Éducation

Des écoliers libanais apprennent des compétences de médiation

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Des élèves d'une école publique de Beyrouth participent à une formation à la médiation offerte par le Centre de médiation professionnelle de l'université Saint-Joseph pour l'année académique 2016-2017. [Photo fournie par le Centre de médiation professionnelle]

Des élèves d'une école publique de Beyrouth participent à une formation à la médiation offerte par le Centre de médiation professionnelle de l'université Saint-Joseph pour l'année académique 2016-2017. [Photo fournie par le Centre de médiation professionnelle]

Un programme enseignant aux élèves des écoles publiques et privées du Liban à résoudre les conflits par la médiation et la communication positive a rencontré un énorme succès, ont indiqué des responsables à Al-Mashareq.

Proposée par le Centre de médiation professionnelle (CMP) de l'université Saint-Joseph de Beyrouth depuis 2010, ce programme forme des écoliers âgés d'au moins neuf ans.

Le 11 mai, 285 écoliers venus de sept écoles publiques de Beyrouth, ainsi que du nord et du sud du Liban ont passé le programme de « communication positive ». C'était la première fois que la formation était offerte dans des écoles publiques après qu'elle n'eut été destinée qu'à des écoles privées depuis sa création.

Parmi eux, 107 écoliers sont devenus des médiateurs certifiés chargés de résoudre les conflits et les tensions à l'amiable entre leurs camarades.

De plus, quatorze enseignants ont reçu une formation à la résolution des conflits, et plus de 80 enseignants et parents ont été formés à l'importance de la médiation.

« La solution aux problèmes »

À l'école publique Jaber al-Ahmad al-Sabah de Ras Beirut, Lana al-Naal, élève syrienne de treize ans, résout souvent des conflits qui éclatent entre ses camarades.

Chaque fois que des écoliers se battaient, a raconté al-Naal à Al-Mashareq, elle se demandait : « Comment peut-on mettre fin à cette violence ? »

« La violence entre amis me faisait mal, et je ne savais pas comment intervenir pour résoudre leurs problèmes verbalement, jusqu'à ce que je participé au projet de médiation », a-t-elle déclaré.

« J'ai appris comment résoudre les conflits et rapprocher les points de vue grâce à une communication calme et en soulignant l'importance d'écouter les avis divergents », a-t-elle expliqué.

« J'interviens désormais dans tous les conflits pour les résoudre à l'amiable », a indiqué al-Naal.

« Je joue le rôle de médiatrice pour résoudre les problèmes entre mes amis à l'école et dans ma famille », a-t-elle ajouté. « Tout le monde m'appelle la solution aux problèmes. »

Résolution de conflits à l'école et ailleurs

Le CMP a été créé en 2006 pour « répandre l'esprit d'humanisme, de bonté et de solidarité entre les peuples pour la promotion de la non-violence et de la construction de la paix », a expliqué la directrice du centre, Johanna Hawari-Bourjeily, à Al-Mashareq.

Depuis 2010, le centre a formé des pacificateurs parmi les écoliers libanais en les formant aux talents de médiation, a-t-elle expliqué.

La médiation professionnelle, selon Bourjeily, « permet aux parties à un conflit de revenir à la communication directe et de comparer cela avec d'autres méthodes et moyens de résolution des conflits ».

Cela leur permet de favoriser la logique et la raison plutôt que la violence, et de négocier pour trouver une solution qui convienne aux deux parties, a-t-elle poursuivi.

Cette nouvelle approche « présente une réelle alternative qui aide les élèves à penser et à apprendre les compétences nécessaires pour apaiser les disputes à l'école et ailleurs », a-t-elle déclaré.

« Vivre [le concept de] modération dans les écoles et à la maison, et l'adopter comme solution à leurs disputes met les écoliers sur le chemin de la paix », a-t-elle affirmé.

Les élèves « représentent le futur », a-t-elle indiqué, et « il est donc très important de les former dès leur plus jeune âge à écouter leurs besoins sans avoir recours à la violence, afin qu'ils puissent grandir dans une culture de non-violence ».

Créer des générations pacifiques

Ce projet intervient à un moment où la violence s'intensifie chez les écoliers, a déclaré Bourjeily, et où l'extrémisme se répand, menant parfois au terrorisme.

« Nous avons donc pensé qu'il était nécessaire de travailler avec les élèves pour les doter d'outils pacifiques permettant de résoudre les conflits », a-t-elle poursuivi.

Ce qui permettra à son tour de créer « des générations pacifiques qui ne sont pas faciles à tirer vers la violence qui pourrait provoquer des conséquences non désirables », a-t-elle ajouté.

La première phase de formation à la médiation est une campagne de sensibilisation qui enseigne aux écoliers comment résoudre les conflits sans violence, a déclaré Michelle Matta, responsable des formations à la médiation au CMP.

Durant cette phase, « les élèves apprennent des choses sur les autres et sur eux-mêmes et les raisons des comportements violents, pour les aider à mieux se comprendre », a-t-elle expliqué à Al-Mashareq.

« Lors de la seconde phase, nous choisissons des élèves qualifiés pour jouer le rôle de médiateurs, et ils participent à des classes sur le concept de médiation et ses outils », a-t-elle fait savoir.

Recul de la violence

« Depuis que nous avons commencé à travailler sur la médiation dans les écoles en 2010, l'intensité de la violence chez les écoliers a énormément baissé dans vingt écoles participant à notre programme », a indiqué Matta.

« Les écoliers nous disent qu'ils ont changé, et qu'ils résolvent leurs problèmes par le dialogue », a-t-elle déclaré.

Ils ont également recours à des médiateurs pour les aider à résoudre certains de leurs conflits, a-t-elle ajouté.

« Nos projets mettent [les jeunes] sur la bonne voie pour résoudre les différends », a-t-elle affirmé.

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