Les affrontements ont éclaté entre l'armée libanaise et les hommes armés extrémistes dans les faubourgs des villes frontalières d'Arsal et Ras Baalbek depuis la fin d'octobre, parmi les craintes qu'une nouvelle vague d'extrémistes qui cherchent à s'infiltrer dans la zone.
Alors qu'il est peu probable que les hommes armés sont capables d'avancer dans les villes à cause de la préparation de l'armée et des mesures préventives de sécurité , ont indiqué des analystes à Al-Mashareq, les résidents gardent un œil sur les combats en Irak et en Syrie, alors que les éléments de « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) fuient la région.
Des résidents d'Arsal disent qu'ils sont préoccupés que les combats contre l'EIIL à Mossoul et al-Raqa auront un impact sur leur ville, craignant que les éléments de l'EIIL qui essayeront de s'y infiltrer ou prendre des positions dans les environs et prendre en otage Arsal à nouveau.
Les résidents « vivent au milieu des bruits des affrontements sporadiques, presque quotidiens qui ont repris entre l'armée et l'EIIL à la fin d'octobre et se poursuivent jusqu'à ce jour », a précisé l'adjointe au maire d'Arsal Rima Karnabi.
Les échos des affrontements à Wadi Hmeid voisine « ont atteint l'intérieur de la ville et nous font craindre la possibilité que l'EIIL retourne dans la ville à nouveau », a-t-elle expliqué à Al-Mashareq.
Les résidents suivent le cours des événements à Mossoul et al-Raqa de près « et craignent que les retraits là-bas peuvent mener les combattants à trouver leur chemin vers les faubourgs » à travers la zone frontalière poreuses, dit-elle.
Cependant, a-t-elle ajouté, « nous sommes rassurés par les mesures extraordinaires et strictes par l'armée et les services de renseignements de l'armée dans la ville, à ses entrées et dans ses environs ».
Débordement de l'Irak et de la Syrie
« La reprise des affrontements entre l'armée et l'EIIL après une courte période de calme relatif est en quelque sorte liée à l'opération contre le groupe à Mossoul et al-Raqa », a précisé le directeur du Centre du Moyen-Orient pour les études stratégiques le général de brigade Hisham Jaber, un officier retraité de l'armée libanaise.
L'armée demeure en alerte maximum et préparation pour qu'elle puisse réagir à toute urgence ou tentative d'infiltration des combattants de l'EIIL en repli qui tentent d'avancer vers les zones arides le long de la frontière avec la Syrie, a-t-il souligné.
L'armée mène des opérations préventives dans les faubourgs d'Arsal, a-t-il dit, où « l'EIIL a une base qui n'est plus un point de lancement pour [les attaques] mais plutôt un point de rencontre pour ses éléments qui sont soumis à la pression [ailleurs] ».
« L'expansion de l'EIIL sur les frontières libanaises serait au détriment du Front Fatah al-Sham » (FFS), l'ancien Front al-Nosra (FAN), a confié Jaber.
« Outre les affrontements entre l'EIIL et l'armée libanaise, les affrontements éclateront entre les deux groupes le long de la bande de 150-kilomètres qui s'étend d'Arsal à al-Qaa », a-t-il dit.
L'armée libanaise est prête
Les affrontements renouvelés entre l'armée et l'EIIL aux faubourgs d'Arsal peuvent être attribués aux combats à Mossoul et al-Raqa et les pressions auxquelles l'EIIL est soumis, a précisé Fadi Ahmar, un chercheur et professeur universitaire des sciences politiques et stratégiques spécialisé en Syrie et Moyen-Orient.
Alors que l'EIIL est sous le feu en Irak et en Syrie, poursuit-il, le FAN est aussi soumis à la pression à Alep et dans les autres poches des provinces syriennes de Homs et Hama où il a une présence.
Pendant ce temps, les combattants du FAN et de l'EIIL sont piégés dans les faubourgs d'Arsal, a-t-il ajouté.
« Alors que les capacités militaire de l'EIIL à Mossoul et al-Raqa se déteriorent, les deux groupes avancent dans les faubourgs d'Arsal pour améliorer leurs positions militaires », a-t-il dit.
Les actions de l'EIIL dans les faubourgs d'Arsal et ses affrontements avec l'armée semblent être une tentative désespérée pour se forger une base où il peut rassembler ses éléments et sécuriser des provisions avant le début de l'hiver, a expliqué Ahmar.
L'hiver est proche, poursuit-il, et la haute élévation de la zone signifie que le climat est « très froid et accompagné de neige ».
L'armée a reçu les renforcements et réagit à toute actions le long de la frontière d'Arsal, l'étendue montagnarde et sinueuse de la frontière, a-t-il ajouté.