Depuis près d'une semaine, l'armée égyptienne bombarde les caches des éléments extrémistes au nord de Sinaï et poursuit les combattants en fuite dans le cadre d'une nouvelle campagne terrestre et aérienne pour débarrasser la zone de la menace terroriste.
La campagne a commencé dimanche 16 octobre suite à une attaque de « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) sur un poste de l'armée dans la zone de Bir al-Abd à l'ouest d'al-Arish qui a tué 12 soldats et blessé au moins six autres.
Les unités des forces spéciales, les 2e et 3e armées de terre et la police participent à la campagne, d'après le porte-parole militaire le général de brigade Mohamed Samir.
Ceci est la deuxième offensive globale lancée par l'armée égyptienne depuis le début de l'opération droit du martyr dans la péninsule en septembre 2015.
La campagne comprendra une revue de toutes les mesures de sécurité dans les zones ciblées, et l'adhésion des forces de sécurité « aux règles d'engagement pour assurer la sécurité des civils qui peuvent être utilisés comme boucliers humains par les combattants », a indiqué Samir.
Suite à l'attaque de vendredi, le président Abdel-Fattah al-Sissi a émis un communiqué promettant que l'incident ne fera que « renforcer notre détermination et persistance à continuer notre bataille pour le développement et la survie ».
Mardi, al-Sissi a étendu un état d'urgence dans les zones désignées dans le nord du Sinaï pour trois mois supplémentaires, entrant en vigueur le 31 octobre.
Poursuivre les combattants en fuite
L'armée a précisé qu'elle a tué 33 combattants samedi et dimanche dans des raids aériens et terrestres sur leurs caches et caches d'armes. Lundi et mardi, les forces égyptiennes ont tué 19 autres dans des séries de raids similaires.
Trois soldats égyptiens ont également perdu leur vie pendant leur service.
« Les forces de l'armée et de la police ainsi que d'autres agences de sécurité continuent d'agir dans des zones du Sinaï pour éradiquer le terrorisme », a indiqué le brigadier général Jawdat Ashraf de la police égyptienne, qui est en service actuellement au Sinaï.
Il y avait eu un changement récent dans le type d'opérations qui étaient conduites, cependant, en vue de la baisse notable de l'activité terroriste, a-t-il confié à Al-Mashareq.
Les opérations militaires ont progressivement changé de confrontations et raids presque quotidiens sur les caches connues à des frappes de précision et opérations de poursuite, a-t-il précisé, notant que « cela démontre une baisse dans les capacités militaires [des combattants] ».
En raison de pertes successives qu'ils ont subies, les combattants terroristes s'aventurent rarement à sortir en plein air, dit-il, et lorsqu'ils le font, ils font rapidement « une démonstration de force puis disparaissent rapidement avant que les forces de sécurité n'arrivent ».
L'attention militaire est orientée maintenant vers la découverte de caches dans le désert où les combattants prennent refuge, a dit Ashraf, et les forces terrestres et aériennes mènent des raids en permanence.
Eradiquer les extrémistes
En parallèle avec les opérations militaires, les forces égyptiennes mènent quotidiennement des opérations et patrouilles de sécurité, a affirmé le spécialiste en groupes terroristes et l'officier retraité de l'armée égyptienne le général de division Yahya Mohammed Ali à Al-Mashareq.
Dans le cadre de ces opérations, les forces de sécurité égyptiennes ont « créé des points de contrôle et barrages routiers pour inspecter les voitures et leurs documents [d'enregistrement] et vérifier les cartes d'identité des résidents », dit-il.
La nouvelle opération dans le nord du Sinaï a maintenant deux objectifs principaux, dit-il.
Le premier est d'imposer entièrement le règne du droit dans la zone où régnait un état de non-respect de la loi, alors que le second et le plus important objectif est d'éradiquer les combattants extrémistes et déjouer les attaques planifiées.
Certains combattants cherchent à se camoufler et voyager parmi les civils en utilisant de faux papiers d'identité, dit-il, ajoutant que des dizaines de cas similaires ont été mis à jour « et plusieurs éléments takfiristes sont arrêtés au quotidien ».
Les forces égyptiennes s'attaquent également au commerce illicite de drogues telles que le hachisch et les pilules narcotiques en coupant les routes de contrebande, poursuit-il, puisque ce type d'activité peut servir de source de financement pour les groupes extrémistes.
Caravanes de prosélytisme religieux
Conjointement avec les efforts de sécurité au Sinaï, les autorités égyptiennes mettent l'accent aussi sur la diffusion de la pensée islamique modérée dans le cadre d'un plan global pour éradiquer l'idéologie extrémiste.
Al-Azhar a envoyé des caravanes de prosélytisme religieux en Egypte et à travers le monde pour corriger les conceptions erronées sur l'Islam, a affirmé Cheikh Rajeh Sabri du ministère des dotations à Al-Mashareq.
En Egypte, poursuit-il, les efforts d'Al-Azhar et Dar al-Iftaa sont focalisés principalement sur le nord et le sud du Sinaï.
L'objectif est de « s'assurer que les résidents, et les jeunes en particulier, sont immunisés contre les idées déviantes à travers les convois de prosélytisme qui sont dispersés dans toutes les régions et atteignent les villages lointains », a-t-il souligné.
Un nombre d'instituts et écoles affiliés à Al-Azhar ont été ouverts pour aider dans la diffusion de la pensée islamique modérée, a-t-il ajouté, notant que ces efforts s'ajoutent aux efforts de sécurité en cours.
Les deux partagent le même but, explique-t-il, qui est « de libérer les communautés de la société au Sinaï de l'emprise des terroristes ».
Construire une nouvelle vie
Les résidents du Sinaï ont démontré leur solidarité avec les forces de sécurité, a précisé Sabri, et étaient réceptifs des efforts des institutions religieuses modérées.
Certaines campagnes nationales menées au Sinaï avaient été aussi reçues positivement par les résidents de la péninsule, dit-il.
Celles-ci comprennent la campagne « Pour l'Egypte » qui a réalisé ces derniers mois des projets tels que la plantation de 350 000 arbres dans le but d'étendre les terrains agricoles et accroître les opportunités d'emploi, dit-il.
L'Agence centrale pour la reconstruction offre aussi une multitude de projets de développement qui comprennent la construction de maisons et l'approvisionnement en électricité à un nombre de zones lointaines, a ajouté Sabri.
Ces projets font partie « des efforts menés pour aider les résidents dans ses zones et/ou renverser leur sentiment de marginalisation, pour s'assurer qu'ils ne suivront pas les groupes terroristes qui exploitent leur situation économique pour les attirer à joindre leurs rangs », conclut-il.