Terrorisme

Montée des tensions entre l'EIIL et al-Qaïda en Syrie

Par Waleed Abu al-Khair au Caire

Les combats entre « l'État islamique en Irak et au Levant » et le Front al-Nosra dans le camp Yarmouk à Damas ont déclenché une immense vague de déplacements. [Photo tirée de la page Facebook du Réseau médiatique d'al-Yarmouk]

Les combats entre « l'État islamique en Irak et au Levant » et le Front al-Nosra dans le camp Yarmouk à Damas ont déclenché une immense vague de déplacements. [Photo tirée de la page Facebook du Réseau médiatique d'al-Yarmouk]

Alors qu'al-Qaïda et « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) luttent pour asseoir leur domination en Syrie, le conflit entre les deux groupes rivaux atteint son paroxysme, ont expliqué des experts à Al-Shorfa.

Une augmentation des confrontations directes affaiblirait considérablement les deux groupes et pourrait éliminer beaucoup des groupes satellites qui ont prêté allégeance à l'EIIL ou à l'affilié d'al-Qaïda, le Front al-Nosra (FAN), ont-ils indiqué.

Ce conflit existe entre les deux groupes depuis la création de l'EIIL et son expansion d'Irak en Syrie, a expliqué l'ancien djihadiste Sheikh Nabil Naim, qui fut l'un des membres fondateurs du djihad islamique en Égypte.

« L'alliance récemment forgée entre al-Qaïda et les Talibans, après que le haut dirigeant d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, ait prêté serment au nouveau chef des Talibans afghans, Haibatullah Akhundzada, oppose l'EIIL au courant takfiriste extrémiste dans plusieurs régions du monde », a-t-il indiqué à Al-Shorfa.

Cela inclut la Syrie, l'Afghanistan et le Pakistan en particulier, a-t-il déclaré, où il est dans l'intérêt de l'alliance entre les Talibans et al-Qaïda d'éliminer l'EIIL.

Haibatullah a pris la tête des Talibans afghans en mai, et al-Zawahiri lui a prêté allégeance dans un enregistrement audio publié sur l'internet le 27 mai.

Pendant ce temps, l'évolution de la situation en Syrie laisse à penser que l'EIIL et le FAN « sont sur le point de s'affronter », a affirmé Naim.

« Ce conflit a commencé en 2015 après des affrontements directs sur le terrain entre les deux groupes », a-t-il déclaré, ajoutant que les deux groupes se sont lancés dans une guerre médiatique sans merci depuis près de deux ans.

Pertes de plus en plus importantes

« Le conflit entre l'EIIL et le FAN en Syrie affaiblirait considérablement la puissance militaire des deux groupes », a déclaré le major général Wael Abdul Muttalib, officier de l'armée égyptienne à la retraite et chercheur au Centre régional d'études stratégiques, spécialiste des groupes extrémistes.

L'affrontement prendra sûrement la forme de combats de rue dans les zones urbaines et de batailles dans les montagnes, où les deux groupes occupent des positions fortifiées, a-t-il prédit pour Al-Shorfa.

Quelle qu'en soit l'issue, ces combats « affaibliront leur puissance militaire, réduiront leur nombre, épuiseront leurs combattants et amenuiseront leurs capacités tactiques », a-t-il ajouté.

Les tensions montent entre les deux organisations alors que la campagne militaire internationale atteint son point culminant, surtout dans le nord de la Syrie, a-t-il expliqué, où les développements sur le terrain mettent l'EIIL et le FAN dans une position difficile.

Les deux groupes luttent sur plusieurs fronts, a-t-il indiqué, et se retrouvent dans une situation financière difficile, car leurs sources de financement sont taries par les forces de libération.

Cela les conduira à occuper de nouvelles zones afin d'obtenir de nouvelles sources de revenus en imposant des taxes, en percevant la zakat et en prenant le contrôle de ressources comme les récoltes et les puits de pétrole, a-t-il précisé.

« Les tensions entre les deux camps avaient déjà atteint leur paroxysme lorsqu'ils s'étaient mutuellement accusés de takfirs et de ne pas chercher à mettre en place un véritable 'État islamique' », a-t-il expliqué.

Les civils syriens « paient le prix »

Les indicateurs politiques et militaires en Syrie montrent clairement l'escalade entre l'EIIL et le FAN, a déclaré le journaliste syrien Mohammad al-Abdullah, résidant au Caire.

« Les militants de l'EIIL qualifient les éléments du FAN d'apostats car ils ne soutiennent pas [l'EIIL] dans ses combats dans le nord de la Syrie », a-t-il indiqué à Al-Shorfa.

Le FAN tente de resserrer son emprise sur les zones qu'il contrôle en excluant les factions armées qui n'approuvent pas ses actions, a-t-il expliqué.

« En 2016, la guerre sur le terrain a commencé », a-t-il déclaré.

Les deux groupes subissent d'importants revers en Syrie après avoir perdu des routes majeures qu'ils utilisaient pour faire entrer des combattants et des armes et pour faire le commerce illégal de produits comme le pétrole, a-t-il ajouté.

Le prix de ce conflit « est payé par les Syriens », a-t-il déploré, à la fois par ceux qui sont toujours dans le pays, où règnent la pauvreté et le manque d'éducation et de soins médicaux, et par ceux qui ont été contraints de migrer à cause de la guerre.

« Le contrôle d'une région par l'un ou l'autre de ces deux groupes mène à son inéluctable appauvrissement dû au vol de toutes ses ressources », a noté al-Abdullah.

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