De récentes attaques par l'armée libanaise contre des infiltrés de « l'État islamique » dans les faubourgs d'Arsal font partie d'une stratégie préventive pour renforcer la sécurité aux frontières alors que le groupe fuit les lignes de front de Syrie, ont indiqué des experts.
Ces raids ont pour but d'empêcher les combattants de Daech fuyant al-Raqqa et Deir Ezzor de franchir la frontière pour aller au Liban afin de rejoindre les extrémistes présents dans les zones accidentées autour d'Arsal.
Le 22 avril, une unité de l'armée libanaise a mené un raid sur Wadi al-Hosn après avoir repéré un groupe d'extrémistes qui s'infiltraient dans les faubourgs d'Arsal.
Cette unité a tué Hassan al-Mleiss, émir de Daech à al-Qalamoun et a capturé dix autres extrémistes (quatre Libanais et six Syriens).
« L'unité s'est fait tirer dessus par des éléments terroristes et a répliqué, tuant l'émir du groupe terroriste pour la région d'al-Qalamoun », selon un communiqué publié par la Direction de l'orientation du commandement de l'armée.
Aucun soldat n'a été blessé lors de cette attaque, a précisé le communiqué.
Al-Mleiss avait participé à l'attaque contre Arsal en 2014, a rapporté le communiqué, prenant d'assaut le quartier général des Forces de sécurité intérieure et enlevant des soldats.
Deux jours après le raid, le 24 avril, des hélicoptères de l'armée ont attaqué des positions de Daech à al-Mkhairime, Wadi al-Kaff et Qurnet al-Kahf, tuant ou blessant 20 combattants, a rapporté la National News Agency.
Bloquer l'infiltration de Daech
Le général Joseph Aoun a affirmé que l'opération récente d'Arsal « prouve une nouvelle fois que les terroristes ne peuvent trouver refuge nulle part au Liban ».
« Les yeux de l'armée sont capables de détecter tout mouvement ou activité terroriste, et d'y répondre immédiatement », a-t-il fait savoir, ajoutant que « toute tentative de saper la sécurité et la stabilité trouvera une réponse puissante et ferme ».
Avec ces dernières opérations à Arsal, l'armée envoie le message clair qu'elle compte défendre ses frontières et empêcher les infiltrations de l'extérieur, a expliqué le général de brigade Naji Malaeb, spécialiste en stratégie de sécurité et officier à la retraite de l'armée libanaise.
L'armée compte combler les vides entre Ras Baalbek et Arsal au Liban et dans la région syrienne d'al-Qalamoun, a-t-il précisé à Al-Mashareq.
Les dates des récents raids sont « importantes car elles coïncident avec l'escalade des combats autour d'al-Raqqa et le passage illégal des chefs de Daech vers Deir Ezzor, qui est elle-même prise pour cible par des frappes aériennes », a-t-il fait savoir.
Face à la possibilité que des éléments de Daech puissent tenter de s'infiltrer au Liban, a-t-il ajouté, l'armée a renforcé la sécurité frontalière et a intensifié ses opérations préventives.
« L'armée accomplit son devoir à la frontière libanaise pour s'assurer que le Liban ne devienne pas un repaire pour les terroristes », a-t-il poursuivi.
Opérations préventives
Les récentes opérations se déroulent dans le contexte des « opérations préventives de l'armée contre les terroristes », a déclaré le général de brigade Hisham Jaber, directeur du Centre d'études stratégiques du Moyen-Orient et ancien officier de l'armée libanaise.
Celles-ci vont de la surveillance de leurs mouvements au lancement de raids contre eux, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Les éléments de Daech fuyant al-Raqqa et Deir Ezzor ont cherché à se réfugier dans les vallées et les grottes entre al-Qalamoun et la frontière libanaise près de Baalbek et Arsal, a-t-il précisé, ajoutant que l'armée libanaise suit leurs déplacements.
L'armée a arrêté des groupes d'extrémistes qui tentaient de forcer la frontière lors de raids, de tirs d'artillerie et de frappes aériennes, a-t-il précisé.
Le général Aoun avait déjà mené une unité de l'armée stationnée à Arsal, a déclaré Jaber, notant que le chef de l'armée « a une vision claire sur la façon d'utiliser les capacités de l'armée pour affronter les activistes et les empêcher d'avancer, et supervise personnellement la bonne exécution des plans militaires ».
« Le commandement de l'armée prend en compte les résultats des batailles d'al-Raqqa et de Deir Ezzor et intensifie les opérations antiterroristes préventives afin de couper la route à des milliers d'activistes en fuite », a-t-il rapporté.
Lorsqu'al-Raqqa tombera, a-t-il poursuivi, ces combattants ne pourront pas ni s'approcher ni franchir la frontière libanaise pour rejoindre les groupes actuellement présents dans les environs escarpés d'Arsal.
L'arrestation de dix éléments de Daech et les bombardements et les attaques quotidiennes de l'armée contre les positions du groupe ont tous pour but de stopper leur progression et servent de moyen de dissuasion contre les cellules dormantes et de potentielles attaques de loups solitaires au Liban, a déclaré Jaber.
Surveillance intensive
Les raids récents à Arsal ont été menés après que la Direction des renseignements de l'armée eut effectué une « opération de surveillance et de contrôle intensive », a indiqué Michel Nasr, journaliste spécialisé dans les questions de sécurité.
Selon des sources sécuritaires fiables, a-t-il rapporté à Al-Mashareq, des informations obtenues de plusieurs sources indiquaient la présence d'un groupe d'individus recherchés entre un camp à Wadi Ajram et al-Fleiti, à Wadi al-Hosn.
Sur ces informations, l'armée a conçu un plan divisant la région en carrés et a resserré le cordon autour des lieux ciblés, a-t-il précisé, avant de lancer l'assaut.
Al-Mleiss cherchait à repositionner les combattants du groupe dans les faubourgs d'Arsal, a déclaré Nasr.
Cela semblait être en préparation à la phase de combat après al-Raqqa, où le Liban aurait été utilisé comme route de fuite par Daech, a-t-il ajouté.
Mais l'armée libanaise contrôle la situation à Arsal, a-t-il affirmé, « et elle agit en fonction de plans qu'elle a mis en place et qui sont couronnés de succès ».