Politique

Le Yémen agit pour récupérer des artefacts volés

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Une photo prise le 24 février 2018 montre la branche de Zabid de l’Organisation yéménite générale pour la préservation des villes historiques. L’ancienne ville de Zabid, dans la province d’al-Hodeidah, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. [Abdo Hyder/AFP]

Une photo prise le 24 février 2018 montre la branche de Zabid de l’Organisation yéménite générale pour la préservation des villes historiques. L’ancienne ville de Zabid, dans la province d’al-Hodeidah, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. [Abdo Hyder/AFP]

Le gouvernement yéménite travaille pour récupérer les antiquités volées qui ont été exportées illégalement du pays par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l’Iran, et pour empêcher qu’elles ne soient vendues sur les marchés internationaux, ont déclaré des responsables.

Le ministère de la Culture a contacté les pays où des antiquités yéménites volées sont vendues et commercialisées, dans l’espoir de conclure des accords avec ces pays, a indiqué le ministre de la Culture Marwan Damaj.

Les antiquités yéménites ont été « déterrées, pillées et vandalisées par les Houthis », a-t-il déclaré à Al-Mashareq, accusant la milice de détruire des sites anciens pour « oblitérer le patrimoine culturel diversifié du Yémen ».

Il a accusé les Houthis de faire sortir illégalement du Yémen des artefacts et des manuscrits archéologiques pour les vendre dans des pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France.

Il a également souligné la nécessité de conclure des accords « avec les pays qui sont les principaux marchés pour la vente d’antiquités yéménites, afin d’interdire leur vente et de les récupérer ».

À la recherche d’accords bilatéraux

Damaj et Simon Smart, chef adjoint de la mission diplomatique britannique au Yémen, se sont rencontrés le 16 juillet pour discuter des moyens d’empêcher le trafic d’antiquités yéménites en Grande-Bretagne.

Ils ont exploré la possibilité de mettre en place un accord formel entre les deux gouvernements visant à interdire la vente, le commerce et le transport d’antiquités yéménites en Grande-Bretagne, ont rapporté les médias locaux.

Ils ont également discuté de la réhabilitation de plusieurs musées et de la formation du personnel yéménite dans ce domaine, qui sera mise en œuvre par le British Council.

Le Yémen et les États-Unis ont précédemment signé un accord visant à interdire l’importation d’artefacts yéménites volés, qui est entré en vigueur le 5 février.

Dans le cadre de cet accord, les autorités américaines imposent des restrictions d’urgence pour empêcher l’entrée d’antiquités yéménites pendant une période de cinq ans, jusqu’en septembre 2024.

« Le coup d‘État des Houthis a eu des conséquences catastrophiques dans tous les secteurs », a rapporté Damaj, indiquant que les Houthis « ont délibérément détruit des sites archéologiques en les utilisant comme sites militaires, ce qui fait qu’ils ont été pris pour cible ».

Les Houthis responsables

« Agissant en tant qu’autorité de facto, les Houthis ont volé des antiquités et des manuscrits », a déclaré à Al-Mashareq le vice-ministre de la Culture Abdoul Hadi al-Azazi.

Comme de nombreux artefacts et sites archéologiques du Yémen sont situés à Sanaa et dans les provinces du nord sous le contrôle de la milice, les Houthis « sont responsables de leur protection », a-t-il affirmé.

Mais les Houthis ont traité les sites archéologiques « comme des voleurs », et certains musées ont été cambriolés et pillés, vandalisés et détruits, a-t-il ajouté.

Certains sites archéologiques et musées ont servi de zones de préparation pour des opérations militaires, et ont été endommagés en conséquence, a ajouté al-Azazi.

Grâce aux efforts du ministère de la Culture, a-t-il poursuivi, le contenu des musées est enregistré, et les antiquités yéménites sont protégées par des accords internationaux qui interdisent leur vente.

Communiquer avec les agences internationales pour empêcher la vente d’antiquités donnera des résultats, a-t-il indiqué, car il sera plus difficile pour les pilleurs de vendre des antiquités sur les marchés internationaux.

Destruction de l’histoire du Yémen

« Lorsque Taez a été libérée des Houthis, ils ont volé des artefacts très précieux et ont traité le musée comme une cible militaire », a déclaré Abdoul-Khaleq Saif, directeur du Musée national de la province de Taez.

Il a accusé la milice de détruire délibérément l’histoire du Yémen.

Les forces de sécurité ont réussi à récupérer 70 % des collections du Musée national de Taez, et des discussions sont en cours pour récupérer le reste, a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.

Il a salué les efforts du ministère de la Culture en faveur de la signature d’accords bilatéraux visant à interdire le commerce et la vente d’antiquités yéménites sur les marchés d'autres pays.

Outre les Houthis, des groupes extrémistes comme « l’État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) et al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et d’autres radicaux religieux ont participé au pillage et à la destruction des antiquités du Yémen.

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