Les tribus du Sinaï ont récemment publié un communiqué rejetant la présence de Wilayat Sinaï, filiale de « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) dans leurs zones, disant qu'ils appuient les forces de sécurité égyptiennes dans leurs efforts visant à défaire le groupe.
Dans un communiqué publié le 15 septembre, les tribus du nord de la péninsule ont réaffirmé leur soutien aux forces armées et ont déclaré qu'elles soutenaient l'état « dans toutes les mesures qu'elles entreprennent pour établir la sécurité et la stabilité à travers l'Egypte, notamment la péninsule du Sinaï ».
Les tribus ont exprimé leur espoir que le terrorisme soit éradiqué rapidement et que l'espoir retourne au Sinaï « avec la mise en place de projets de développement antérieurement annoncés par l'état ».
Réaffirmation du soutien pour l'armée
« Le rapprochement entre les tribus arabes au Sinaï et les forces de sécurité et l'armée se fait à très grande échelle, en particulier pendant cette période où la région est sous la menace du terrorisme », a précisé le général de brigade Jawdat Ashraf de la police égyptienne, actuellement stationné au Sinaï.
Cela est dû à la tension latente entre les tribus et l'EIIL et la pression intense de l'armée sur les extrémistes, a-t-il affirmé à Al-Mashareq.
Le communiqué des tribus soutenant l'armée et exprimant leur solidarité avec l'état égyptien «n'est pas surprenant ou nouveau, et il est émis par les tribus seulement pour réaffirmer leur position », a-t-il ajouté.
La situation s'est détériorée entre les combattants de l'EIIL et les hommes de tribus, en particulier les membres de la tribu Tarabin, conduisant à des affrontements armés entre les deux groupes suite à la tentative de l'EIIL à imposer des redevances dans certaines zones, a précisé Ashraf.
« Elle a aussi entraîné des enlèvements réciproques entre les deux parties, et les terroristes ont subi beaucoup de pertes », a-t-il ajouté.
Les forces égyptiennes ont intervenu pour empêcher les civils de s'engager dans des confrontations directes avec l'EIIL et limiter les combats aux forces de sécurité, a-t-il expliqué.
Les tribus du Sinaï rejettent l'EIIL
La tension entre les tribus et les groupes extrémistes a commencé en 2011, lorsque les groupes armés affiliés à Al-Qaïda ont commencé à proliférer dans la région, a signalé Ashraf.
« Ils ont tué plusieurs résidents de la région, dont des gens ordinaires et des chefs de tribus, dans une tentative d'intimider la population locale et les dissuader de signaler leurs mouvements», poursuit-il.
Ces groupes utilisaient les routes clandestines pour faire passer les armes et les drogues à travers la péninsule, ajoutant que les hommes de tribus qui ont exposé leurs activités, dont le trafic de drogue auquel ils se sont livrés pour financer leurs opérations, aux autorités.
L'alliance entre l'armée égyptienne et les tribus est devenue plus critique à la lumière de la guerre en cours sur le terrorisme, a expliqué l'analyste militaire et l'officier militaire égyptien retraité le général de division Abdoul-Karim Ahmed.
La bataille entre l'armée et les groupes extrémistes est entrée dans une phase plus dangereuse et critique, a-t-il signalé à Al-Mashareq, ajoutant que dans le passé, l'armée attaquait ces groupes par des attaques surprises ou des frappes aériennes intensives.
« Mais maintenant, il est clair que les terroristes ont décidé de se cacher dans les régions accidentées et à l'abri des regards dans le désert rude et les corridors montagnieux», a-t-il souligné.
Ceux-ci sont les terrains les plus difficiles pour mener des opérations militaires, a confié Ahmed, ajoutant que personne ne connaît mieux ces régions que les hommes de tribus.
« Tous les renseignements et rapports provenant du Sinaï indiquent l'existence de tension claire entre les terroristes et les hommes de tribus, qui rejettent la présence des terroristes dans leurs régions et refusent catégoriquement de combattre l'armée égyptienne », conclut-il.
Intimidation de la population du Sinaï
« Les terroristes dans le Sinaï ont une grande haine pour les hommes de tribus arabes car ils refusent de travailler avec eux et pour avoir cherché la protection de l'armée égyptienne », a indiqué l'enseignant Mamoun Majeed, natif du nord du Sinaï qui habite au Caire.
Wilayat Sinai a mené plusieurs exécutions dans la péninsule, a-t-il dit à Al-Mashareq, accusant ses victimes de travailler avec les forces égyptiennes et leur fournir les informations sur les mouvements du groupe, ses routes et caches.
Les extrémistes utilisent plusieurs tactiques pour empêcher les citoyens de travailler avec l'armée, dit-il, y compris « l'intimidation et la tentation ».
Parfois ils utilisent les médiateurs pour calmer les choses, « pour s'assurer que les hommes de tribus ne vont pas leur tirer dessus », poursuit-il, alors que dans d'autres occasions, ils ont recours à l'intimidation en apparaissant soudainement pour bloquer les routes à fort trafic.
Dans ces cas, ils assurent leur présence pour de courtes périodes, a précisé Majeed, et ils fuient avant l'arrivée de l'armée égyptienne.
La tribu Tarabin a expulsé les éléments extrémistes de son territoire dans une série de batailles violentes, notamment dans la zone d'al-Ajraa entre cheikh Zouweid et Rafah près de la ligne côtière.
Cette tribu a antérieurement constitué une milice, l'Union des tribus du Sinaï, pour combattre les extrémistes, a-t-il dit, ajoutant qu'en quelques mois, « elle était capable d'expulser les terroristes de plusieurs zones et détruire un grand nombre de leurs caches ».
Cependant, les négociations entre l'armée égyptienne et les tribus les ont persuadées de laisser les activités militaires à l'armée égyptienne, dit-il, par souci du commandement de l'armée pour la sécurité des résidents de ces zones.