Une grande opération visant à chasser « l'État islamique » (Daech) des régions montagneuses situées le long de la frontière libano-syrienne est entrée dans sa troisième journée lundi 21 août, l'armée libanaise ayant déjà repris deux tiers du territoire qui était tenu par les extrémistes.
Le chef d'état-major Joseph Aoun a annoncé samedi à l'aube le lancement de l'opération Fajr al-Juroud (Aube d'Al-Juroud) à al-Qaa et Ras Baalbek contre Daech.
Quelques minutes après le lancement de l'opération, le président libanais Michel Aoun s'est rendu au centre des opérations de l'armée au ministère de la Défense, où il a pris connaissance de la progression des opérations militaires.
« Nous attendons la victoire avec impatience », a déclaré Aoun aux commandants sur le terrain lors d'un entretien téléphonique, selon une déclaration publiée par la présidence.
L'armée a à ce stade repris deux tiers du territoire libanais qui était tenu par Daech, a fait savoir le colonel Fadi Boueid, porte-parole de l'armée libanaise, soulignant que lors de la seule journée de dimanche, les troupes avaient repris 30 kilomètres carrés de terrain.
Il a ajouté que des experts militaires sont en train de désamorcer les explosifs laissés par Daech, et que l'armée a détruit douze positions des militants dans la région frontalière, a rapporté Annahar.
Dimanche, une bombe a touché l'un des véhicules blindés qui progressaient, tuant trois soldats et en blessant grièvement un autre.
Parallèlement, des troupes de l'armée ont réussi à détruire un véhicule et une moto conduits par des kamikazes de Daech avant qu'ils puissent atteindre leurs cibles, a fait savoir Boueid, ajoutant qu'au moins quinze militants avaient été tués dans les combats et les bombardements.
L'opération ne se déroulera selon aucun calendrier, car elle se poursuivra « jusqu'à ce que nous éliminions Daech du territoire libanais », a-t-il affirmé.
« Nous n'avons pas peur »
« Daech a divisé les zones sous son contrôle en sections similaires à des provinces », a fait savoir samedi le général de brigade et porte-parole de l'armée Ali Qanso lors d'une conférence de presse.
« Daech contrôle environ 120 km² », a-t-il indiqué, notant que « ces zones subissent un siège depuis un an, et nous resserrons l'étau sur eux depuis deux semaines ».
Les militants sont « équipés de fusils de précision, de motos et d'armes anti-aériennes. Ils disposent également de roquettes de 105 mm et de roquettes antichars, mais ils n'ont pour l'instant pas pris de ville pour cible », a-t-il ajouté.
Le nombre d'éléments de Daech sur le sol libanais est estimé à environ 600, a poursuivi Qanso. Ils sont répartis en trois pelotons : dans le nord, à juroud Ras Baalbek et à juroud al-Qaa.
« Le groupe terroriste a la capacité de se déplacer rapidement, de lancer des attaques de snipers et de s'en prendre aux forces militaires avec des véhicules chargés d'explosifs et de terroristes », a-t-il fait savoir.
« Pendant ce temps, l'armée libanaise attaque depuis le bas », a-t-il ajouté.
Qanso a souligné le fait que l'armée ne coordonne pas ses actions avec le Hezbollah ou l'armée syrienne.
« Nous n'avons pas peur de la bataille. Peu importent les sacrifices, nous l'emporterons. La victoire contre Daech est notre objectif, et notre priorité est de savoir ce qu'il est advenu de nos soldats [enlevés] », a-t-il expliqué.
Très large soutien
Les réseaux sociaux sont pleins de messages de soutien à l'armée libanaise. De nombreux civils libanais ont publié des photos saluant le courage de l'armée.
« Nous sommes avec notre armée héroïque dans sa bataille pour vaincre le terrorisme et libérer les terres occupées par les terroristes de Daech à juroud Ras Baalbek et à al-Qaa », a déclaré à Al-Mashareq le député Amal Abou Zaid.
« Avec le déclenchement de l'opération Fajr al-Juroud, une nouvelle aube se lève, une aube de sécurité, de libération et de souveraineté de l'État », a-t-il affirmé.
Le député Walid Jumblatt a pour sa part twitté : « Je souhaite à l'armée libanaise le succès dans son opération pour libérer le juroud des terroristes pour la sécurité et le système démocratique du Liban, qui sont essentiels. »
Samy Gemayel, chef du parti Kataeb, a quant à lui déclaré : « Nos cœurs se réjouissent lorsque nous voyons notre armée jouer pleinement son rôle. L'armée confirme à ceux qui doutent qu'elle est capable de gagner de nombreuses batailles. »