes », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Des enquêtes ont confirmé « qu'Izzat avait aidé un membre de Daech dans le sud de l'Égypte, Amr Saad Abbas, et lui avait fourni des fonds », a indiqué Ban.

La nouvelle cellule, dirigée par al-Ahmar et Abbas, a mené un attentat contre des civils coptes en décembre 2016 au cours de laquelle le membre de la cellule Mahmoud Shafiq Mohammed s'est fait exploser dans une église au Caire, tuant 25 personnes.

Les repaires du désert pris pour cibles

Un mois plus tard, le 16 janvier 2017, la cellule a effectué une nouvelle attaque, cette fois au cœur du désert occidental, tuant huit policiers à un poste de contrôle d'al-Wadi al-Gadid, et en blessant trois autres.

Deux des attaquants ont été tués lorsque les forces de sécurité ont répliqué, a déclaré le ministère de l'Intérieur, ajoutant que l'attaque avait eu lieu au poste de contrôle d'al-Naqab, à environ 80 kilomètres de la capitale provinciale d'al-Kharga, dans le désert occidental.

Les attaques contre l'église copte au Caire et le poste de contrôle d'al-Naqab « étaient deux des plus dangereuses attaques menées par Daech dans le désert occidental », a fait savoir le major général Tharwat al-Nasiri, conseiller à l'Académie militaire Nasser.

« Les forces de l'armée et de la police ont lancé des opérations de grande envergure contre la cellule et ont tué nombre de ses membres, et le nombre d'attaques a par conséquent baissé », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

De nombreux militants se sont enfoncés dans le désert, et ils sont pourchassés ou se terrent dans un repaire de montagne, a-t-il conclu.

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