Les efforts libanais en matière de lutte contre le terrorisme ont réussi ces dernières semaines à démanteler des cellules de « l'Etat Islamique en Irak et au Levant » (EIIL), prévenant de futures attaques et empêchant le groupe de sécuriser un accès à la Méditerranée.
Le 2 juin, une unité des forces spéciales de l'armée a pris d'assaut une cellule affiliée à l'EIIL dans la ville de Khirbet Daoud au district d'Akkar, tuant le membre de la cellule Khaled Saadeddin dans un tir de feu et arrêtant ses cousins : Jassem, Samir et Zaher Saadeddin.
Les frères ont des liens de parenté avec l'ancien soldat à l'armée Atef Saadeddin, qui a fait défection au cours des événements d'août 2014 à Arsal et a rejoint le Front al-Nosra (FAN).
Le raid était mené comme opération préventive de lutte contre le terrorisme et sur la base d'efforts antérieurs de surveillance et de suivi, a précisé la direction de l'orientation de l'armée dans un communiqué.
La cellule était « responsable de la mort de trois soldats dans des embuscades qu'elle a perpétré dans les zones d'al-Bireh et Raihania et blessant un sous-officier de la division de renseignement des Forces de la Sécurité Interne (FSI) », a indiqué le communiqué.
« Les membres de la cellule ont tiré le feu sur l'unité chargée du raid, qui a tiré en échange et a pu tué une terroriste et arrêté trois autres », ajoute le communiqué.
L'unité a procédé ensuite à une recherche qui a conduit à une ceinture d'explosifs, un nombre de grenades propulsées à la roquette (GPR) et des mitrailleuses, munition, explosifs, grenades et détonateurs selon l'armée. Elle a aussi trouvé des jumelles, un silencieux, des outils de communication, et différents types d'équipement militaire.
Les membres de la cellule ont reconnu avoir ciblé des véhicules militaires et avoir mené des attaques pendant la période de quatre ans avant leur arrestation, ont rapporté les médias libanais.
Un des détenus, Jassem Saadeddin, a reconnu avoir tué Badr Eid, le frère de feu Ali Eid, MP, dans une embuscade à Akkar.
Efforts pour expulser les cellules de l'EIIL
Trois semaines plus tôt, à Sidon, la division de renseignement avait arrêté une cellule de l'EIIL de cinq membres qui agissait suivant les ordres du leader de l'EIIL Abu Waleed al-Souri à al-Raqqa.
Le 3 juin, la direction générale de la sécurité de l'état à Mont Liban a démantelé une autre cellule de l'EIIL dans la région de Aley après l'avoir placée sous surveillance, arrêtant son leader et tous ses membres.
La division de renseignement de l'armée libanaise a reçu des informations il y a quelque temps sur l'activité terroriste de la cellule de l'EIIL dirigée par Khaled Saadeddin à Akkar, a dit le journaliste Daoud Rammal, spécialisé en affaires de sécurité.
« Le groupe a été mis sous suivi et surveillance continus au moment où les autres groupes terroristes ont été coincés l'un après l'autre », a-t-il dit à Al-Shorfa.
L'armée a confirmée des enquêtes qu'elle avaient menées et des confessions qu'elle avait obtenues d'arrestations antérieures la culpabilité du groupe Saadeddin dans l'attaque contre l'armée et un affrontement violent avec l'unité de la division de renseignement dans un raid dans la région.
Alors que les forces de sécurité resserraient l'étau autour du groupe, ajoute-t-il « ses membres impliqués dans l'extorsion et l'intimidation des résidents dans une démonstration de bravade ».
Des plaintes sur les actes du groupe et autour de Khirbet Daoud étaient reçues en continu par les services de sécurité, poussant l'armée à lancer l'opération.
Empêcher l'expansion de l'EIIL
La cellule de Saadeddin était en train de préparer le terrain pour de futures attaques, a dit Rammal, en rassemblant le matériel utilisé dans la fabrication d'explosifs, préparant des voitures piégées et des ceintures d'explosifs, et a aussi en tentant de recruter des jeunes.
Les confessions préliminaires des trois détenus indiquent que la cellule était chargée « d'une mission très sérieuse » qui comprenait la préparation de l'implantation de l'EIIL au Liban avant de ramener d'autres membres, a-t-il dit.
Une expansion progressive a été planifiée, précise-t-il, avec l'intention de la transformer en base et une plateforme pour se déplacer vers les autres régions, et finalement réaliser l'objectif de sécuriser un accès vers la Mer Méditerranée.
« Les membres de la cellule étaient recherchés par l'état, ainsi, leur élimination constitue une mission de haute importance pour la sécurité car son arrestation coïncide avec des informations secrètes sur des plans à perpétrer trois attaques », a dit le général retraité Nizar Abdel Kader, un expert en affaires stratégiques et sécuritaires.
La découverte de la cellule et autres cellules similaires est un triomphe pour les services de sécurité, dit-il à Al-Shorfa, louant la « coordination entre les services de sécurité et l'échange d'informations ».
« Les agences ont utilisé avec succès les bases de données crées sur la base d'enquêtes sur les terroristes arrêtés, qui ont mené à l'arrestation de ces cellules », précise-t-il.
Concernant la possibilité que d'autres cellules terroristes étaient au nord du Liban, il a dit que l'EIIL et le FAN font plusieurs tentatives pour créer des cellules dans plusieurs parties du pays, et il n'est pas exclu que d'autres cellules aient été crées.
' Pas un incubateur pour le terrorisme '
Une autre raison pour laquelle l'EIIL cherche à créer des cellules au Liban est que la bordure avec la Syrie est perméable, permettant aux groupes tels que l'EIIL et le FAN de traverser et recruter de nouveaux membres, a dit Abdel Kader.
« Les agences de sécurité resteront vigilantes et mèneront des opérations préventives pour appréhender et éliminer les cellules dormantes », ajouta-t-il.
« La région n'est pas un environnement d'incubation pour le terrorisme », a souligné le MP Khaled Daher d'Akkar, notant que la majorité de la population de Khirbet Daoud, y compris les proches des détenus, soutient les forces armées libanaises.
Daher a minimisé la possibilité d'existence de cellules de l'EIIL à Akkar.
« Je croie que leurs supporters sont comptés sur les doigts d'une main », a-t-il dit. « Notre peuple ne soutient pas les tentatives visant à déstabiliser la sécurité. Ils sympathisent seulement avec leurs frères syriens qui sont déplacés de leurs villages et ne sont pas autorisés à y retourner jusqu'à ce que la sécurité y soit établie, en particulier dans la région de Qalamoun ».
« Les leaders politiques Sunnites, Dar Al-Fatwa et le Grand Mufti de Tripoli ainsi que le nord rejettent l'approche terroriste », a-t-il dit.