Des citoyens yéménites et des érudits religieux ont rapidement et fermement condamné une vidéo publiée sur internet par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) montrant le groupe exécutant quatre jeunes dans un lieu inconnu de la province d'al-Bayda.
Depuis mercredi 9 janvier dans la soirée, lorsque ces images sinistres ont été publiées sur internet et ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, ce crime a provoqué l'indignation publique, des érudits religieux affirmant que ces actes n'ont aucun fondement dans l'Islam.
La vidéo montre quatre éléments de l'EIIS exécutant quatre hommes menottés, dans un lieu inconnu de la province central d'al-Bayda.
Les quatre tireurs se tiennent derrière les jeunes menottés et les abattent à courte portée.
L'homme masqué qui prend la parole affirme que les victimes étaient « des soldats des forces progouvernementales capturés lors d'une récente attaque », et menace de mener des exécutions similaires à l'avenir.
Condamnation rapide par les érudits
Les érudits religieux ont immédiatement condamné cette exécution, soulignant que non seulement l'EIIS n'a rien à voir avec l'Islam, mais que son objectif est de salir la religion.
« Nous condamnons cette opération terroriste dans les termes les plus forts et avec les preuves les plus convaincantes de la charia », a déclaré Cheikh Yahya al-Najjarn, de l'Association des érudits yéménites.
« Ce que l'EIIS a fait est un acte répréhensible qui n'a rien à voir avec l'Islam », a-t-il indiqué à Al-Mashareq. « Ses actions n'ont rien à voir avec la religion ou l'humanité. »
« Nous ne pouvons pas trouver suffisamment de mots dans tous les dictionnaires de ce monde pour condamner ce crime ignoble », a-t-il ajouté.
L'EIIS et les autres groupes extrémistes comme lui « n'ont aucune religion », a affirmé Jabri Ibrahim, ministre adjoint à la Dotation et aux conseils religieux.
« Ils font partie des perdants », a-t-il expliqué à Al-Mashareq. « Ceux qui commettent ce genre de crimes sont malades et mauvais, et ne connaissent rien de la bonté ou de la gentillesse. »
« Leur but est de salir l'Islam et son nom, bien que l'Islam n'ait rien en commun avec eux. »
« Ils ne font qu'utiliser l'Islam comme justification pour les massacres, les meurtres et les incendies criminels », a-t-il ajouté, soulignant que « l'Islam est la religion de la paix, de l'amour et de la tolérance ».
Les proches réclament les corps des victimes
Le frère de l'une des victimes a demandé au gouvernement yéménite d'identifier le lieu où le crime a été commis et de retrouver les corps des jeunes hommes, afin qu'ils puissent être enterrés dans la dignité.
« Je demande au gouvernement d'assumer sa responsabilité et de découvrir comment ces jeunes hommes ont été attirés et tués de cette manière par des groupes qui existent au vu et au su des personnes chargées des vies et de la sécurité des yéménites », a écrit Abdoul Fattah al-Shogaa sur les réseaux sociaux.
Le frère d'al-Shogaa, Zayed, fait partie des quatre victimes.
« Mon frère et un groupe de ses collègues ont été martyrisés sur l'autoroute d'al-Bayda-Marib, alors qu'il allait intégrer l'armée nationale », a-t-il ajouté.
Dans un autre message publié sur les réseaux sociaux, la journaliste et militante Samia al-Aghbari a déclaré qu'elle est terrifiée depuis qu'elle a regardé la vidéo de l'exécution.
Elle a tenté d'oublier l'image de ces jeunes hommes, a-t-elle raconté, mais sans y arriver.
« Je la vois partout où je vais ; ils étaient terrifiés et impuissants, entre les mains d'un gang sans pitié », a-t-elle écrit. « Si je ressens cela, alors que je ne les connaissais pas, qu'en est-il de leurs familles, lorsqu'elles ont regardé la vidéo de ce crime ? »
Bassam Ali, un chef d'entreprise, a déclaré à Al-Mashareq qu'il condamne les exécutions, mais qu'il juge que le climat dans lequel l'EIIS peut prospérer a été créé par le conflit en cours entre les forces progouvernementales et les Houthis (Ansarallah), soutenus par l'Iran.
« Le conflit entre les belligérants a donné à ces groupes terroristes l'occasion de réémerger et de commettre ces actes de terrorisme », a-t-il déploré, ajoutant que « n'importe quelle personne sensée » condamnera ces exécutions.