Éducation

Yémen : la guerre prive les filles d'éducation

Par Abou Bakr al-Yamani à Sanaa

Des jeunes filles yéménites reviennent de l'école à Sanaa. Bien que de nombreuses écoles du pays n'aient pas d'élèves, celles de la région de Sanaa sont surpeuplées à cause de l'arrivée de familles déplacées. [Photo fournie par Mohammad Abdoullah]

Des jeunes filles yéménites reviennent de l'école à Sanaa. Bien que de nombreuses écoles du pays n'aient pas d'élèves, celles de la région de Sanaa sont surpeuplées à cause de l'arrivée de familles déplacées. [Photo fournie par Mohammad Abdoullah]

La guerre en cours au Yémen a affaibli les succès obtenus ces dernières années en matière d'inscription à l'école, notamment pour les filles, ont indiqué des responsables à Al-Mashareq.

Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), les filles sont 79 % plus susceptibles d'être non scolarisées que les garçons dans les pays qui connaissent un conflit.

Au Yémen, où le gouvernement est engagé dans une longue guerre contre les Houthis, le taux de scolarisation des filles a fortement chuté, 31 % d'entre elles étant désormais déscolarisées, a fait savoir l'UNICEF le 11 octobre, Journée internationale des filles.

Des responsables yéménites ont expliqué que la chute du taux de scolarisation des filles risquait d'inverser les avancées faites au cours des dernières années pour augmenter le nombre de filles scolarisées.

Des jeunes filles yéménites reviennent de l'école à Sanaa. Dans certaines régions du pays, des familles choisissent de garder leurs filles à la maison à cause des problèmes de sécurité. [Photo fournie par Mohammad Abdoullah]

Des jeunes filles yéménites reviennent de l'école à Sanaa. Dans certaines régions du pays, des familles choisissent de garder leurs filles à la maison à cause des problèmes de sécurité. [Photo fournie par Mohammad Abdoullah]

« La guerre a eu un impact direct sur le taux d'inscription des élèves dans les écoles, surtout chez les filles, pour des raisons économiques et de sécurité », a déclaré à Al-Mashareq Mohammed al-Saqqaf, vice-ministre de l'Éducation.

Le déplacement d'un grand nombre de personnes vers Sanaa, en particulier des provinces d'Amran et de Saada au nord, et des provinces de Taez et Ibb au sud, a fait peser un énorme poids économique sur les familles, a-t-il rapporté.

Cela a contribué à leur décision de garder leurs filles chez eux, a-t-il ajouté.

infrastructure endommagée, problèmes de sécurité

« Plus de deux mille écoles ont été totalement ou partiellement détruites, et cela a eu un effet direct sur le taux d'inscription des filles, surtout dans les zones rurales où les parents refusent d'envoyer leurs filles dans des écoles mixtes », a déclaré al-Saqqaf.

Les problèmes de sécurité et la peur d'attaques contre les écoles font aussi partie des raisons pour lesquelles les parents gardent leurs filles chez eux, a-t-il précisé.

« Les conditions économiques difficiles auxquelles les parents sont confrontés et l'absence de travail à cause de la guerre ont contraint les familles à se concentrer sur le fait de gagner leur vie », a-t-il indiqué, notant que de nombreux enfants ne vont pas à l'école car leurs familles ne peuvent pas payer les frais d'inscription.

En plus des actions prises par le ministère pour encourager la scolarisation, plusieurs organisations internationales d'aide « fournissent des sacs d'école et de la nourriture », a-t-il fait savoir.

Dans certaines zones rurales, de petites quantités d'argent liquide sont versées aux parents pour les encourager à envoyer leurs filles à l'école.

« Cependant, ces efforts se heurtent souvent aux conditions économiques et aux problèmes de sécurité », a-t-il déploré.

Selon l'économiste Abdoul Jalil Hassan, le Yémen a augmenté le taux de scolarisation de 17 % au cours des dix dernières années, citant des données de la National Basic Education Development Strategy (NBEDS).

Des agences de l'ONU ont indiqué que l'éducation au Yémen était dans un état d'urgence, en raison de la crise des déplacements et de l'utilisation d'écoles comme camps de déplacés ou dans le conflit armé, perturbant le processus pédagogique, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

Les PDI s'entassent dans les écoles de Sanaa

Alors que la plupart des écoles d'une grande partie du Yémen sont vides de tout élève, des salles de classe du district administratif de Sanaa sont surpeuplées à cause de l'arrivée de familles déplacées dans la zone.

Sanaa a reçu près de dix mille élèves, garçons et filles, déplacés depuis d'autres provinces, a indiqué Mohammed al-Fadhli, directeur général du Bureau de l'éducation du district.

Cela a contraint les écoles à instaurer des cours du matin et des cours du soir, a-t-il rapporté.

« Cela a fait augmenter la scolarisation et nous a confrontés au problème de l'accueil de ces élèves et de la réponse à leurs besoins avec les ressources limitées disponibles », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Le manque de salles de classe et l'état des bâtiments scolaires existants restent un problème, a déclaré al-Fadhli.

« La construction de nouvelles écoles a été interrompue pendant cinq ans, et plusieurs écoles sont partiellement ou totalement hors service », a-t-il indiqué.

L'augmentation de la scolarisation est une bonne chose, « si les écoles ont les éléments pédagogiques requis, comme des manuels scolaires, des ateliers et des enseignants présents en classe », a déclaré Iman Hussein, enseignante dans une école privée de Sanaa.

Cependant, a-t-elle ajouté pour Al-Mashareq, les écoles publiques manquent de la plupart de ces ressources et les enseignants ne viennent pas travailler, car le paiement de leurs salaires a été suspendu.

Cela « menace de rendre la génération future ignorante et menace l'avenir du pays », a-t-elle affirmé.

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