Politique

Yémen : Marib, symbole de l'unité arabe

Par Mohammed Samir à Manama

Des membres de tribus yéménites membres des Comités de résistance populaire, fidèles au président Abdrabbo Mansour Hadi, veillent sur le barrage de Marib lors des affrontements en cours avec les Houthis, le 28 septembre 2015. [Abdoullah Hassan/AFP]

Des membres de tribus yéménites membres des Comités de résistance populaire, fidèles au président Abdrabbo Mansour Hadi, veillent sur le barrage de Marib lors des affrontements en cours avec les Houthis, le 28 septembre 2015. [Abdoullah Hassan/AFP]

La ville de Marib, dans le centre du Yémen, avec son histoire riche et son barrage moderne qui fournit de l'eau et de l'électricité à une grande partie du pays, est une zone d'importance stratégique et symbolique.

Marib sert de clé de voûte symbolique pour le monde arabe, car c'est le lieu de naissance de nombreuses tribus arabes, et en raison de son barrage ancien, vieux de 4 000 ans et maintenant en ruine, qui est l'une des merveilles de l'ingénierie antique.

Parmi les tribus qui peuvent faire remonter leurs origines à Marib se trouve al-Nahyan, le clan de feu Cheikh Zayed Ben Sultan al-Nahyan, ancien président et fondateur des Émirats arabes unis.

« La région de Marib revêt une importance historique pour les EAU, car selon des documents historiques, la tribu al-Nahyan est originaire de Marib », a indiqué à Al-Mashareq le chercheur en affaires politiques Khalid al-Qasimi.

Lieu de naissance des tribus arabes

« Marib est le lieu d'origine de toutes les tribus arabes », a expliqué al-Qasimi, notant que de nombreuses tribus de la péninsule arabique peuvent faire remonter leur généalogie à cette région.

Cela est « le mieux confirmé par les documents historiques sur l'ancien barrage de Marib » et la zone du temple d'Awwam, aussi appelé Mahram Bilqis, a-t-il ajouté.

Lorsque l'ancien barrage de Marib, aussi appelé barrage d'Arim, s'est effondré pour la dernière fois aux alentours de 100 av. J.-C., la défaillance du système d'irrigation environnant poussa de nombreuses tribus, parmi lesquelles al-Nahyan, à partir vers d'autres régions de la péninsule.

Marib revêtait une signification particulière pour Cheikh Zayed, car c'était sa ville d'origine ancestrale. En 1984, il ordonna la reconstruction du barrage, et finança lui-même ce projet de 100 millions de dollars, se rendant au Yémen pour l'inaugurer en décembre 1986.

Cette initiative fut globalement considérée comme un signe de la solidarité arabe.

Cheikh Zayed déclara à l'époque qu'il se sentait « tenu par le devoir » de financer ce projet, « parce qu'un pays arabe qui progresse et se renforce doit être considéré comme un grand soutien pour les autres nations arabes ».

L'ancien barrage avait été vital au passé du Yémen, a-t-il noté, et de la même manière le nouveau barrage a été vital pour son futur développement.

L'importance économique de Marib

En plus de sa longue histoire et de ses ressources en eau et en énergie, Marib est d'une grande importance économique pour le Yémen grâce à son pétrole, son gaz et ses ressources naturelles, a expliqué al-Qasimi.

« Si ces ressources sont bien exploitées, elles peuvent faire du Yémen l'un des pays les plus riches », a-t-il poursuivi.

L'intervention de la coalition arabe au Yémen, baptisée « Opération Tempête décisive », « a pour but de rétablir le statut historique, économique et politique du Yémen, et de garantir que les citoyens yéménites profitent des ressources de leur [pays] », a-t-il déclaré.

Al-Qasimi a accusé les Houthis (Ansarallah), soutenus par l'Iran, de dilapider ces ressources « pour atteindre des buts coloniaux » en tant qu'intermédiaire du régime iranien.

Les forces yéménites et de la coalition arabe ont globalement réussi à chasser les Houthis de la province de Marib en avril 2015, mais celle-ci accueille désormais des milliers de déplacés internes originaires d'autres parties du pays.

Pendant l'actuel conflit, les Houthis ont brûlé, vandalisé et pillé des musées à Taez et Aden, a-t-il rapporté, « et des antiquités et des artefacts ont été sortis du pays illégalement pour financer les opérations terroristes des Houthis ».

Al-Qasimi a appelé à la restitution des antiquités yéménites disparues ou exportées et vendues clandestinement, afin de préserver la grande histoire du Yémen, qui est importante pour la région et pour l'humanité.

« Le berceau des civilisations »

Saleh al-Hamidi, ministre yéménite adjoint de l'Information, a décrit Marib comme « le berceau des civilisations, non seulement pour le Yémen, mais pour le monde entier ».

« Le barrage de Marib est vital pour la province, et c'est un monument historique et archéologique chargé d'histoire », a-t-il affirmé à Al-Mashareq. « Il est d'une grande importance et est directement lié aux vies des habitants. »

De la même façon que Marib avait une signification spéciale pour Cheikh Zayed, « ses fils suivent maintenant les traces de leur père et continuent de prêter attention au Yémen », a déclaré al-Hamidi.

Cela est prouvé par les « liens proches entre les cheikhs des EAU et du Yémen, et de Marib en particulier », a-t-il ajouté.

« Les racines de cheikh Zayed remontent à Marib et à la noble tribu al-Nahyan », a-t-il indiqué, ainsi « le Yémen est en essence la première maison des Arabes, de laquelle des migrations sont parties vers différentes régions du monde arabe ».

Cette vague de migrations s'est déroulée par suite de l'effondrement de l'ancien barrage de Marib, a-t-il fait savoir.

Liens forts avec les tribus yéménites

Cheikh Zayed s'est régulièrement rendu à Marib pour s'entretenir avec des chefs de tribus au Yémen, et est connu pour la fierté qu'il affiche de son héritage yéménite, a rapporté al-Hamidi, ajoutant que ces bonnes relations se poursuivent à ce jour.

Alors que Marib a une histoire riche et une abondance de ressources naturelles, les Houthis et les groupes extrémistes comme al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) continuent de menacer la paix et la prospérité de la région.

Ils représentent une menace « pour la vie et pour les antiquités et les sites touristiques », a déclaré al-Hamidi. « Ces gens n'ont aucun respect pour les civilisations ou les antiquités, et n'accordent de valeur qu'à leur propre passé dynastique sacerdotal. »

« Le Yémen a perdu une large portion de ses antiquités dans le pillage des musées et des sites archéologiques, et dans la destruction de ces sites dans les guerres en cours », a-t-il déploré.

D'anciens sites archéologiques ont été utilisés comme bastions et casernes, et ont été pris pour cible par des tirs d'artillerie à plusieurs reprises, a-t-il ajouté.

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