La guerre qui se prolonge au Yémen a conduit à une grave pénurie des importations de carburant et a entraîné l'émergence d'un marché noir florissant pour les dérivés de pétrole.
Ce marché noir est devenu une source principale de dérivés de pétrole, et il fournit même des emplois à beaucoup de gens ayant perdu le leur à cause de la guerre, ont expliqué des responsables et des économistes à Al-Shorfa.
Le marché noir des dérivés de pétrole a connu un essor après que la Yemen Petroleum Company (YPC) a stoppé ses importations de carburant en février en raison de la guerre et du manque de liquidités, ont-ils expliqué.
« La priorité majeure du gouvernement est de fournir des liquidités pour l'importation de denrées de base, ce que la Banque centrale a réussi à faire dernièrement », a indiqué à Al-Shorfa Abdullah Abdul Wali Noman, vice-ministre de l'Industrie et du Commerce.
Les institutions de l'État, menées par la Banque centrale, travaillent pour rassembler les fonds nécessaires pour permettre à l'entreprise pétrolière de remplir sa mission d'importation de produits pétroliers malgré les difficultés créées par la guerre, a-t-il ajouté.
Le prix des dérivés sur le marché noir va de 4 000 riyals yéménites (16 USD) à 8 000 riyals (32 USD) pour 20 litres, a-t-il précisé, malgré la chute des prix sur le marché mondial.
En février, YPC fournissait des dérivés de pétrole à des prix inférieurs à 2 800 riyals (11 USD) pour 20 litres.
La guerre affecte les importations
La guerre a empêché YPC d'importer des dérivés de pétrole, qui n'a ainsi pas pu obtenir suffisamment de liquidités pour soutenir ses opérations, a expliqué Ali al-Haimi, directeur adjoint des relations publiques d'YPC, à Al-Shorfa.
Permettre aux commerçants d'importer du pétrole « a créé le marché noir, qui contrôle maintenant la [vente de dérivés de pétrole sur le] marché », a-t-il affirmé.
Le marché noir est capable de satisfaire aux besoins en dérivés de pétrole à des prix qui ne sont pas aussi élevés que ceux de l'année dernière, ceux-ci ayant atteint au maximum 30 000 riyals (125 USD) pour 20 litres, a indiqué l'économiste Abdul Jalil Hassan.
L'année dernière, les prix sur le marché noir étaient bien plus élevés car l'importation de produits pétroliers était limitée à une entreprise publique, a expliqué Hassan à Al-Shorfa, ajoutant que le fait de permettre à des commerçants d'importer du pétrole cette année « a soulagé une bonne partie du fardeau pour les citoyens et pour l'État quand on prend en compte la guerre ».
Depuis que YPC a cessé d'importer des produits pétroliers il y a trois mois, les prix sont restés stables pendant un moment sur le marché noir, à 4 000 riyals pour 20 litres, a-t-il assuré.
Cependant, l'augmentation du taux de change du riyal face au dollar et l'incapacité des camions de pétrole d'atteindre Sanaa à cause des conditions de sécurité ont causé une montée des prix, qui atteignent parfois 7 000 et 8 000 riyals pour 20 litres, a-t-il ajouté.
Offre et demande
Les prix des dérivés de pétrole varient en fonction de l'offre et de la demande sur le marché noir, a expliqué Hassan.
« Le pays traverse des circonstances difficiles et extraordinaires, et il devrait faire face à diverses difficultés, en particulier pour ce qui est de l'importation de l'étranger », a-t-il déclaré.
« Malgré les aspects négatifs du marché noir, celui-ci a créé de nombreuses opportunités d'emploi après l'arrêt de l'activité commerciale au début de la guerre en mars 2015 », a-t-il indiqué.
Mohammed Hameed, ouvrier du bâtiment, a déclaré à Al-Shorfa que ses trois frères et lui avaient décidés de vendre des dérivés de pétrole sur le marché noir après qu'ils se soient retrouvés sans emploi pendant près de sept mois.
« Nous étions prêts à accepter n'importe quel travail, tant que cela nous aidait à subvenir aux besoins quotidiens de nos enfants », a-t-il confié.
« Nous avons bénéficié de l'expérience de quelques-uns de nos amis qui avaient travaillé dans le commerce de produits pétroliers en 2011 », a-t-il expliqué, ajoutant que ses frères et lui obtenaient leur approvisionnement en pétrole de la province de Thammar et de la ville de Radaa, dans la province voisine d'al-Bayda.
L'incapacité des camions pétroliers à livrer du pétrole depuis le passage frontalier d'al-Wadia avec l'Arabie Saoudite à travers la province de Marib a causé la flambée des prix après qu'ils se soient stabilisés à 4 000 riyals pendant un certain temps, a indiqué Hameed.
Cette soudaine montée des prix a cependant eu un impact sur son commerce, a-t-il ajouté.