Sécurité

Les agriculteurs libanais veulent retrouver leurs terres

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Des membres de l'armée libanaise indiquent les régions du juroud de Ras Baalbek et d'al-Qaa récemment libérées de « l'État islamique ». [Photo fournie par Jocelyn Abou Farhat]

Des membres de l'armée libanaise indiquent les régions du juroud de Ras Baalbek et d'al-Qaa récemment libérées de « l'État islamique ». [Photo fournie par Jocelyn Abou Farhat]

Des agriculteurs libanais s'apprêtent à retrouver leurs terres dans les zones proches de Ras Baalbek et d'al-Qaa, après une absence forcée de cinq ans imposée par « l'État islamique » (Daech).

Le mois dernier, l'armée libanaise a chassé Daech des zones montagneuses de la frontière près de ces deux villes au cours de l'Opération Fajr al-Juroud (Aube d'al-Juroud).

Des opérations sont en cours pour retirer les mines et les engins explosifs improvisés (EEI) laissés par Daech dans ces zones.

À Ras Baalbek, les habitants « attendent en hâte de revenir sur leurs terres dans le juroud », a indiqué Naji Nasrallah, agriculteur et responsable chargé des pépinières dans la coopérative agricole de la ville.

Des habitants d'Arsal fêtent la libération des zones proches de leur ville des mains de « l'État islamique » par l'armée libanaise. [Photo fournie par Jocelyn Abou Farhat]

Des habitants d'Arsal fêtent la libération des zones proches de leur ville des mains de « l'État islamique » par l'armée libanaise. [Photo fournie par Jocelyn Abou Farhat]

« Nous ne pouvons pas aller sur nos terres à l'heure actuelle, car l'armée est en train de désamorcer et de faire exploser des milliers de mines et d'EEI posés par Daech », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

En attendant, les agriculteurs planifient la préparation de leurs terres pour qu'elles soient à nouveau cultivées, a-t-il poursuivi.

Ces terres, qui comprennent des pentes montagneuses et des vallées, couvrent un total d'un million de mètres carrés et il y pousse des céréales arrosées par la pluie, comme le blé et l'orge, et des arbres donnant des fruits à noyau, comme les abricots et les cerises.

Ces dernières années, les agriculteurs ont commencé à cultiver de nouvelles plantes sous serre, et les terres incluent de vastes pâturages pour le bétail.

Avant que Daech occupe le juroud, les habitants « avaient fait des travaux de remise en état sur leurs terres et avaient creusé des puits pour l'irrigation, ce qui avait coûté des milliers de dollars, et d'autres avaient ouvert des dizaines de carrières », a indiqué Nasrallah.

Nasrallah et ses oncles possèdent plus de 100 000 m² de terres entre Shaab al-Keif – où Daech s'est servi d'une grotte comme quartier général – et la ville syrienne d'al-Qara.

« Nous espérons que le gouvernement fournira une aide aux agriculteurs pour les encourager à revenir dans le juroud et à investir dans les terres agricoles », a-t-il déclaré.

Postes militaires permanents

Les habitants « ont hâte de retrouver leurs terres et leurs exploitations agricoles dès que l'armée aura fini de faire exploser les mines » et d'ouvrir les routes, a indiqué Dureid Rahhal, maire de Ras Baalbek et ancien officier de l'armée libanaise.

L'armée a mis en place des postes permanents dans le juroud, grâce auxquels « les habitants se sentiront en sécurité et qui les encourageront à investir à nouveau dans leurs terres », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Jadis, des patrouilles de l'Autorité des douanes faisaient des arrêts rapides dans le juroud, mais maintenant l'armée y possédera une présence permanente, a-t-il précisé.

Les habitants de Ras Baalbek possèdent de vastes étendues de terrains dans le juroud, qu'ils utilisent pour faire pousser plusieurs cultures, a indiqué Rahhal, mais après l'occupation de Daech, la zone cultivée est passée d'un million de mètres carrés à 60 000.

« Les habitants ont hâte de travailler à nouveau leurs terres sous la protection de l'armée libanaise », a-t-il affirmé.

Préparation à l'ère post-Daech

À al-Qaa, les habitants attendent que l'armée finisse d'enlever les mines des zones environnantes pour pouvoir revenir.

Parmi eux se trouve Shawki al-Toum, édile municipal d'al-Qaa, qui a déclaré à Al-Mashareq qu'il possédait environ 50 000 m² à Wadi al-Keif, sur lesquels il faisait pousser du blé et de l'orge.

« La présence de Daech sur mes terres et dans le juroud les a empêchés d'être cultivés pendant cinq ans », a-t-il expliqué. « Mais notre armée a maintenant libéré nos terres avec son sang et les a ramenées sous l'autorité de l'État. »

Les terres comprises dans les 100 km² du juroud d'al-Qaa servaient de principale source de revenu pour de nombreux habitants locaux.

« Daech a transformé 45 km² et la zone attenante en théâtre de ses opérations, ce qui a empêché les habitants de s'approcher pour des raisons de sécurité », a fait savoir à Al-Mashareq le maire d'al-Qaa, Bashir Matar.

Aujourd'hui, l'armée est déployée pour la première fois dans le juroud, a-t-il ajouté.

« Tout le monde se prépare à l'après-Daech, et les habitants qui possèdent des terres dans le juroud se préparent à des récoltes abondantes », a indiqué Matar.

La municipalité cherche également à mettre en place des projets de tourisme, de tourisme religieux et environnemental dans cette zone, a-t-il poursuivi, et prévoit la construction de retenues d'eau et de réserves naturelles pour préserver la richesse des plantes et de la forêt.

« Nous organiserons également des activités sportives, comme des randonnées et du vélo, et nous mettons au point un plan pour tirer parti de nos sites archéologiques, car nous avons les aqueducs romains les plus anciens », a-t-il conclu.

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