Le mouvement Hasm, nouvellement formé, et qui a mené plusieurs attaques et assassinats dans la région du Caire, a la même idéologie extrémiste que « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL), expliquent des experts à Al-Mashareq.
Au cours des derniers mois, le groupe a organisé une série d'attaques ciblant des membres des forces de sécurité égyptiennes, ainsi que des clercs et des juges qui ont clamé haut et fort leur condamnation de l'idéologie extrémiste.
L'enquête concernant trois hommes suspectés d'avoir planifié et exécuté une attaque contre un point de contrôle de la police le 9 décembre au Caire ayant laissé six policiers morts a révélé que les suspects appartenaient au mouvement Hasm, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
Les trois individus ont été arrêtés le 5 janvier, et le ministère a ensuite rendu publique une vidéo dans laquelle l'un des accusés, Mahmoud Ahmed Mohammed Ahmed, avoue avoir posé l'engin explosif improvisé (EEI).
Le 18 janvier, le ministère public égyptien de la Haute sécurité de l'Etat a engagé des poursuites militaires contre 304 personnes pour leur appartenance au mouvement Hasm, a rapporté Ahram Online.
Le mouvement Sawaed Misr (les Bras de l'Egypte), communément appelé mouvement Hasm, est un groupe terroriste, a affirmé à Al-Mashareq le général de brigade Mahmoud Salem, de la police du Caire.
Il incite à la violence depuis sa création
Le groupe a commencé à se faire connaître en 2015 à travers des sites internet et sur les réseaux sociaux, publiant des communiqués visant à inciter à la violence « contre la police et l'armée, et les juges et les clercs qui font l'apologie de la modération », a déclaré Salem.
« Ils ont revendiqué plusieurs opérations, dont la tentative d'assassinat contre Ali Gomaa, ancien Grand mufti d'Egypte », a-t-il ajouté.
Le groupe a aussi revendiqué la tentative de meurtre du juge Zakaria Abdoul Aziz Othman, et les assassinats du major Mahmoud Abdel Hamid, chef des enquêtes du commissariat de police de Tamiya, dans la province de Fayoum, d'un chef de la police à Gizeh et d'un autre dans la région de Mahmoudiyah, a-t-il détaillé.
Des opérations de suivi et de surveillance ont permis la capture de nombreux membres d'Hasm, le plus connu étant Mohammed Ashour Dashisha, tué dans un raid de la police dans son lieu de résidence le 19 décembre, a déclaré Salem.
Les forces de sécurité ont également tué Mohammed Abdoul Khaliq Faraj, un membre d'Hasm considéré comme l'un des plus dangereux éléments du groupe, a-t-il fait savoir, et beaucoup de membres d'Hasm sont actuellement jugés dans les tribunaux égyptiens.
La capture des coupables de l'attaque sanglante du 9 décembre contre un point de contrôle dans le quartier d'al-Haram au Caire faisait suite à des raids sur plusieurs appartements dans la ville du 6 octobre, a-t-il indiqué.
« Les occupants étaient suspectés et avaient été mis sous surveillance après qu'on les ait vu déménager d'un appartement à l'autre pour cacher leurs traces et éviter d'être repérés par les services de sécurité », a indiqué Salem.
Le terrorisme sous un autre nom
Ce groupe est comme l'EIIL, et ne fait qu'utiliser un autre nom pour tenter de « dissiper les efforts des institutions de sécurité qui mènent une guerre acharnée au terrorisme », a déclaré le général et analyste militaire Abdoul Karim Ahmed, ancien officier de l'armée égyptienne.
Le groupe est spécialisé dans le ciblage des personnalités de la sécurité, de la religion et de la justice, a-t-il expliqué, en lançant des attaques en représailles des pertes subies par les extrémistes tous les jours dans plusieurs provinces égyptiennes.
« Les groupes terroristes utilisant le nord du Sinaï comme base d'opérations ont profité des conditions que l'Egypte a connu au cours des dernières années et a recruté beaucoup de membres de partis islamistes extrémistes et de groupes qui ont été démantelés et n'étaient plus actifs », a-t-il précisé.
Le groupe a exploité les tensions nationales pour mener des attaques contre des officiers de la sécurité et de l'armée, des juges et des clercs qui s'opposent à l'idéologie extrémiste, a déclaré Ahmed.
L'adoption du nom « Sawaed » est une désinformation pour « donner l'impression qu'il existe de nombreux groupes terroristes en Egypte », a-t-il ajouté.
De plus, a-t-il poursuivi, cela permet au groupe de ratisser plus de zones dans son effort de recrutement, attirant ceux qui préfèrent un « mouvement indépendant » de l'EIIL et d'al-Qaïda.
Ahmed a décrit l'arrestation de la cellule responsable de l'attaque contre le point de contrôle comme « un succès des [agences] de sécurité égyptiennes et la preuve de leur excellente capacité à traquer les terroristes et à trouver leurs repaires ».
Connexion potentielle avec d'autres extrémistes
Son activité a été observée pour la première fois lorsqu'un groupe de jeunes appartenant à divers groupes extrémistes se sont rassemblés pour former un mouvement, « tirant parti de la situation de sécurité en Egypte à cette époque », a expliqué Cheikh Nabil Naïm, membre fondateur du Djihad islamique en Egypte qui a depuis renoncé à l'idéologie extrémiste.
Ces groupes ont de toute évidence « bénéficié d'un entraînement sur l'exécution d'assassinats avec des armes à feu et des EEI », a-t-il affirmé, ajoutant que cela prouve que « le mouvement [Hasm] reçoit des ordres des groupes extrémistes du Sinaï ».
Le mouvement Hasm « peut être vu comme la branche cairote de Wilayat Sinaï, [affilié à l'EIIL] », a conclu Naïm.