Au cœur du vaste camp de réfugiés jordanien de Zaatari, une équipe de citoyens journalistes produisent un magazine qui donne la parole aux réfugiés syriens.
The Road, produit par des bénévoles et distribué gratuitement aux habitants du camp, raconte l'histoire des réfugiés avec les mots de ceux qui l'ont vécue directement.
Ce magazine, lancé en mai 2014 par l'organisation non gouvernementale internationale Japanese Emergency (JEN) avec le soutien de l'UNICEF, rassemble le travail de près de 150 citoyens journalistes âgés de 14 à 27 ans.
Ces journalistes parcourent le camp, affublés de vestes bleu marine et relatent de nombreux aspects de la vie à Zaatari.
« L'idée est née lorsque nous avons voulu laisser les réfugiés syriens exprimer ce qu'ils ressentent », a fait savoir Cyril Cappai, directeur du JEN en Jordanie.
Les nouvelles concernant la vie dans le camp sont en général diffusées au public par le biais d'organisations internationales, pas « par les gens eux-mêmes », a-t-il indiqué.
« Dans The Road, c'est la voix du peuple. »
« Tout a commencé il y a quatre ans avec un groupe de sept hommes volontaires », a rapporté Huda Sarhan, rédactrice en chef de The Road. « Ils ont créé un magazine de huit pages [portant sur les sujets] qui les concernaient en tant que réfugiés. »
En quelques années, le nombre de bénévoles a augmenté, des femmes ont commencé à rejoindre l'initiative et le magazine a grandi en taille et en circulation, créant l'événement dans la communauté, a-t-elle relaté à Al-Mashareq.
À l'heure actuelle, 20 000 exemplaires en arabe sont distribués gratuitement dans tout le camp, a-t-elle fait savoir, et des exemplaires en anglais sont remis aux diverses organisations d'aide qui y travaillent.
Ce magazine de 24 pages comprend des articles qui intéressent les réfugiés ou qui racontent leurs histoires – leur fuite de Syrie et leurs efforts pour s'adapter à leur nouvelle situation dans le camp.
« Personne ne peut écrire sur nous à notre place »
Abeer al-Eid, 25 ans, est l'une des journalistes du magazine.
Elle a rejoint l'équipe dès qu'elle a entendu parler de The Road, a-t-elle raconté à Al-Mashareq, et elle a commencé à écrire sur les questions humanitaires du camp.
Elle aime aussi écrire des poèmes sur son pays et son désir d'y retourner.
« J'ai toujours rêvé de devenir journaliste », a-t-elle déclaré. « Je vis maintenant ce rêve dans le camp. »
Un autre journaliste, qui se fait appeler Mohammad, a indiqué à Al-Mashareq qu'il écrit pour transmettre la voix de son peuple au reste du monde.
« Personne ne peut écrire sur nous à notre place », a-t-il déclaré. « Vous ne pouvez pas raconter notre histoire avec fidélité, car nous seuls avons vécu tout cela. »
Le peuple syrien est créatif, a-t-il affirmé : « Je veux montrer cela au monde ».
Mohammad contribue à la section du magazine qui met en lumière des histoires de réussite des réfugiés et leur créativité pour s'adapter à la vie dans le camp.
Ayant grandi, le magazine inclut désormais des articles écrits par des réfugiés syriens vivant aussi à l'extérieur de Zaatari.
The Road aborde également des questions sociales, évitant les sujets sensibles comme la politique et la religion, et il doit être relu et approuvé par la Direction syrienne des affaires aux réfugiés (DSAR) en Jordanie avant d'être publié.
Les défis du magazine
Enseigner les bases du journalisme aux bénévoles a d'abord été un défi, a déclaré Sarhan.
« Au début, leurs articles demandaient beaucoup de modifications, alors nous avons dû repartir de zéro », a-t-elle rapporté.
Les bénévoles du magazine ont depuis participé à des ateliers de formation sur le journalisme, la rédaction d'articles, et la prise de photos et de vidéos, a-t-elle indiqué.
« Nous profitons de chaque journaliste ou photographe qui visite le camp de Zaatari pour qu'il vienne former les journalistes », a indiqué Sarhan, même s'ils ne peuvent donner qu'une courte leçon.
Selon Cappai, le financement est l'une des plus grandes difficultés du magazine.
L'équipe de The Road est constituée intégralement de bénévoles, a-t-il précisé, ajoutant que le graphiste est un réfugié syrien vivant à Copenhague et ayant offert son aide.
Les journalistes ne sont pas payés, mais on leur fournit des ordinateurs portables qu'ils peuvent utiliser dans un bureau du camp, où se tiennent les réunions de rédaction.
Grâce au travail de ses journalistes bénévoles, le magazine gagne en popularité auprès des quelque 79 000 habitants du camp et en reconnaissance internationale, et il aide à raconter au monde l'histoire de la vie des réfugiés.
Que la paix soit sur vous! Je suis Mohammed al-Rubaei. Je suis bénévole au magazine Al-Tariq. Au nom de tous les membres de l'équipe, je remercie tous ceux derrière ce beau geste. Que Dieu vous bénisse!
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