Une résolution pacifique du conflit au Yémen est nécessaire pour empêcher la prolifération de groupes extrémistes comme al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA) et « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), ont expliqué des responsables yéménites à Al-Mashareq.
Dans un rapport présenté le 31 août devant le Conseil de sécurité, l'envoyé des Nations unies Ismail Ould Cheikh Ahmed a mis en garde sur le fait que l'escalade militaire au Yémen facilitera la propagation des groupes extrémistes, et a appelé toutes les parties à reprendre les négociations de paix.
AQPA et l'EIIL « continuent de semer le chaos dans de nombreuses régions du Yémen », a-t-il expliqué, rappelant un attentat suicide commis le 29 août à Aden et revendiqué par l'EIIL, qui avait fait 71 morts.
« La capacité grandissante de l'armée yéménite à lutter contre les groupes extrémistes, dont témoigne la récente arrestation de militants suspectés d'appartenir à AQPA à Zinjibar et dans l'Hadramaout, est encourageante », a souligné Ahmed.
« Toutefois, l'absence de l'État dans de nombreuses régions du Yémen, qui vient s'ajouter au chaos créé par la guerre, continuera de faciliter la prolifération de ces groupes extrémistes, qui représentent un réel danger pour la région », a-t-il ajouté.
Bâtir sur les succès
« Les agences militaires et de sécurité ont obtenu une série de victoires contre les groupes terroristes qui tentent de saper la stabilité et la sécurité », a déclaré Mohammed al-Amoudi, sous-secrétaire de la province de l'Hadramaout.
En avril, l'armée yéménite a libéré al-Moukalla et plusieurs régions voisines qui étaient sous le contrôle d'al-Qaïda depuis un an, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Al-Amoudi a attribué ce succès à la solidarité des Yéménites et à leur soutien aux efforts de sécurité menés sous un commandement unifié dirigé par le major général Faraj Salmeen, commandant de la deuxième région militaire.
Ces succès ont permis aux autorités locales de reprendre les efforts de reconstruction et de restaurer les services gouvernementaux, comme l'électricité et l'eau, a-t-il précisé.
Lors d'une réunion organisée le 19 août avec le gouverneur d'Aden Aidarus al-Zoubaidi, le Premier ministre Ahmed bin Dagher a déclaré que les efforts seront redoublés pour renforcer la sécurité et la stabilité dans la province d'Aden et éliminer tous les éléments extrémistes restants.
Il a également rappelé la récente victoire de l'armée contre al-Qaïda dans la province voisine d'Abyan.
Mi-août, les troupes yéménites avaient repris Zinjibar, la capitale provinciale, des mains d'al-Qaïda. Les extrémistes avaient fui dans les montagnes lorsque l'armée était entrée dans la ville, a indiqué l'AFP.
« Les succès obtenus dans l'Hadramaout, l'Abyan et à Aden ont donné aux autorités locales une occasion temporaire d'accentuer leurs efforts de reconstruction et de restauration des services », a expliqué l'analyste politique Adnan al-Houmairi.
Mettre fin à la guerre et parvenir à une résolution pacifique de ce conflit sont des conditions essentielles au retour permanent de la sécurité et de la stabilité, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
« La poursuite de la guerre au Yémen dans son ensemble a un fort impact et sape la stabilité dans certaines des provinces libérées, comme l'Hadramaout, Aden et l'Abyan, qui ont récemment été le théâtre d'attentats suicides qui ont fait des centaines de victimes », a-t-il ajouté.
Les pauvres pris pour cible
La guerre en cours au Yémen a exacerbé les souffrances humanitaires et économiques et entraîné la perte de centaines de milliers d'emplois, a indiqué al-Houmairi, ce qui, à son tour, a contribué à une augmentation de la pauvreté.
Selon un récent rapport de la Banque mondiale, a-t-il ajouté, plus de 85 % de la population du pays vit maintenant en dessous du seuil de pauvreté.
« Ce facteur économique est exploité par les groupes terroristes pour recruter de nouveaux membres », a-t-il poursuivi. « La dégradation de la situation sécuritaire et la division des institutions de l'État dans ce conflit et dans la guerre en cours ont fourni aux groupes terroristes une occasion en or de se propager et de tenter de s'étendre d'une région à une autre. »
La reprise de l'Hadramaout et de l'Abyan des mains d'al-Qaïda a contraint ses combattants et d'autres éléments extrémistes à fuir vers les régions montagneuses et vers les provinces voisines, ce qui pourrait conduire à une détérioration de la situation sécuritaire, a-t-il ajouté.
Al-Houmairi a appelé à « la fin de la guerre et l'imposition par la communauté internationale d'une solution pacifique [pour permettre à] l'État d'unifier ses efforts pour arrêter la prolifération des groupes terroristes et les éradiquer ».
Une paix nécessaire
« Cet environnement de guerre est propice à la prolifération des groupes terroristes armés », a expliqué le politologue Mohammed al-Ghabri à Al-Mashareq.
Un an et demi de guerre « a affaibli les institutions militaires et sécuritaires de l'État, qui s'érodent au fil du temps et sont en conflit les unes avec les autres », a-t-il ajouté.
L'absence de l'État et de ses institutions est le facteur qui contribue le plus à la propagation d'al-Qaïda et de l'EIIL dans les provinces de l'Hadramaout, de l'Abyan et d'Aden, a-t-il poursuivi.
Al-Ghabri a demandé aux Nations unies et aux parties internationales qui parrainent les pourparlers de paix de « faire pression par tous les moyens possibles en faveur d'un règlement pacifique au Yémen afin d'arrêter la guerre et la détérioration de la situation économique et sociale, qui crée un environnement propice à la propagation des groupes terroristes ».
Une résolution pacifique du conflit est nécessaire pour « préserver l'unité des peuples du Yémen et rétablir le fonctionnement des institutions de l'État, et réduire ainsi l'impact de ces groupes sur le Yémen » et la région, a-t-il conclu.