Des Yéménites et des responsables ont condamné unanimement un attentat suicide de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) contre un centre de recrutement de l'armée à Aden lundi 29 août qui a fait 71 morts et des dizaines de blessés.
Le kamikaze a conduit une voiture à travers l'entrée d'un centre de recrutement dans le quartier de Cheikh Othman, à Aden, qui avait été laissé ouverte pour une livraison, et a fait sauté les explosifs qu'il transportait, tuant 71 personnes et en blessant 98, a rapporté l'AFP.
L'EIIL a revendiqué l'attaque par le biais de son agence de presse, Amaq.
C'est la quatrième attaque suicide contre des centres de recrutement ou des camps militaires à Aden revendiquée par l'EIIL cette année, et l'attentat le plus meurtrier qu'a connu la ville portuaire du sud du pays depuis plus de douze mois.
Le président Abd Rabbou Mansour Hadi a condamné cet « acte terroriste lâche », déclarant que c'était une réponse aux « coups douloureux » que l'armée et la coalition ont infligés au groupe.
Lors d'un appel téléphonique au général de division Ahmed Saif al-Yafei, commandant de la quatrième zone militaire, Hadi a indiqué que les blessés seraient traités aux frais de l'État.
Il a souligné le besoin pour tous les Yéménites de s'unir afin de répondre à la menace que l'idéologie extrémiste et les actes terroristes qui en découlent posent au pays.
« Un crime contre les habitants d'Aden »
L'attentat de l'EIIL contre le centre de recrutement était un crime contre les habitants d'Aden, a affirmé Khalid Hakimi, directeur exécutif de l'Association de développement social al-Khayr.
« Plus de cent familles sont en deuil pour un fils tué ou blessé, après avoir compté sur lui pour assurer une source de revenus pour la famille, malgré les difficultés économiques qu'ils connaissent en raison des circonstances que le pays traverse », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
Quiconque ne condamne pas cet attentat « est du côté de ceux qui l'ont perpétrée et incitée », a affirmé Hakimi, ajoutant qu'après les attaques répétées contre des centres de recrutement, il sera plus difficile de s'engager pour les jeunes.
L'islam et la charia n'approuvent pas de tels crimes odieux contre des civils innocents, a déclaré Abdoul Rahman al-Moshaki, directeur adjoint du Bureau des dotations de Sanaa.
De tels crimes ont pour but de déformer l'islam, qui est une religion de paix, et non pas de destruction, de dévastation, de meurtre et de carnage, comme nous l'avons vu à Aden, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Ceux qui sont morts dans l'attentat ont donné leurs vies pour protéger leur pays et ses citoyens, a déclaré Sameh Jamal, directeur de la branche d'Aden de l'Autorité générale de l'arpentage et de l'urbanisme, demandant à ce que les familles et les parents des personnes mortes dans l'attaque reçoivent une compensation financière.
Jamal a également appelé les agences de sécurité du pays à prendre des mesures pour tenter d'empêcher la répétition d'un incident de ce type.
L'attentat révèle le désarroi de l'EIIL
La police d'Aden a décrit l'incident de lundi comme une « attaque désespérée par les groupes terroristes meurtriers d'Aden » en réaction aux pertes qu'ils ont subies aux mains des forces de sécurité ces dernières semaines.
De récentes opérations contre les groupes extrémistes armés agissant au Yémen ont abouti à l'arrestation de dizaines de leaders et de combattants dans les provinces d'Aden, Lahj et Abyan, a fait savoir la police dans un communiqué.
La police a également saisi de grandes quantités d'explosifs, de mines et d'engins explosifs improvisés (EEI) lors des raids, a précisé le communiqué.
La police d'Aden a appelé les parents à les prévenir immédiatement si leurs fils disparaissent, pour permettre aux agences de sécurité de contrer de possibles tentatives de recrutement et des attentats par des « groupes malavisés qui violent la religion ».
Al-Qaïda et l'EIIL cherchent à se venger de la libération d'al-Mukalla, capitale de la province de Hadramaut, et de la province d'Abyan, « et aussi de leurs succès dans ce domaine à Aden », a déclaré l'analyste politique Tariq al-Zoraiqi.
Les forces de sécurité ont contrecarré de nombreux attentats suicide, a-t-il indiqué à Al-Mashareq, et ont également démantelé beaucoup de cellules terroristes.
Al-Zoraiqi a appelé l'ONU à travailler pour mettre fin à la guerre au Yémen, car les circonstances que celle-ci a créées permettent aux groupes extrémistes de mener à bien des attaques pour tenter d'asseoir leur présence et étendre leur influence.
Un cessez-le-feu entre les belligérants yéménites est devenu impératif pour des raisons politiques, sociales et économiques, a-t-il affirmé.