La crise diplomatique entre le Qatar et les autres États du Golfe est encore montée d'un cran vendredi 9 juin, lorsque Doha a réfuté comme « sans fondement » une liste noire du terrorisme établie par l'Arabie saoudite et ses alliés.
L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte et Bahreïn – qui accusent le Qatar de soutenir des groupes extrémistes – ont publié la liste des 59 personnes et entités liées au « terrorisme », parmi lesquelles figurent des associations caritatives financées par le Qatar.
Ce groupe de pays a déclaré que cette liste montre que « le Qatar annonce d'un côté lutter contre le terrorisme, et finance, soutient et abrite différentes organisations terroristes de l'autre ».
Mais ce document contient au moins deux noms déjà désignés au niveau international comme des financiers du terrorisme, et contre lesquels le Qatar a pris des mesures, selon un précédent rapport du Département d'État américain.
Le gouvernement qatari a indiqué que cette liste n'a aucun fondement réel et affirme que le pays est le plus actif en matière de lutte contre le terrorisme dans la région.
« La récente déclaration commune publiée par le Royaume d'Arabie saoudite, le Bahreïn, l'Égypte et les Émirats arabes unis concernant une 'liste de surveillance du financement du terrorisme' renforce une nouvelle fois les allégations sans fondement qui ne reposent dans les faits sur aucune base réelle », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Nous sommes les premiers dans la région à nous attaquer aux racines du terrorisme », a ajouté ce communiqué.
Jeudi, le Qatar a rejeté toute ingérence dans sa politique étrangère.
« Nous ne sommes pas prêts, et nous ne serons jamais prêts à renoncer à l'indépendance de notre politique étrangère », a déclaré le ministre qatari des Affaires étrangères Cheikh Mohammed ben Abdoulrahman Al-Thani. « Personne ne nous fera plier. »
La liste noire fait monter la pression
Cette liste noire est la dernière en date d'une série d'allégations faites par l'Arabie saoudite et ses alliés envers le Qatar depuis le début de la crise à la fin du mois dernier.
Parmi d'autres mesures, ces pays arabes ont donné quatorze jours aux ressortissants qataris pour partir.
La commission qatarie des droits de l'Homme a déclaré que ces mesures avaient séparé des familles et que des centaines de personnes en étaient affectées.
Ces désaccords ont alimenté des craintes quant à une plus grande instabilité dans une région déjà fragile.
Le Koweït, qui contrairement à la plupart de ses partenaires du Conseil de coopération du Golfe (CCG) n'a pas rompu les liens avec le Qatar, a pris la tête des efforts de médiation.
Son émir, Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a tenu mercredi des entretiens avec son homologue qatari Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, à la suite d'une rencontre avec de hauts responsables des Émirats arabes unis et le roi saoudien Salmane.
Selon les analystes, la crise actuelle est en partie le prolongement d'un litige de 2014, lorsque l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Bahreïn avaient temporairement rappelé leurs ambassadeurs en poste à Doha.
Un haut responsable du Golfe a déclaré que l'une des préoccupations majeures était l'influence du père de Cheikh Tamim, Cheikh Hamad, qui avait permis aux talibans d'ouvrir un bureau à Doha et avait aidé à armer des combattants de l'opposition syrienne avant d'abdiquer en 2013.
Depuis des années, Doha a forgé ses propres alliances dans la région, souvent contraires aux politiques du CCG, composé de six membres.
Un haut responsable des Émirats a déclaré que la décision de cette semaine n'avait pas pour but un changement de régime au Qatar, mais plutôt de faire pression sur le pays pour qu'il donne une nouvelle orientation à sa politique.
« C'est une politique étrangère qui est sortie des rails », a déclaré le ministre d'État pour les Affaires étrangères Anwar Gargash. « Nous devons la faire rentrer dans le rang. »
Je ne pense pas que le Qatar soutient le terrorisme, d'autant plus qu'il s'agit d'un pays véritablement musulman. Les pays du Golfe ne doivent pas différencier ni céder à un jeu dont nous ne connaissons pas la source, et qui peut causer une fitna entre les États du Golfe, faire du Qatar la première victime et permettre ce qui s'est passé en Irak, en Syrie et en Libye de se reproduire ici.
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