Terrorisme

Le mouvement Hasm égyptien : un an de bain de sang

Par Ahmed al-Sharqawi au Caire

Le 14 juillet, la police égyptienne inspecte la scène d'une fusillade qui a causé la mort de cinq de leurs collègues près de Badrasheen, une ville située à une vingtaine de kilomètres du Caire. Le mouvement activiste de Hasm a revendiqué des attaques similaires dans la région. [Ahmed Abdel-Gawad/AFP]

Le 14 juillet, la police égyptienne inspecte la scène d'une fusillade qui a causé la mort de cinq de leurs collègues près de Badrasheen, une ville située à une vingtaine de kilomètres du Caire. Le mouvement activiste de Hasm a revendiqué des attaques similaires dans la région. [Ahmed Abdel-Gawad/AFP]

Il s'est passé une année entière depuis que le mouvement Hasm est apparu sur la scène égyptienne, revendiquant des attaques meurtrières qui ont causé la mort de dix-sept membres de l'armée et de la police et la destruction de véhicules blindés et d'autres ressources gouvernementales.

Mais les forces égyptiennes ont le groupe dans le viseur, et elles ont chassé et tué les éléments du groupe lors d'une série d'opérations récentes.

Depuis le jour de sa création, le 16 juillet 2016, Hasm a mené des opérations hostiles contre l'armée et la police égyptiennes et des attaques contre des personnalités religieuses.

Selon des documents publiés par le Bureau du haut procureur de la sécurité publique, Hasm a tué dix-sept membres de la police et de l'armée, et en a blessé cinquante-six autres depuis sa création, sans compter dix-sept voitures de police et véhicules blindés détruits.

Des débuts violents

Hasm a perpétré sa première attaque dans la province rurale de Fayoum le jour après l'annonce de sa fondation, assassinant Mahmoud Abdel-Hamid, le chef de la police de Tamiya qui menait le bureau d'enquêtes local.

Deux soldats qui se trouvaient avec Abdel-Hamid ont survécu à l'attaque, selon l'enquête menée par le Bureau du haut procureur de la sécurité publique.

« La première opération du mouvement n'a pas rencontré un écho énorme auprès des agences de sécurité, qui n'ont pas réalisé à l'époque le sérieux de la menace que présentait Hasm », a déclaré le journaliste égyptien Mahmoud Nasr, qui couvre les questions de sécurité.

Les autorités égyptiennes ont initialement sous-estimé la capacité du mouvement naissant à s'organiser et s'armer, a-t-il précisé à Al-Mashareq.

« Hasm considérait sa première opération comme un début, avant de choquer les agences moins de deux mois plus tard avec une deuxième action 5 août ; la tentative d'assassinat de l'ancien grand mufti Ali Gomaa », a-t-il raconté.

Par la suite, Hasm a eu recours à des tactiques comme le déclenchement d'engins explosifs improvisés (EEI) à des points de contrôle de sécurité, et des combats armés contre les forces de l'armée et de la police au Sinaï et d'autres provinces égyptiennes, a rapporté Nasr.

Le groupe a utilisé des voitures piégées contre des convois militaires, a-t-il fait savoir, et a entraîné des combattants qu'il appelle « aigles » pour affronter à main armée des membres de la sécurité.

Lors de son attaque la plus récente, le 7 juillet, Hasm a assassiné Ibrahim al-Azzazi, membre de l'Agence de sécurité nationale devant son domicile dans la province de Qalyubia.

Financement et mode opératoire

Le mouvement est financé par des personnalités égyptiennes en exil et dans le pays qui sont opposées au régime actuel, selon des enquêtes menées par les bureaux du procureur militaire et du procureur général.

Les enquêtes révèlent qu'il existe une coordination entre Hasm et Liwaa al-Thawra, un groupe créé le 21 octobre 2016, et qu'ils partagent une source de financement.

La première opération de Liwaa al-Thawra a été une embuscade dans la province de Qalyubiya, lors de laquelle sept soldats égyptiens ont été tués, et son coup d'éclat a été l'assassinat du colonel Adel Rajai, un important officier égyptien.

L'Agence de sécurité nationale égyptienne a récemment arrêté un grand nombre d'éléments de Hasm sur le territoire national après avoir reçu des informations sur leurs activités, leurs déplacements et leurs implications dans des opérations terroristes.

« L'armée égyptienne a lancé des raids contre les repaires du mouvement et a pu neutraliser nombre de ses éléments », a rapporté à Al-Mashareq le major général Mohsen Hafzi, ancien assistant du ministre de l'Intérieur.

« L'armée a pu endiguer les activités du mouvement », a déclaré Hafzi.

Les éléments de Hasm ont cessé leurs opérations pendant un long moment après cette répression, mais ont repris leur activité ce mois-ci avec l'assassinat d'al-Azzazi.

Les éléments de Hasm ont reçu « un entraînement externe à la guérilla, qui repose sur des tactiques d'attaques-surprises sur les forces de l'armée et de la police », a indiqué le major général Tharwat al-Nasiri, conseiller à l'Académie militaire Nasser.

Une intense surveillance est mise en place avant une attaque, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

« Le mouvement utilise ses informateurs, inconnus des agences de sécurité, pour repérer l'emplacement de la cible plusieurs fois, pour se familiariser avec les rues qui peuvent être utilisées pour surprendre la cible, et d'autres rues qui leur permettent de fuir rapidement le lieu de l'attaque », a-t-il expliqué.

Ces éléments sont formés à l'utilisation d'armes légères, a-t-il poursuivi.

L'étau se referme sur Hasm

En septembre 2016, les agences de sécurité ont arrêté Raed Mohammed Oweiss, le premier suspect de Hasm, trois mois après la création du mouvement, et le procureur l'a accusé d'être impliqué dans le meurtre d'Abdel-Hamid.

Trois suspects qui ont pris part à la tentative d'assassinat de Gomaa, ainsi que deux autres qui ont participé à la tentative d'assassinat de l'adjoint au procureur général Zakaria Abdoulaziz ont rapidement été ajoutés au total des arrestations.

À l'heure actuelle, « le nombre total de suspects arrêtés pour avoir fait partie du mouvement est de cent quarante, et ils sont tous en cours de jugement dans des tribunaux militaires », a déclaré à Al-Mashareq le major général Abdel Latif al-Badini, ancien assistant du Premier ministre.

Pendant ce temps, les forces égyptiennes continuent de prendre le groupe pour cible, tuant trois éléments de Hasm le 20 juin lors d'une fusillade à Alexandrie, un membre haut-gradé du mouvement le 11 juillet à Fayoum, et piégeant et tuant deux membres hauts-gradés de Hasm alors qu'ils tentaient de se rendre dans un nouveau repaire dans les faubourgs du Caire, selon un article de mardi 18 juillet.

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