Terrorisme

Le Yémen promet la justice suite à l'attaque mortelle de l'EIIL

Par Abou Bakr al-Yamani à Sanaa

Un Yéménite blessé arrive dans un hôpital le 10 décembre après un attentat suicide mortel dans le camp militaire d'al-Sawlaban, dans la ville portuaire d'Aden. [Saleh al-Obeidi/AFP]

Un Yéménite blessé arrive dans un hôpital le 10 décembre après un attentat suicide mortel dans le camp militaire d'al-Sawlaban, dans la ville portuaire d'Aden. [Saleh al-Obeidi/AFP]

Les Yéménites ont fortement condamné un attentat suicide qui a eu lieu samedi 10 décembre et a été revendiqué par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL). Des soldats à l'extérieur du camp militaire d'al-Sawlaban, dans la ville portuaire d'Aden, ont été pris pour cible.

« Il y a 48 morts et 29 blessés », tous soldats, a déclaré dimanche à l'AFP le chef du département de santé d'Aden, Abdel Nasser al-Wali, mettant à jour un bilan précédent.

Un attaquant portant une ceinture d'explosifs s'est fait sauter au milieu d'un rassemblement de soldats devant la porte principale du camp d'al-Sawlaban, dans le district de Khormaksar.

Ce camp avait été la cible d'attentats similaires revendiqués par al-Qaïda en juillet et ayant fait 10 morts et des dizaines de blessés.

Le major général Hussein Arab, vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur, préside un comité formé pour enquêter sur l'incident à la demande du Premier ministre Ahmed ben Daghr et du président Abd Rabbou Mansour Hadi.

Le comité a ordonné le versement d'une compensation d'un million de riyals (4 000 $) à chaque famille de martyr, et d'un demi-million de riyals (2 000 $) pour chaque soldat blessé.

Dans le même temps, le Bureau du chef d'état-major de l'armée a juré de poursuivre les personnes responsables de ce crime jusqu'à ce que les droits de toutes les victimes aient été reconnus et pour éliminer les foyers du terrorisme.

« Cette sordide attaque terroriste vise à semer le chaos, le meurtre et le carnage, et à perturber la vie publique », a déclaré le Bureau du chef d'état-major de l'armée dans un communiqué repris par les médias locaux.

De tels actes « ne dissuaderont pas l'armée et les forces de sécurité de poursuivre leurs efforts pour établir la sécurité et la stabilité et pour affronter et éradiquer les éléments terroristes et débarrasser le monde de leurs actes malveillants », a indiqué le communiqué.

Les meurtres provoquent l'indignation publique

« Ces actes terroristes sont le résultat d'une absence du rôle des érudits, qui éduquent la société sur la tolérance et la modération de l'Islam », a affirmé Cheikh Jabri Ibrahim, du ministère des Dotations et de l'Orientation.

Ceci a permis l'émergence « de ceux qui ignorent les sciences religieuses et la charia et qui se font passer pour des érudits en portant la robe et l'amama (turban) et en publiant de fausses fatwas » a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Cela a mené à la propagation d'une culture de rejet et de violence, a expliqué Ibrahim, notant que la charia interdit le meurtre de musulmans et de non-musulmans.

Il a appelé les érudits à clarifier publiquement ces questions dans leurs discours, leurs leçons et leurs sermons « pour répandre la culture de l'interdiction du meurtre ».

Ceci aiderait à endiguer la circulation d'une idéologie extrémiste qui « travaille secrètement pour instiller la culture de la haine, de l'extrémisme, du takfirisme et du dédain pour les gens et leurs vies », a-t-il précisé.

Ce genre de raisonnement donne naissance à des actes criminels et terroristes, a-t-il ajouté.

« L'indignation publique gagne toute la société face à cet acte terroriste », a indiqué Nasser Joubran, secrétaire général du district de Khormaksar à Aden.

« Ces actions ne sont approuvées par aucune religion, aucun enseignement divin, et aucune norme, loi ou convention internationale », a-t-il affirmé à Al-Mashareq, appelant à ce que les mesures de sécurité adéquates soient prises pour protéger les gens d'attentats terroristes.

Attaque de nouvelles recrues

« Le ressentiment quant à la situation de sécurité provient de la répétition de ces crimes contre nos jeunes, et dans le même quartier d'Aden, devant le camp d'al-Sawlaban et ailleurs, et de la même manière, s'attaquant aux mêmes victimes qui n'étaient venues que pour trouver du travail », a déclaré Joubran.

La vue des corps des victimes était « accablante et tragique », a-t-il indiqué, ajoutant que douze des victimes étaient originaires du directorat d'al-Mahfad, dans la province d'Abyan, et le reste venait du directorat de Modiya dans la même province.

Ils étaient tous venus s'engager, a-t-il précisé, et ils n'avaient jusqu'ici pris part à aucun combat contre des groupes extrémistes.

« Les citoyens yéménites ne peuvent rien faire d'autre que condamner ces actes et atténuer l'horreur de cette tragédie qui a coûté la vie à des dizaines de personnes », a déclaré Salem Mahfouz, habitant d'Aden, à Al-Mashareq.

« Les victimes n'y étaient allées que pour s'inscrire et gagner une source de revenus pour eux-mêmes et leurs familles, afin d'alléger leurs fardeaux et atteindre un niveau de vie minimum », a-t-il poursuivi.

« Les actes terroristes commis par Al-Qaïda et l'EIIL dans les provinces du sud nécessitent d'affronter et d'éliminer le terrorisme afin que la société puisse être débarrassée de ce mal », a conclu Mahfouz.

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