Alors que la guerre en Syrie entre dans sa septième année, certains réfugiés en Égypte espèrent la fin du conflit et un retour possible , tandis que d'autres acceptent le fait qu'ils pourraient rester ici pendant encore quelque temps.
Beaucoup d'entre eux ont peur de rentrer à cause des conditions économiques difficiles en Syrie, et parce que la plupart ont perdu leur travail et les entreprises qu'ils avaient avant le début de la guerre.
Mahmoud Hassan Qaseedi est arrivé en Égypte début 2013 avec peu d'argent, après avoir abandonné sa maison et son entreprise.
Qaseedi, originaire de la ville d'Hayrin dans la région de Ghouta, à l'est de Damas, a raconté à Al-Mashareq qu'il ne pouvait supporter l'idée de mettre en danger la vie de sa femme et de ses trois enfants, et qu'il a décidé de fuir.
La famille est partie au Liban et de là, en Égypte.
Au cours de ses premiers mois en Égypte, il a rencontré quelques difficultés, a-t-il relaté, et a déménagé à plusieurs reprises au Caire, y compris au 6-Octobre.
La famille s'est finalement installée dans le quartier de Tora, attirée par les loyers faibles et la proximité avec le métro.
Qaseedi a expliqué qu'il était épicier en Syrie, où il vendait des plats faits maison comme du zaatar, du pain et des produits de boulangerie, et il a donc décidé d'en faire de même en Égypte.
« Ma femme prépare certaines choses, comme les produits de boulangerie syriens, les aliments marinés et les mélanges pour le zaatar », a-t-il indiqué.
En plus des recettes provenant de ses ventes, a ajouté Qaseedi, l'ONU lui verse 1 500 livres égyptiennes (83 $) par mois.
Cela ne suffit pas à satisfaire aux besoins de ma famille, a-t-il expliqué, car le loyer de l'appartement dans lequel il vit est de 1 100 livres (61 $) et il doit payer les frais de scolarité de ses enfants et couvrir les dépenses du ménage.
Revenir en Syrie ou rester ?
Malgré les difficultés qu'il rencontre en Égypte, a affirmé Qaseedi, la nouvelle de la création possible de zones sûres en Syrie ne l'incite pas à rentrer.
Même si ces régions étaient créées, a-t-il poursuivi, elles seraient éloignées de sa ville natale et ne représenteraient pas un vrai retour au pays.
D'un autre côté, a confié Mahmoud Birqdar, un natif de Daraya qui vit en Égypte depuis fin 2012 et qui travaille comme électricien au 6-Octobre, « la décision de revenir est sûre et certaine, même si l'on doit rester longtemps ».
Birqdar a déclaré à Al-Mashareq qu'il espère que les mois à venir vont apporter d'autres décisions de cessez-le-feu et une fin aux hostilités, afin qu'il puisse retourner en Syrie.
« Je ne reviendrai peut-être pas immédiatement avec ma famille », a-t-il précisé. « Je rentrerai seul pour mettre de l'ordre dans mes affaires et réparer ce qui peut l'être dans ma maison, qui a peut-être été endommagée au cours des nombreuses batailles. »
« J'essaierai également de rouvrir ma petite boutique ou de lancer un autre type d'affaires, avant de ramener ma famille », a-t-il déclaré. « La décision de revenir est inéluctable, quelle que soit la durée de notre séjour en Égypte. »
Peurs des difficultés et des risques
Saada al-Sarmini, qui a fui Hama au début du conflit, a raconté être arrivée en Égypte en provenance de Jordanie en 2012 avec son mari et leurs quatre filles.
« Au début, les informations qui circulaient à propos des mauvais traitements et des agressions sur les familles et les filles étaient effrayantes », a-t-elle rapporté à Al-Mashareq. « Je ne sais pas ce qu'il nous serait arrivé si nous étions restés à Hama, ou même ailleurs en Syrie. »
Bien que la famille se porte bien financièrement, a-t-elle indiqué, elle a trouvé difficile l'adaptation à la vie au Caire.
Toutefois, a-t-elle poursuivi, la famille ne souhaite toujours pas « prendre le risque de rentrer en Syrie, maintenant ou dans un futur proche ».
Bassima Husni, professeur de sociologie à l'université du Caire, a expliqué à Al-Mashareq que la peur joue un rôle majeur dans la décision des réfugiés de rentrer ou pas.
De nombreux Syriens ont une peur instinctive du retour, a-t-elle précisé, qui ne se limite pas à la situation sécuritaire, mais concerne également la façon dont ils pourront nourrir leurs familles, car la guerre a tout détruit dans certaines zones.