Réfugiés

Face à la crise au Liban, les réfugiés syriens rentrent chez eux

Nohad Topalian à Beyrouth

La réfugiée syrienne Fida Moufdel Khudr est revenue avec ses enfants dans son village près de Homs après huit ans passés au Liban. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

La réfugiée syrienne Fida Moufdel Khudr est revenue avec ses enfants dans son village près de Homs après huit ans passés au Liban. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Lorsqu’elle a appris que la frontière entre le Liban et la Syrie serait rouverte, après une récente fermeture destinée à limiter la propagation du coronavirus, la réfugiée syrienne Fida Moufdel Khudr a dit à ses enfants de commencer à faire leurs valises.

Au matin du 28 juin, elle a pris un taxi vers la vallée de la Bekaa avec son fils Jalal, 16 ans, et sa fille Abeer, 14 ans, pour revenir en Syrie dans le village de Maan, dans la campagne de Homs, qu’elle avait fui il y a huit ans.

« Les conditions économiques et financières difficiles au Liban m’ont obligée à prendre la décision de rentrer », a-t-elle déclaré à Al-Mashareq la veille de son départ.

« Je me suis battue pour protéger mes enfants, mais nous avons atteint un point où nous ne sommes plus capables de survivre », a-t-elle expliqué, ajoutant que les possibilités de travail offertes aux Syriens étaient de moins en moins nombreuses à cause de la crise financière.

Des Syriens franchissent la frontière avec le Liban début juillet. [Mohammed Azaqir]

Des Syriens franchissent la frontière avec le Liban début juillet. [Mohammed Azaqir]

À son arrivée au Liban, Khudr et ses trois enfants se sont installés à Metn, où elle a loué une petite chambre dans la zone industrielle de Zekrit.

Mais le loyer a augmenté l’année dernière, a-t-elle rapporté, et la famille a dû déménager à Mazraat Yachouh, où Khudr a loué une pièce dans un bâtiment après l’avoir rénovée à ses frais en échange d’un loyer mensuel raisonnable.

Début juin, son loyer a été soudainement augmenté.

Lorsqu’elle a vu à la télévision que la frontière avec la Syrie allait rouvrir, « [elle n’a] pas hésité un instant à prendre la décision de rentrer », a-t-elle raconté.

Revenir en Syrie avec le Caesar Act est risqué, mais Khudr explique vouloir « tourner la page sur son état de réfugiée et retourner dans [son] village ».

Retour en Syrie

Après avoir vu leur pouvoir d’achat au Liban diminuer à cause de la forte baisse du taux de change, de la hausse du prix de la nourriture et de la diminution des possibilités d’emploi, de nombreuses familles syriennes réfugiées ont décidé de rentrer chez elles.

Shaker Mohammed Ibrahim a déclaré à Al-Mashareq qu’il avait décidé de rentrer à Idlib, en Syrie, car « après sept années passées au Liban avec ma femme et mes trois enfants, je me suis retrouvé dans l’incapacité de les faire vivre, à cause de la crise financière ».

Il avait ouvert un atelier de réparation automobile dans le quartier d’al-Nabaa, dans l’est de Beyrouth, mais même cela n’était pas suffisant, a-t-il fait poursuivi.

« Aujourd’hui, comme tous les Libanais et mes frères syriens, je suis pris entre l’épidémie de coronavirus et la crise économique », a ajouté Ibrahim.

Mouhammad Azzam, un réfugié venu de la campagne d’Alep, a également indiqué avoir décidé de rentrer chez lui avec sa famille, après plus de cinq ans passés dans la vallée de la Bekaa.

« Malgré les circonstances auxquelles la Syrie est confrontée aujourd’hui et les répercussions que le Caesar Act peut avoir sur nous en tant que peuple, la décision de rentrer est irréversible, car je ne peux plus rien faire pour ma famille », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

« Je travaillais dans un entrepôt pour un salaire mensuel qui suffisait à peine à payer le loyer et la nourriture, mais j’ai été licencié en raison de la situation difficile au Liban », a-t-il raconté.

Impact de la crise économique

Les réfugiés syriens souffrent de la crise économique, et leur situation a été fortement aggravée par les restrictions nécessaires pour enrayer la pandémie de coronavirus, a déclaré à Al-Mashareq Dalal Harb, porte-parole du HCR.

Selon une enquête menée par le HCR fin avril, plus de 70 % des réfugiés syriens ont déclaré que les difficultés qu’ils rencontrent au Liban sont liées à l’achat de nourriture, a-t-elle rapporté.

De plus en plus de réfugiés recourent à l’emprunt pour subvenir à leurs besoins essentiels, a-t-elle précisé.

Le HCR « estime qu’au moins les trois quarts des réfugiés syriens au Liban vivent actuellement sous le seuil de pauvreté abjecte », a conclu Harb.

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1 COMMENTAIRE (S)

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La situation en Syrie est très sûre. Nos frères syriens doivent aller au sein chaud de la Syrie parce que la situation économique au Liban ne permet pas à nos frères syriens d'avoir une vie décente.

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