Terrorisme

L'EIIL et al-Nosra se confrontent près de la frontière du Liban

Nohad Topalian à Beyrouth

L'armée libanaise mène une patrouille près de la ville frontalière nord d'Arsal. [Photo offerte par la direction d'orientation du commandement de l'armée libanaise]

L'armée libanaise mène une patrouille près de la ville frontalière nord d'Arsal. [Photo offerte par la direction d'orientation du commandement de l'armée libanaise]

Au moment où le groupe du front al-Nosra (FAN) affilié à Al-Qaïda et "l'Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL) se battent pour le contrôle de la frontière nord du Liban avec la Syrie, ils s'affaiblissent mutuellement dans le processus, ont dit les experts à Al-Shorfa.

Les affrontements entre les deux groupes, tels que les récentes batailles à la périphérie d'Arsal, peuvent être attribués à leur lutte pour dominer et contrôler de nouvelles zones, et continueront à le faire aussi longtemps que la guerre en Syrie se poursuive, disent-ils.

Le 4 juillet, de violents affrontements armés ont éclaté entre l'EIIL et les combattants du FAN dans la périphérie d'Arsal, une scène de confrontation régulière entre les deux groupes.

Les affrontements ont éclaté après que des combattants de l'EIIL aient pris contrôle des positions du FAN dans la zone du parc d'attractions, avant de s'étendre plus tard à Wadi Hmeid et Wadi al-Zahrani, à l'est d'Arsal, ont rapporté les médias libanais.

Mercredi 13 juillet, l'armée libanaise a tiré des obus d'artillerie lourde sur des positions tenues par des groupes extrémistes, y compris l'EIIL, dans la périphérie d'Arsal, Ras Baalbek et al-Qaa.

Une lutte pour la domination

Les récents affrontements entre l'EIIL et le FAN, ainsi que la friction précédente entre les deux groupes, peuvent être attribués à leur « lutte pour l'influence et le contrôle », a déclaré l'expert militaire et l'officier en retraite de l'armée libanaise le général de brigade, Wehbe Qaticha.

"Les deux groupes armés diffèrent non seulement en termes de force, mais aussi au niveau des objectifs", a-t-il déclaré à Al-Shorfa. "Donc, ils sont enfermés dans des batailles internes entre eux, comme chaque partie cherche à contrôler l'arène syrienne et au-delà".

Le calendrier des récents affrontements à la frontière libanaise est le résultat de la pression croissante et l'augmentation des pertes auxquelles les deux groupes sont confrontés dans le nord de la Syrie et à Alep, dit-il.

Au moment où ils accumulent les pertes dans ces régions, a-t-il dit, les deux groupes tentent de prendre le contrôle de nouvelles zones et d'élargir leur contrôle vers Arsal où ils cherchent à mettre en place de nouvelles positions.

Arsal revêt un intérêt stratégique pour les deux groupes, dit Katicha, "compte tenu de sa situation géographique et vu qu'elle constitue une extension de la région syrienne de Qalamoun".

"Alors qu'ils se heurtent à l'intérieur du sol syrien sous la bannière du chaos et du contrôle, ils se confrontent à la frontière libano-syrienne dans le but d'étendre leur contrôle et leur positionnement vers le Liban", a-t-il souligné.

L'armée libanaise est en train de déjouer leurs tentatives, a-t-il ajouté, notant que la zone frontalière continuera d'être un champ de bataille pour les deux groupes et que les affrontements continueront de faire rage entre eux aussi longtemps que la guerre en Syrie se poursuive.

Un cycle de luttes intestines

Les affrontements entre l'EIIL et le FAN "n'auront pas de fin parce que les différends entre eux sont importants et profondément enracinée", a déclaré Ahmad al-Ayoubi, un spécialiste dans les affaires de mouvements extrémistes.

"L'EIIL estime qu'il a donné naissance au FAN quand, avant même de s'autoproclamer "calife", Abou Bakr al-Baghdadi a envoyé Abou Mohammed al-Joulani en Syrie pour établir une succursale du groupe et soutenir le peuple syrien", a-t-il indiqué dans une déclaration à Al-Shorfa .

"Quand al-Baghdadi s'est proclamé calife, al-Joulani ne lui a pas juré allégeance du fait que le califat est une cause majeure qui concerne l'ensemble de la nation islamique, et les circonstances n'étaient pas propices à la déclaration du califat," dit-il.

"À ce moment-là, al-Joulani était considéré comme un dissident contre Al-Baghdadi, qui a qualifié le FAN de faction dissidente de l'EIIL," a-t-il ajouté.

"C'est ce qui a poussé le FAN à adopter sa propre politique en Syrie", a-t-il dit, ajoutant que le groupe a adopté une version moins sévère de la charia que l'EIIL, en n'approuvant pas les "décapitations et les amputations de mains".

"Le front al-Nosra n'a pas déclaré son propre Etat islamique, a conclu des alliances avec les factions de l'opposition à plusieurs reprises et a tenu le dialogue avec les salafistes et autres groupes, contrairement à l'EIIL qui travaille à étendre son contrôle absolu", a-t-il ajouté.

Tout cela a créé l'acrimonie qui se manifeste de plusieurs manières, a-t-il noté, y compris les affrontements dans la région de Qalamoun pour l'influence et le contrôle.

Bloquer les tentatives d'expansion

Les Libanais sont très préoccupés ces jours-ci par les actes terroristes potentiels et l'infiltration des extrémistes dans l'intérieur, a déclaré à Al-Shorfa l'analyste politique Tony Farah.

"De temps en temps, des affrontements et des escarmouches éclatent entre l'EIIL et le FAN d'un côté et l'armée libanaise stationnée le long de la frontière orientale de l'autre, alors que cette dernière travaille pour contrecarrer leurs tentatives d'infiltration au Liban," a-t-il dit.

Les confrontations entre l'EIIL et le FAN, vu que chacun tente d'étendre son influence sur la plus grande surface possible, "rassure en quelque sorte les Libanais", a-t-il théorisé.

En effet, les affrontements "atténuent efficacement la pression sur l'armée sur les fronts et réduisent les chances de succès des tentatives d'infiltration au Liban", a-t-il ajouté.

Cependant, dit Farah, ce sentiment de soulagement est compensé "par la crainte que les deux groupes terroristes auraient développé leurs capacités au point où ils sont en mesure de se livrer à des affrontements violents entre eux et être encore capable de se tourner et combattre d'autres parties, y compris l'armée libanaise".

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