Le ministère libanais de l'Education et de l'Enseignement supérieur a lancé la semaine dernière un programme pédagogique de deux ans et 3 millions de dollars ayant pour but d'améliorer les résultats de l'éducation pour les réfugiés syriens et les élèves libanais de familles modestes.
Le programme « La recherche pour les résultats », financé en partenariat avec le Département britannique du développement international, l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et la Banque mondiale, a été lancé le 8 novembre.
Fondé sur ses recherches relatives aux performances des élèves, ce programme émettra des recommandations pour l'amélioration de la qualité de l'éducation publique et privée.
Il examinera les facteurs qui contribuent à la présence scolaire continue et au décrochage scolaire chez les élèves libanais issus de familles à faibles revenus, et les réfugiés syriens.
Les buts additionnels incluent le développement d'un plan d'urgence pour les élèves réfugiés et l'identification des obstacles qui gênent le développement de programmes scolaires pour cette population.
Le système éducatif et les autorités concernées seront évalués, et ces données seront utilisées pour améliorer la qualité et l'efficacité des services éducatifs et pour garantir que tous les élèves y ont accès.
Ceci prendra la forme d'un « ensemble d'études sur les écoles, l'Autorité éducative, la façon dont les citoyens perçoivent le secteur de l'éducation et les résultats pédagogiques qu'ils attendent », a expliqué Fady Yarak, directeur général du ministère de l'Éducation.
« Le programme est important car il prend en compte les nouvelles circonstances du secteur éducatif en raison du déplacement syrien vers le Liban », a-t-il précisé à Al-Mashareq.
Les chiffres du ministère indiquent que l'éducation formelle compte 1,1 million d'élèves, dont 50% sont inscrits dans des écoles privées, 34% dans des écoles publiques, 13% dans des écoles privées gratuites et 3 dans des écoles affiliées à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA).
« Nous avons découvert qu'environ 40% des enfants syriens, soit environ 200 000 enfants en âge d'être à l'école sur 500 000, sont inscrits dans une école », a-t-il déclaré. « Il est donc impératif de connaître la qualité des services fournis par nous assurer que chaque enfant vivant sur le territoire libyen, y compris les Syriens, a accès à une bonne éducation».
Plan d'urgence pour les réfugiés
Ce programme, qui étudiera les écoles, le secteur éducatif et les initiatives les plus réussies, préparera le terrain pour un plan d'urgence pour les élèves réfugiés, a affirmé Yarak.
Il développera plusieurs types de programmes pour cette population, a-t-il indiqué, d'une éducation formelle prenant place lors de sessions d'après-midi à de l'éducation non formelle, afin de s'adapter au plus grand nombre possible d'enfants.
« La recherche examinera l'impact de la présence syrienne sur le secteur éducatif, pour que nous puissions fournir une qualité d'éducation qui répond à nos aspirations, dans [les limites des] ressources du Liban », a-t-il poursuivi.
Ceci permettra le développement de politiques et de décisions pédagogiques basées sur des faits et des chiffres précis plutôt que des estimations et des conjectures, a-t-il affirmé.
« Le programme scolaire façonne les perspectives et les attitudes des élèves », a-t-il déclaré, ajoutant que le matériel pédagogique est tiré de la constitution et des lois du Liban.
Les programmes scolaires sont conçus pour encourager « la pleine citoyenneté, pour endiguer le phénomène de violence et d'extrémisme », a-t-il ajouté.
« L'environnement social libanais est historiquement et traditionnellement ouvert aux autres et est à l'image du Liban, et l'éducation sur la citoyenneté est une partie fondamentale de notre projet, incluant les élèves syriens et libanais », a-t-il déclaré.
Amélioration de l'environnement académique
La Banque « est préoccupée par l'amélioration de l'environnement éducatif pour les élèves libanais et syriens », a déclaré Haneen al-Sayed, coordinatrice du Programme de développement humain de la Banque mondiale au Liban, en Syrie et en Jordanie.
« Nous travaillons, par le biais de tous les plans et programmes, à alléger l'impact du déplacement syrien sur tous les secteurs, y compris celui de l'éducation », a-t-elle indiqué à Al-Mashareq.
« L'une des cinq études abordera l'impact du déplacement syrien sur l'apprentissage des élèves compte tenu de la présence de 500 000 élèves [réfugiés syriens] en âge de scolarisation, dont seulement 200 000 sont à l'école », a-t-elle déclaré.
Le programme de recherche proposera aux enseignants une formation pour qu'ils soient équipés pour s'occuper d'élèves syriens et libanais, a-t-elle précisé, afin d'améliorer l'environnement éducatif pour tous les élèves.
Des initiatives supplémentaires destinées à profiter aux réfugiés syriens et aux élèves libanais à faibles revenus comprennent la mise à leur disposition de manuels scolaires, de papeterie et de transport gratuits, a-t-elle poursuivi.
Identifier et résoudre les problèmes
Les recherches du programme devront aborder « plusieurs questions devant bénéficier aux élèves syriens, dont la violence à l'école, l'environnement scolaire, et comment gérer le problème de la différence de langue », a indiqué Maha Chouayb, directrice du Centre des études libanaises et professeur à l'université américaine libanaise.
Sur la base d'études de terrain qu'elle a mené sur des élèves syriens dans plusieurs régions libanaises, a-t-elle déclaré, « le principal problème auquel ils sont confrontés est le programme scolaire, car le Liban est déterminé à ne pas le modifier, et le problème de la session de l'après-midi, où les élèves ne reçoivent pas une éducation académique traditionnelle ».
L'une des études portera principalement sur la session éducative de l'après-midi, a-t-elle noté.
« Elle doit donc prendre en compte certains des modèles réussis de ce type d'écoles dirigées par des organisations de la société civile syrienne, et ce qui est enseigné dans les écoles publiques », a-t-elle déclaré.
Les études doivent examiner ces modèles et les incorporer afin de les rendre disponibles pour tous, a-t-elle conclu, et doivent offrir les programmes scolaires libanais aux élèves syriens, mais en langue arabe.