Les efforts libanais visant à arrêter des terroristes présumés pour les traduire en justice ont permis ces dernières années de mettre à jour de nombreuses cellules dormantes affiliées à des groupes comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) et d'empêcher de nombreux attentats, ont affirmé des experts.
Parmi les personnes arrêtées début 2014 se trouvait Naeem Abbas, un expert en explosifs considéré comme responsable de plusieurs attentats à la bombe dans les faubourgs sud de Beyrouth.
« Les enquêtes menées par les agences de sécurité, dont les renseignements militaires, la Direction générale de la sécurité générale (DGSG), la branche du renseignement des Forces de sécurité intérieures (FSI) et d'autres agences, ont prouvé leur efficacité en épargnant au Liban d'importants désastres sécuritaires », a indiqué le juge Mohammed Saab, conseiller auprès du ministre de la Justice.
Les entreprises de télécommunications ont fourni des données qui, combinées au partage d'informations entre les agences locales et internationales, ont mené à la découverte de réseaux terroristes avant qu'ils ne passent à l'attaque, a-t-il expliqué à Al-Shorfa.
Après son arrestation, Abbas a fourni des informations sur un projet d'attentat à la voiture piégée en février 2014, conduite par Jumana Hamid, appréhendé quelques heures seulement avant de passer à l'action, en plus d'autres noms, a indiqué Saab.
Les techniques d'investigation de pointe employées par les agences de sécurité, la coordination entre elles et la consolidation des informations provenant de sources multiples, y compris des données de télécommunications, leur ont permis d'arrêter Abbas et Sheikh Khalid Hablas en avril 2015, a-t-il ajouté.
Hablas avait participé à des affrontements avec l'armée à Tripoli, qui l'avait poursuivi sur la base d'informations concernant ses liens avec le fugitif Osama Mansour, l'un des individus responsables des violences dans cette ville.
Hablas a été arrêté alors que les agences de sécurité traquaient Mansour, a raconté Saab, ajoutant qu'ils « se préparaient tous deux à commettre des actes terroristes, qui ont été contrecarrés ».
Des enquêtes démasquent des agents de l'EIIL
« L'instance permanente du tribunal militaire présidé par le brigadier Khalil Ibrahim fait un excellent travail, examinant soixante crimes terroristes à un rythme de trois jours par semaine, soit vingt crimes terroristes par jour », a indiqué Lina Fakhriddine, une journaliste couvrant les groupes terroristes et les procès des terroristes présumés.
Une fois que les différentes agences de sécurité ont terminé leurs enquêtes, a-t-elle expliqué à Al-Shorfa, elles remettent les détenus au tribunal militaire pour qu'ils y soient jugés.
Des enquêtes sont actuellement en cours sur deux détenus : Abbas, arrêté depuis février 2014, et Ahmed Salim Mikati, un agent capital de l'EIIL dans le nord, emprisonné depuis octobre 2014.
« Les enquêtes ont révélé qu'Abbas avait travaillé avec le Front al-Nosra (FAN) avant de passer à l'EIIL, et qu'il est responsable de la plupart des attentats à la bombe qui ont eu lieu dans le faubourg sud », a ajouté Fakhriddine.
Avant cela, a-t-elle précisé, il était avec les Brigades Abdullah Azzam, groupe lié à al-Qaida, soulignant « qu'il est connu comme étant un expert en explosifs, et qu'il connaît très bien les faubourgs sud de Beyrouth ».
Quant à Mikati, a-t-elle poursuivi, l'enquête et le procès qui s'en est suivi ont révélé « qu'il avait été chargé par l'EIIL de fonder un « État islamique » à Tripoli et dans le nord, pour relier la Syrie aux zones désertiques [frontalières] du Liban par la région d'al-Dinniyeh ».
« Ce rêve s'est effondré avec l'arrestation de Mikati », a indiqué Fakhriddine, notant que sa capture et son procès avaient mené à « la dissolution d'un grand nombre de réseaux terroristes et de cellules dormantes de l'EIIL au Liban ».
Selon Fakhriddine, « les enquêtes sur les terroristes interpellés ont révélé comment l'EIIL recrute des jeunes et la structure de ses réseaux de cellules ».
« Lors de notre suivi des procès, les enquêtes ont révélé que certains des détenus avaient été attirés par l'EIIL avec de l'argent, le groupe ayant communiqué avec eux grâce à l'application cryptée Telegram », a-t-elle expliqué.
Effondrement du réseau de l'EIIL après les arrestations
Chaque fois que le chef d'un réseau est arrêté, d'autres réseaux s'effondrent, et d'autres encore plongent dans le chaos, poussant leurs membres à fuir, à indiqué Fakhriddine.
Cela a été le cas avec un homme connu sous le nom d'Abu Baraa al-Iali, qui recrute des jeunes de Tripoli sur Facebook, et se trouve actuellement dans la ville syrienne d'al-Raqa, a-t-elle indiqué.
« Depuis le début des arrestations de terroristes en 2013, plusieurs 'gros poissons' sont tombés entre les mains des agences de sécurité et des autorités judiciaires », a-t-elle ajouté.
« Du début de l'année jusqu'au 22 juin 2016, 301 crimes terroristes ont été enregistrés, et l'arrestation des personnes impliquées a épargné au Liban de graves menaces sécuritaires », a-t-elle affirmé.
L'analyste politique George Shaheen a décrit ces enquêtes et ces procès comme de la « sécurité préventive » et a loué la coordination entre les agences de sécurité.
« Les enquêtes sur les détenus ont conduit à la dissolution de réseaux et de cellules terroristes, et ont perturbé leurs plans au Liban », a-t-il expliqué à Al-Shorfa.
Des cellules dormantes qui conspiraient en secret se sont effondrées après que certains de leurs éléments eurent été arrêtés et eurent avoué les crimes qu'ils planifiaient, a-t-il indiqué, ajoutant que cela est important pour la sécurité et la stabilité du Liban.